L’arabe au Maroc dans les établissements scolaires étrangers
Mustapha HMIMOU
La présence d’établissements scolaires étrangers au Maroc est plutôt une aubaine et une source de satisfaction indéniable. Elle contribue à valoriser son capital humain, la véritable richesse du pays. Grâce à l’engagement de familles capables d’en assumer les frais, ces établissements viennent enrichir le paysage éducatif national, aux côtés de l’école publique et de l’enseignement privé marocain, avec l’espoir de voir naître entre eux une saine compétition axée sur la qualité du service.
Cependant, ce qui interpelle, c’est la place limitée accordée à l’enseignement de la langue arabe dans ces établissements, souvent réduite à trois ou quatre heures par semaine au primaire, alors que l’école publique et privée nationale lui consacrent jusqu’à 11 heures dans les deux premières années, puis 6 heures pour les autres niveaux.
Ce constat ne procède nullement d’un quelconque chauvinisme, car l’arabe, par sa force intrinsèque, a traversé les siècles sans perdre de sa vitalité ni prendre la moindre ride. Contrairement à d’autres langues classiques telles que le grec ancien ou le latin, l’arabe demeure une langue vivante et dynamique. Tous ses textes, écrits il y a au moins quatorze siècle, demeurent parfaitement accessibles et compréhensibles, comme s’ils avaient été rédigés aujourd’hui même. A titre d’exemple, les textes français anciens, surtout avant le XVIIe siècle, sont souvent difficiles à lire aujourd’hui à cause de leur vocabulaire, orthographe et syntaxe anciens. Restant donc jeune, vivante et rayonnante, la langue arabe n’a donc pas besoin d’être défendue.
Ce qui inquiète, c’est de négliger peut être qu’au Maroc, l’arabe est un véritable levier social pour les générations à venir, un pilier essentiel du développement du pays, ainsi qu’un élément central qui forge le sentiment d’appartenance du citoyen à sa communauté et à la culture nationale.
Il convient également de souligner que la langue arabe, grâce à son système d’écriture spécifique et à une lecture pratiquée sans voyelles courtes, offre aux apprenants dès le jeune âge un entraînement cognitif remarquable. Ce type de lecture mobilise intensément la mémoire, l’attention au contexte et la capacité d’anticipation, tout en développant une pensée analytique et une aptitude à gérer l’ambiguïté. Ces compétences, particulièrement précieuses, trouvent des prolongements dans d’autres domaines d’apprentissage comme les mathématiques, la physique ou les sciences.
Aussi important que tout cela, les élèves et étudiants issus des écoles étrangères, du fait de leur moindre maîtrise de l’arabe, risquent de se voir exclus de servir dans les secteurs stratégiques tels que l’administration publique, l’enseignement, la justice, la diplomatie, la santé, et même la vie politique au sein des diverses instances élues, où l’arabe reste la langue de travail principale. Ce n’est pas seulement une perte pour ces lauréats, privés d’opportunités de travail dans le service public, mais aussi pour le pays, qui se prive de compétences précieuses susceptibles de renforce et d’enrichir la gestion des affaires publiques, tant en efficience qu’en efficacité.
Ainsi, ces diplômés désireux de faire carrières dans la sphère publique se retrouvent contraints de s’orienter vers le secteur privé, les multinationales ou le monde des affaires, même lorsque leur vocation première est de servir l’intérêt public. Cette barrière linguistique constitue alors un frein réel à leur vraie ambition..
D’ailleurs, la langue de tout pays n’est pas un simple outil de communication, mais le lien vivant qui unit le peuple à son histoire, à son système de valeurs ancestral, à sa culture et à son identité. Au Maroc la langue arabe connecte aussi le pays et ses citoyens à leur vaste et riche espace arabo-musulman, où, malgré les variations dialectales, la langue arabe classique reste un vecteur commun d’échange. Grâce aux médias audiovisuels nationaux et panarabes, même les personnes analphabètes comprennent l’actualité et les documentaires diffusés dans cette langue. Par ailleurs, l’arabe occupe aussi sa place légitime parmi les langues reconnues dans les diverses instances internationales
Tout cela pour dire que négliger l’enseignement de la langue arabe dans les écoles étrangères au Maroc, c’est y priver les élèves marocains de ses bénéfices éducatifs, intellectuels et culturels, alors que l’arabe développe la pensée logique, l’analyse critique, l’expression orale et écrite, tout en renforçant l’ancrage identitaire.
Le véritable défi consiste donc à trouver un équilibre entre les langues étrangères et la langue nationale, pour permettre à la jeunesse marocaine d’être compétente, ouverte au monde, sans perdre le contact avec ses racines. C’est pourquoi les établissements à programmes étrangers doivent s’engager sérieusement dans l’enseignement de l’arabe, voire rivaliser dans ce précieux domaine avec les écoles publiques et prée marocaines.
Le Maroc, assez bien riche de sa diversité linguistique et culturelle, ne doit pas voir cette chance devenir une source d’exclusion, mais plutôt un moteur d’inclusion et d’enrichissement.





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