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PERSONA NON GRATA

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Il existe dans ce monde une catégorie de personnes que je n’apprécie guère. Le lecteur averti a certainement compris que l’emploi ici du verbe « apprécier » à la forme négative est un euphémisme qui permet d’éviter l’utilisation de termes  dépréciatifs et choquants comme « détester, mépriser… ».

J’ai sciemment évité ces mots parce que j’estime que dans le cœur d’un bon musulman et d’un vrai croyant, il ne doit pas y avoir de place pour la haine ni pour le mépris à l’égard de ses semblables.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire et pour éviter tout malentendu et toute polémique, à travers cet écrit, je ne vise personne  en particulier, je ne jette la pierre à personne et je ne cherche à dévaloriser ni à dénigrer personne.

Mon intention consiste en fait à analyser et à apporter un certain éclairage à un cas social, voire pathologique et à inciter tout un chacun, à commencer par moi-même, à procéder à son examen de conscience, à se remettre en question, à faire son introspection et son mea- culpa et partant de là, à s’auto-évaluer et à s’auto-corriger.
Quel  est donc cet individu qui me rebute personnellement et qui exaspère un grand nombre de gens ?
Cette persona non grata n’est autre que le « monsieur je sais tout ».
  

Le « monsieur je sais tout » se considère comme étant supérieur aux autres ; il estime qu’il est le meilleur ; il a tout lu, il a tout vu, il a tout fait et surtout tout réussi partout où il est passé. Ce surhomme ne rate pas une occasion d’étaler ses connaissances et de mettre en exergue ses talents et ses performances.

Le « monsieur je sais tout » a vraiment le sentiment d’être quelqu’un d’exceptionnel qui mérite une attention, une reconnaissance particulières. C’est une personne très imbue d’elle- même.

Le « monsieur je sais tout » se mêle systématiquement des conversations des autres, veut toujours avoir le dernier mot, monopolise la parole, n’écoute personne.

Le « monsieur je sais tout » affirme  tout le temps avoir raison et s’empresse de donner son avis à la moindre occasion. Il ne peut s’empêcher de parler plus fort que les autres et de se lancer dans des débats animés pour épater la galerie. Pourtant, les théories qu’il énonce sur un ton péremptoire s’avèrent souvent peu fiables, peu crédibles et guère convaincantes.

Cette attitude traduit le besoin de susciter à tout prix l’admiration des autres. Toutefois, derrière la façade, se dissimulent beaucoup de complexes et de doutes.

Selon les psychologues, cette quête éperdue de reconnaissance masque une faille narcissique. Derrière « monsieur je sais tout » se cache parfois un « phobique social », un grand timide extraverti qui compense sa peur par une « logorrhée anxiolytique ».

Toujours d’après les spécialistes, la personne qui prétend tout savoir et qui a réponse à tout, éprouve le besoin perpétuel de se rassurer sur sa propre valeur. Elle accorde une importance cruciale à l’effet que produisent ses propos sur autrui, persuadée qu’afficher la moindre lacune lui serait fatal, que toute erreur la discréditerait.
En effet, se tromper constitue pour elle la pire des humiliations. Elle essaie toujours d’avoir le dernier mot pour gagner la partie et ne pas perdre la face.

Contrairement au « monsieur je sais tout » qui fait tout pour s’exhiber, le bon et le vrai savant est celui qui délaisse le regard des hommes pour s’occuper uniquement de celui du créateur et qui change l’habit de la vantardise, de l’ostentation, de l’orgueil et de la fierté, pour celui de la modestie, de l’humilité, de la piété et de l’agrément divin.

Le savant digne de ce nom est celui dont la connaissance se confond avec la foi, celui dont la science rime avec conscience, celui dont le savoir se conjugue avec savoir-être et savoir-faire.

Le savant pieux et clairvoyant  est celui qui ne prétend en aucun cas, ni d’aucune manière tout savoir, qui est fermement convaincu que Dieu seul détient le savoir et qui ne s’arroge pas le droit de rivaliser avec Dieu en s’appropriant l’un de ses attributs sublimes à savoir L’OMNISCIENT.

L’être humain ignore-t-il ou feint-il d’ignorer ces versets coraniques ?
« Et Allah vous a fait sortir des ventres de vos mères, dénués de tout savoir et vous a donné l’ouïe, les yeux et les cœurs (l’intelligence), afin que vous soyez reconnaissants » (Sourate An’Naahl / Verset 78).
« Et on ne vous a donné que peu de connaissance » (Sourate Al’Israe / V. 85).
« Et au-dessus de tout homme détenant la science, il y a un savant plus docte que lui » (Sourate Youssef / Verset 76).
« Et dis : Seigneur ! Donne-moi encore plus de savoir » (Sourate Taha /V. 114).

