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Les revendications des citoyens aux activités de misère

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J’ai lu quelques articles sur les prestations du premier ministre M. Benkirane et son gouvernement.  J’ai été attentif aux doléances de certains auteurs dont quelques uns ont manifesté le désir de juger le gouvernement- qu’ils qualifient plaisamment de gouvernement de ‘’barbus’’- sur les 100 premiers jours passés au pouvoir. D’autres ont fouiné dans les archives de la campagne électorale à la recherche de promesses du candidat au parlement devenu premier ministre, dans le dessein d’y quêter quelque contradiction ou mensonge. D’autres encore ont voulu dicter au premier ministre leurs volontés en écrivant ‘’ ce que nous voulons de M. Benkirane’’.

Je crois, quant à moi, que le temps est venu de vouloir du gouvernement des barbus ce que les citoyens n’ont pas osé vouloir des gouvernements des ‘’joues lisses’’ -toujours dans le cadre des échanges courtois des plaisanteries- qui se sont relayés sur le pays, depuis l’indépendance à nos jours. Si le gouvernement de M. Benkirane a un programme, un carnet de route ou, comme disent certains de ses ministres, un cahier de charge, les citoyens, eux aussi ont leurs problèmes qu’ils soumettent au gouvernement pour qu’il leur trouve des solutions. C’est pourquoi, j’ai dit un peu plus haut que ce que les citoyens n’ont pas pu obtenir des gouvernements des ‘’joues pelées’’, ils cherchent à l’obtenir de ce gouvernement, ou descendre dans la rue en des hordes sinistres et malsaines pour huer et aboyer, ou crier haut et fort ‘’retenez-moi ou je fais un malheur’’, ou encore et surtout menacer de s’immoler en des torches humaines sur des places publiques. Ceci n’était pas d’usage au temps des gouvernements des ‘’joues imberbes’’ où régnait la froide indifférence des responsables politiques et où les citoyens allaient à la matraque du makhzen comme l’âne au bâton de l’ânier.

Aussi convient-il de formuler sans ambigüité les doléances des citoyens au gouvernement actuel et que les auteurs des articles dont j’ai parlé ici haut n’avaient pas eu assez de culot pour les dire sans équivoque.

Pour commencer, les charretiers, il faut le dire, veulent suivre la tendance, et c’est un droit d’être branché, en renvoyant le baudet et la charrette qui appartiennent à une époque révolue aux oubliettes et acquérir aux frais de l’INDH des triporteurs comme leurs homologues les Bengalis. Les marchands à la sauvette, dits ‘’ferracha’’ dans la langue de chez-nous, hésitent encore entre la volonté de demander une boutique à devanture en aluminium et à rideau électrique  avec une enseigne lumineuse ou à opter pour l’autorisation d’exercer dans la légalité le métier de ‘’ferrach’’ agréé sans que les boutiquiers à qui ils barrent la voie au gagne-pain leur cherchent noise. Quant aux dealers, à les entendre rouspéter dans leur langue, ils en ont assez d’écouler leur marchandise sous le manteau alors que leurs homologues les vendeurs à la criée de cigarettes au détail courent par les rues de la ville ou font le café à café tout en criant ‘’casa ! lympique ! marquise ! touria !*!’’. Cependant, eux, misérables qu’ils sont, sont constamment sur leurs gardes et cela les traumatise. A l’instar des vendeurs de cigarettes au détail, ils veulent, eux aussi, crier sans avoir à se cacher ou à prendre la fuite à la vue de l’agent d’autorité, par les trottoirs, par les rues et sur les places publiques, les noms des produits à sniffer, à injecter, à fumer ou à ingérer qu’ils offrent à la consommation des clients qui ne demanderaient pas mieux que d’être servis sur la terrasse d’un café ou sur le banc public bien à l’ombre d’un palmier.

Les marchands d’eau ou ‘’garrab’’ -leur nom vient du nom de l’outre ‘’garba’’- avec leurs robes roussies par la canicule des mois de feu, leur gourde noire comme la misère qu’il trimbale parmi les passants indifférents, vont et viennent sans que le son de leurs clochettes arrête . Hagards, ils déambulent et clochetent, clochetent, clochetent !!! Sans rien en tirer ! Ils voudraient bien eux aussi remplir leurs gourdes, au lieu de cette flotte commune, sans couleur et sans odeur, de quelque liqueur de la consistance de l’eau, sans être de l’eau ! Cela attire mieux et la soif donne l’envie de boire de ce liquide dans des gobelets en cuivre étincelant. Certains épiciers en vendent, cela se consomme également en public et dans certains lieux publics, au comptoir ou à table ! On en trouve dans certaines grandes surfaces où l’on peut en mettre plein les caddies ! Comme les vendeurs de cigarettes au détail, comme l’épicier d’en face qui en vend dans des bouteilles ou des cannettes, ils voudraient bien, eux aussi, vendre au gobelet de cuivre et au son des clochettes de cette liqueur dont la vente est interdite pour eux, autorisée pour les autres.

Pour finir, je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas de détaillants de diluant et de colles fortes. On peut prévoir l’entrée sur le marché de produits à inhaler. Le premier qui en demandera l’autorisation aura sans doute l’exclusivité ! Un sachet certifié médical dosé colle forte, un chiffon stérilisé imbibé de diluant. On peut déjà imaginer des détaillants courir sur les places publiques avec des sachets et des chiffons d’où émanent des odeurs à faire retrousser les narines des habitués, comme on peut imaginer d’éventuels consommateurs héler les détaillants par les noms des produits qu’ils vendent du gendre ‘’silitione !diluant !’’** comme on hèle à présent les vendeurs de cigarettes au détail ’’Casa ! Casa !’’

On en demande au gouvernement actuel ce qu’on n’a pas demandé aux gouvernements des ‘’joues mates’’ dont on ne s’affranchira sans doute jamais du lourd héritage qu’ils nous ont laissés.

*Marques de cigarettes dont la première et la dernière n’existent plus : casa ; olympique ; marquise ; thuraya

** dissolution : colle synthétique

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