L’après midi du samedi 12 avril 2025, j’avais le plaisir de présenter et dédicacer mon livre ‘’Mini-lectures’’ à l’Institut français d’Oujda

L’après midi du samedi 12 avril 2025, j’avais le plaisir de présenter et dédicacer mon livre ‘’Mini-lectures’’ à l’Institut français d’Oujda. J’ai à présent un autre plaisir qui consiste à partager avec le large public le contenu de cet événement en le publiant sur ma page facebook.
Zaid Tayeb
I- Remerciements
-Je tiens tout d’abord à remercier M. Stéphane Leclerc, président de l’Institut français d’Oujda pour nous avoir ouvert cet espace culturel où nous sommes à l’heure qu’il est.
– Babacar Diop, responsable de la médiathèque qui a mis tout ce qu’il pouvait pour faire réussir cette rencontre…
-Madame Derouichi, professeur de français et modératrice pour avoir accepté de mettre un peu d’ordre dans cet événement et d’équilibre entre un vieil homme fatigué par le poids des années et un jeune public avide de connaitre.
» قال رب اشرح لي صدري ٢٤ ويسر لي أمري٢٥ واحلل عقدة من لساني٢٦ يفقهوا قولي٢٧ » سورة طه
II-Parcours professionnel
Je suis Zaid Tayeb, j’ai 72 ans. C’est tout !!!!
J’ai commencé ma carrière d’enseignant en tant que chargé de cours ou d’instituteur suppléant en 1974 et je l’ai finie en 2013 avec un départ à la retraite pour limite d’âge. Entre 1974 et 2013, un baccalauréat lettres modernes, une formation de 2 ans au CPR d’Oujda et une autre à l’école normale d’Ille et Vilaine et à l’université de Villejean, à Rennes, en France.
Rien de spécial. C’est plat comme un trottoir de rue. Voilà pour ce qui me concerne.
III- Publications
J’ai écrit 2 romans que j’ai publiés en France ‘’ La Gueule de l’Hiver et El Gasir de la honte’’ et 2 livres didactiques publiés au Maroc à compte d’auteur ’’Mini-lectures’’ et ‘’Ecrits littéraires- langue et style’’
IV- Genèse de ‘’ Mini-lectures’’
Le contenu des 3 livres au programme des premières années du cycle qualifiant s’adresse principalement aux professeurs de français et à leurs élèves des classes d’examen régional.
Les différents chapitres qui le composent ont été publiés un à un sur ma page face book et sur le portail Oujda city. Je les ai assemblés et publiés une première fois en 2009 sous le titre ‘’Guide de lecture’’ puis réédité en 2013 et 2017 sou le même titre.
L’édition de 2025 a été revue, corrigée et enrichie par d’autres chapitres et a pris pour titre ‘’Mini-lectures.
V- Les œuvres au programme
A- Boîte à Merveilles
La Boîte à Merveilles, pour certains, c’est une autobiographie, pour d’autres un roman autobiographique. Cela me rappelle la querelle des anciens et des modernes, des classiques et des romantiques. Goethe a tranché en qualifiant l’un et l’autre des courants littéraires ‘’Le classicisme est la santé, le romantisme la maladie’’. Je soumettrai ce point de discorde au débat du public avant de donner mon point de vue.
La Boîte à Merveilles n’est pas seulement et simplement l’histoire d’un petit enfant de six dans les années vingt du XXème siècle, c’est surtout l’histoire de deux familles menées de manière parallèle et presque identique.
1-Première famille : Lalla Zoubida une femme de bonne naissance, une sainte, qui dit avoir les papiers qui prouvent qu’elle descend du Prophète est mariée à Maalem Abdeslam, maître Abdeslam, le tisserand. Il travaille la laine, matériau noble.
2-Deuxième famille : Lalla Aicha, elle aussi femme de bonne naissance, une chérifa, une sainte, mariée à Moulay Larbi, seigneur Larbi, il travaille le cuir, un matériau noble qui entre dans la maroquinerie.
L’histoire des deux familles obéit au schéma narratif.
1-Le couple Moulay Larbi/ Lalla Aicha :
-Equilibre narratif de la situation initiale : ils avaient des matelas, des coussins, des carpettes, une étagère chargée de bols et d’assiette, une horloge murale… Ce n’était pas le grand luxe mais…
-Rupture provoquée par la perte de son atelier à la suite de sa dispute avec son associé
-Retour à l’équilibre narratif : Moulay Larbi ouvre un nouvel atelier grâce à sa femme qui a vendu son moblier et son or.
-Seconde rupture : Moulay Larbi se remarie avec la fille du coiffeur
– Retour à l’équilibre narratif : Moulay Larbi revient à sa première épouse
2-Le couple Maalem Abdeslam/ Lalla Zoubida :
-Une situation d’équilibre narratif où le couple pouvait manger trois à quatre fois par semaine de la viande et avait de l’huile, du charbon et de la farine pendant tout un mois.
– Force transformatrice : Maalem Abdeslam perd son capital. Il quitte sa famille pour aller travailler dans les champs.
– Equilibre narratif : Maalem abdeslam revient a sa famille avec un peu d’argent lui permettant d’ouvrir un nouvel atelier
3-Quant à Sidi Mohammed, il est enfant de six ans à la première page et enfant de six à la dernière ; Il n’évolue ni sur le plan social, ni psycho-affectif.