  Même les Anges reconnaissent leur ignorance par rapport à l’omniscience de Dieu : « Ils dirent : Gloire et Pureté à Toi ! Nous ne savons rien en dehors de ce que Tu nous as enseigné. Car Tu es L’Omniscient, Le Sage» (S. Al Baqara / V.32).

L’homme ne doit pas s’enorgueillir de son savoir et doit toujours faire preuve de modestie et d’humilité. En outre, il n’y a aucun bien à attendre d’un savoir qui ne se reflète pas dans le caractère et le comportement de celui qui détient la connaissance, ni de paroles que les actions ne confirment pas.
« Ô vous qui avez cru ! Pourquoi dites vous ce que vous ne faites pas ? C’est une grande abomination auprès d’Allah que de dire ce que vous ne faites pas » (Sourate As’Sâf / Versets 2-3).

On trouve également de nombreux Hadiths du Prophète (PBSL) qui incitent le croyant à acquérir le savoir et à l’enseigner aux autres. En voici quelques uns.
« Acquérez le savoir et enseignez-le  aux  gens ».
« Recherchez donc la science, car elle est la voie qui vous mène vers Allah, et la recherche de la science est une obligation pour tout musulman ».
« Quiconque garde pour lui un savoir qu’il a acquis, sera bridé avec un mors de feu le jour du jugement ».
« Quiconque apprend pour Allah et enseigne pour Allah, sera inscrit comme un grand homme dans le MALAKOUT des cieux ».
Le savant authentique est celui qui met sa science à la portée et au service de tout le monde, sans rien attendre en contrepartie, sans fatuité et sans arrogance.
Etre grand, c’est d’abord savoir se faire petit. Le grand philosophe grec Socrate ne cessait de répéter à ses disciples : « Je sais que je ne sais rien ».
La sagesse de Socrate est celle de celui qui sait qu’il ne sait pas et qui fait savoir à ceux qui se croient sages qu’ils ne savent pas non plus.
Il est vrai que Socrate affirmait ne rien savoir ; cependant, il consacrait tout son temps à l’enseignement.
La pire ignorance, c’est de s’imaginer savoir ce qu’on ne sait pas et d’enseigner aux gens des faussetés et des contre vérités.
C’est ce que reflète parfaitement ce Hadith du Prophète Mohammed (que la prière d’Allah et son salut soient sur lui) :
« Certes, Allah ne fera pas disparaître la science en l’enlevant des cœurs de ses serviteurs, mais il la fera disparaître par la mort des savants. Lorsqu’il ne restera plus de savants, les gens prendront des ignorants comme dirigeants et les questionneront. Alors, ces derniers vont répondre sans aucun savoir, vont s’égarer et vont égarer » (rapporté par Boukhari et Mouslim).
D’où le verset coranique dans lequel Allah dit : « Peut-on mettre sur le même pied d’égalité ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? » (S.Az-Zûmur / V.9).
L’enseignant d’aujourd’hui, à l’instar du savant, ne doit jamais mentir à ses élèves ni leur donner des réponses erronées. Il doit avoir le courage d’avouer qu’il ne sait pas et ses étudiants sauront sans aucun doute apprécier sa sincérité et son honnêteté.

L’enseignant d’aujourd’hui doit toujours se remettre en question, se recycler et ne plus se considérer comme le « Monsieur qui sait tout ».
L’ère des leçons ex-cathedra est bel et bien révolue. Le professeur ne doit plus être, devant ses élèves, le dispensateur olympien qui laisse tomber, sûr de lui-même la vérité.
Le professeur, comme tout homme qui se respecte et qui connaît ses limites, aura des hésitations, des doutes.
L’enseignant, désormais, quels que soient ses diplômes, sa formation et sa culture, n’est plus celui qui sait et qui inculque un savoir ; mais il est celui qui cherche et qui apprend avec ses étudiants ; son rôle devrait se limiter à faciliter l’apprentissage de ses élèves.
Enseignants et enseignés sont désormais dans le même bain, du même côté de la barrière.
Seigneur ! Mets dans mon cœur de la lumière, dans ma langue de la lumière, dans mon ouïe de la lumière, dans ma vue de la lumière, au-dessus de moi de la lumière, au- dessous de moi de la lumière, à ma droite de la lumière, à ma gauche de la lumière, devant moi de la lumière, derrière moi de la lumière. Mets dans mon âme de la lumière et fais de moi une lumière ! AMEN !

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