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Sémantique et pragmatique linguistiques appliquées à des faits du quotidien

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Tayeb Zaid


(Suite et fin)
Le second point concerne la lecture/compréhension. Nos professeurs nous demandaient de procéder à une lecture silencieuse, une lecture des yeux qui était toujours suivie de questions de vérification de la compréhension. Ils nous demandaient de lire entre les lignes. Pour eux, c’était là où se cachait le sens. Or, entre les lignes il n’y a que le blanc de la feuille, donc rien qui puisse être lu puisque on lit ce qu’on voit, ce qui est écrit, ce qui est dit avec les mots de la langue et qu’on peut suivre avec l’index et le regard. Je ne comprenais donc pas ce que mes maîtres voulaient que je lise et que je ne voyais pas, qu’eux seuls pouvaient sans doute voir. S’ils le voyaient, pourquoi ils ne me le montraient pas ? Etaient-ils sadiques ? Non, ils étaient comme ça car la chose était plus intuitive que raisonnée. Ainsi ils l’avaient reçue, ainsi ils nous la transmettaient.

Je comprends à présent leur intention quand ils nous disaient de lire entre les lignes.

Enchaînons avec ce que j’ai dit dans un autre article à propos d’un imam qui a introduit dans le prêche du vendredi le cas d’un professeur d’anglais dont il a dit qu’il portait un pantalon déchiré aux genoux et se rasait les sourcils. Exemple que j’ai mal encaissé car il s’accorde mal avec le lieu, le moment, l’auditoire et le sujet du prêche. Je considère que le vulgaire souille le noble, qu’une petite goutte d’un liquide noir macule une grande surface blanche. J’ai rapporté le fait dans l’un de mes écrits, tel qu’il a été dit par son auteur, de la manière la plus fidèle, ce qui a soulevé l’indignation d’un soi-disant professeur à pseudonyme douteux qui m’a reproché de m’être intéressé à un fait isolé au lieu d’énumérer les nombreux points positifs cités par l’imam en question. Je voudrais bien éclairer le monsieur en question, si toutefois il porte barbe et moustaches et un peu de jugeote dans le crâne qui les supporte, que dans mon article il y avait ce que j’ai posé et proposé à la discussion, et ce qui laisse présupposer ou sous-entendre et qui n’a pas été dit. Les linguistes donnent un exemple devenu basique que je vais citer et qui consiste à faire valoir que lorsque on nie le posé ou qu’on l’ignore, on met terme à la discussion ou on la dévie.

 

Exemple 1 :

-Locuteur : « Driss a cessé de fumer » c’est le ‘’POSE’’, c’est ce qui est dit avec les mots de la langue. C’est le DIT.

Cela présuppose que Driss fumait. C’est le PRESUPPOSE, ce qui n’est pas formulé avec les mots de la langue, ce qui est sous-entendu, non-dit. C’est le DIRE

-Interlocuteur : ‘’Driss n’a jamais fumé’’.

L’interlocuteur nie le POSE, il met terme à la discussion.

 

Exemple 2 : application au fait.

-Moi/locuteur : ‘’L’imam a dit dans son prêche qu’un professeur d’anglais portait un pantalon déchiré aux genoux et se rasait les sourcils.’’ C’est le ‘’POSE’’, c’est qui est soumis à la discussion : le DIT

Cela présuppose que beaucoup de BONNES choses ont été dites dans le prêche mais que je n’ai pas relevées : c’est le PRESUPPOSE : le DIRE.

-Le pseudo-professeur/interlocuteur : L’imam a évoqué dans son prêche beaucoup d’autres points positifs que tu aurais dû en parler.

L’interlocuteur dévie la discussion en l’orientant vers le PRESUPPOSE au lieu de la maintenir dans le POSE. C’est le Posé qui est le sujet du débat et non le PRESUPPOSE. L’interlocuteur tue la discussion.

 

Par ce petit texte, j’ai voulu attirer l’attention de mes lecteurs sur un fait que j’ai rencontré dans ma scolarité et que j’ai essayé d’éclairer à la lumière des sciences du langage et en particulier à la sémantique et à la pragmatique.

 

Tayeb Zaid

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