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Placez le livre sur un piédestal

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Khalid Barkaoui
Mettre quelqu’un ou quelque chose sur un piédestal est une expression française qui veut dire idéaliser, valoriser, vénérer et encenser. J’appelle donc du coup à une valorisation extrême du livre et pour cause, le monde célèbre aujourd’hui et annuellement, ce 23 avril, la journée internationale du livre et des droits d’auteur. Cette journée mémorable a été promulguée par l’UNESCO en 1995.
En commémorant en grande pompe cette journée mondiale, cette organisation de l’UNESCO s’emploie à promouvoir l’acte de lire, à favoriser le plaisir de lire, à appuyer l’industrie éditoriale et à protéger les droits d’auteur à travers la protection de la propriété intellectuelle.
Le choix de la date n’est pas fortuit. Ce choix est judicieux et en dit long sur le décès d’une pléiade d’auteurs et grands écrivains à la renommée internationale comme Cervantès, William Shakespeare et Garcilaso De La Velga auteur espagnol. Ce décès est survenu un 23 avril.
A travers la ressuscitation de ces grands ténors de la littérature mondiale, l’Unesco tâche de rendre aussi un vibrant hommage aux hommes de lettres qui continuent à produire et à publier en bravant les embûches. Ce 23 avril est aussi une occasion propice pour établir le bilan de la lecture au Maroc.
Dans ce cadre, je peux avancer que la situation de la lecture au Maroc est préoccupante et le plaisir de lire est en déclin. Nos familles respectives ne disposent pas de bibliothèques à domicile, n’investissent pas dans l’univers de la culture et des arts, ne lisent pas des histoires aux enfants, n’ont pas de livres de chevet. La quasi-totalité des parents avancent l’alibi de la cherté du livre. L’école est devenue un espace d’enseignement des disciplines, de mémorisation des cours pour obtenir de bonnes notes sans perspective de recherche et de lecture de livres. Les statistiques avancent le chiffre de 65% de nos espaces pédagogiques qui ne disposent pas de l’ombre d’une bibliothèque. Les élèves qui prennent part au concours du défi de la lecture arabe ou le concours du projet de la lecture nationale doivent se débrouiller et chercher les livres ailleurs ou les emprunter auprès de leurs professeurs. Les clubs de la lecture se font rares et la nouvelle génération est obnubilée par la technologie et les réseaux sociaux. Les acteurs sociaux ont d’autres chats à fouetter et le livre ne figure pas au top de leurs priorités. Les mass médias accordent peu de temps au livre et aux dernières publications. Les écrivains, les éditeurs et les bibliothécaires ne sont pas les icônes et les symboles des jeunes.
Il est d’autant plus vrai que la nouvelle génération n’a plus la patience de feuilleter un livre renfermant beaucoup de pages et elle est incapable de se concentrer et de mieux suivre les informations pendant des heures. Leurs idoles sont des influenceurs de Youtube, Facebook ou Tiktok…Nos écrivains sont appelés à écrire des textes courts avec à la clé des phrases très réduites. En un mot, les phrases à la Proust, les griefs de Victor Hugo, les longues descriptions à la Zola et autres sont à bannir et à revoir. Il faut réinventer l’art d’écrire et l’orienter vers la concision pour drainer un lectorat qui fait défaut.
La promotion de la lecture doit devenir un sport national et une priorité annuelle. Chacun doit assumer sa responsabilité et chacun doit encourager les bambins et les jeunes à accorder un vif intérêt à la lecture quotidienne et régulière. Faisons en sorte que le livre devient un objet fétiche, un objet de plaisir et pas une obligation ou une contrainte. Tâchez d’offrir des livres et renouons passionnément avec la culture de la lecture.
Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane.

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