Une forme de narration propre à l’autobiographie
Trois ‘’je’’ méritent leur part d’analyse :
1- Un’’je’’ narrateur avec narration dans le mode du récit ( passé simple comme temps de base) : Son rôle est de raconter
2- Un’’je’’ personnage avec une narration dans le mode du discours ( ici discours direct avec retour à la ligne, tiret, changement de paroles…) : passé composé, présent, futur et impératif ou l’un d’eux ; sa fonction est de jouer le rôle d’un petit enfant de six ans.
3- Un’’je’’ auteur avec une narration dans le mode du discours (discours narrativisé sans tiret ni retour à la ligne) : son rôle est de porter des jugements de valeur.
B-Antigone
J’ai deux remarques à partager avec mon public :
1- La première est que l’histoire d’Antigone est l’histoire d’un conflit entre un roi et une fille et ce que chacun d’eux incarne.
a-Créon incarne la loi qu’il énonce à la fin du Prologue :’’Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort’’
b- Antigone de son côté, incarne le DEVOIR : le devoir familial qui consiste à enterrer un frère et le devoir religieux qui, si elle ne le fait pas, l’âme de ce frère errera éternellement sans jamais connaitre le repos.
Ce conflit va se développer par le refus d’Antigone de se soumettre à la loi de Créon en enterrant le cadavre de son frère une fois la nuit et une autre en plein jour.
Considérons cette piste de lecture :
a-Loi de Créon : ‘’quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort’’
b-Infraction à la loi : ‘’Et cette nuit, la première fois, c’était toi aussi ?
Oui, c’était moi.
c-Proposition : Alors, écoute, tu vas rentrer chez toi, te coucher, dire que tu es malade, que tu n’es pas sortie depuis hier. Ta nourrice fera comme toi. Je ferai disparaitre les gardes’’
d-Refus de la proposition : ‘’Pourquoi ? Puisque vous savez que je recommencerai’’
e-Menace :’’Tu ne comprends donc pas que si quelqu’un d’autre que ces trois brutes sait ce que tu as tenté de faire, je serai obligé de te faire mourir’’
e-Exécution de la menace : ‘’Gardes ! Emmenez la’’
Je ne peux fermer cette fenêtre sans soulever le problème de l’insertion d’un drame dans une tragédie.
Dans la scène des grades et d’Antigone Jean Anouilh délègue ses pouvoirs d’auteur au Chœur pour nous faire une distinction entre la tragédie et le drame.
1-La tragédie est un genre noble :
-personnages de la haute sphère de la société : roi, reine, prince, princesses…
-préoccupations : faire respecter la loi, accomplir le devoir, obtenir une promesse de sa nourrice pour s’occuper de sa chienne Douce en son absence, Obtenir un aveu d’amour d’Hémon avant de mourir..
-Langue : neutre, non marquée ou commune
2-Le drame est un genre bas :
-personnages du peuple, gardes ( coiffeur, tisserand, babouchier….Argousins, prisonniers, bagnards….
-Préoccupations : boire, manger, aller avec les filles de mauvaises mœurs
-langue : vulgaire ( putains, pisser, cul….), populaire ( gueuleton, moutards, une chique, se la caler dans la joue…)
C- Le Dernier Jour d’un condamné
Toute la rhétorique du discours de Victor Hugo sur l’abolition de la peine de mort repose sur cette dualité : pour supprimer les souffrances du corps, on a inventé la guillotine. Donc, pour supprimer les souffrances de l’esprit, il faut abolir la peine de mort.
Ce qui caractérise le ‘’Dernier jour d’un condamné, c’est :
– Nombreuses altérations à la chronologie des événements : analepses, rétrospections, retours en arrière, flash back…
-Histoire du friauche de 49 ans racontée en trois pages et insérée dans l’histoire du condamné de 6 semaines racontée en une centaine de pages. (chap.XXIII)
-Le Dernier Jour d’un condamné est le livre des livres
– L’histoire du friauche greffée dans l’histoire du condamné (1829) sera reprise par Balzac dans le Père Goriot (1835 : Jean Calin, dit Vautrin, dit Trompe la mort.
– Hugo développera l’histoire du friauche (chap.XXIII) dans les Misérables (1862) à qui il donne le nom de Jean Valjean, dit monsieur le maire, dit monsieur Madeleine, dit Fauche le vent.
– L’évocation de Robespierre et Louis XVIII au Chapitre XXXIX nous renvoie au roman 93 (1874) et les années de terreur qui ont conduit les deux personnages à la guillotine avec Marat, Saint Just et Danton.
– Le chapitre XXXVI qui évoque un souvenir d’enfance en haut des tours de Notre Dame de Paris, lui consacre un roman du même nom : Notre dame de Paris 1831avec Quasimodo et Esméralda.
Le Dernier Jour d’un condamné est un roman dépareillé : Tout au long des 49 chapitres, Victor Hugo nous a manipulés en défendant un criminel et en passant sous silence la victime . ‘’Je laisse une femme, je laisse une mère, je laisse une fille’’ et la victime, il n’a pas de famille ? pas d’épouse ? pas d’enfants ? pas de mère ?
Il désigne la victime par ‘’l’autre’’, ‘’le sang de l’autre et le mien’’
Zaid Tayeb
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