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La méthode de Singapour : les clés de son efficacité.

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Khalid Barkaoui

Hier, le 19 avril 2023, les locaux de notre prestigieuse école publique Halima Saadia relevant de la direction provinciale de Boulemane ont abrité une rencontre typiquement pédagogique à partir de 9 heures. Cette rencontre a été animée avec maestria et professionnalisme par l’inspecteur pédagogique de l’enseignement primaire monsieur Abdelmajid Zarour et la participation effective d’une flopée d’enseignantes et d’enseignants du secteur public et privé. Ces acteurs ont afflué nombreux pour prendre part à une communication de haute volée de notre dynamique encadrant. Cette communication est intitulée : les concepts mathématiques : de la conception à l’usage vise à doter nos acteurs enseignants du primaire de nouvelles compétences en matière de la co-construction des concepts mathématiques. Le point nodal de cet exposé réside dans le recours à une démarche didactique reconnue à l’échelle internationale et qui mérite un focus lucide pour en tirer les enseignements éloquents qui s’imposent avec autant d’acuité : il s’agit de la démarche de Singapour en mathématiques.
Il est vrai que cette démarche a montré son efficacité en particulier lors de la participation des élèves de Singapour dans les tests des évaluations internationales comme PISA et TIMSS. Les apprenants singapouriens qui prennent part à ces tests figurent en pole position à côté des japonais, des chinois et des finlandais. Cette méthode est devenue une source d’inspiration pour plus de 60 pays qui l’ont adoptée.
Les résultats de l’enquête TIMSS 2019 ont été dévoilés mardi 08 décembre 2020. Cette édition a vu la participation de 64 pays et près de 580 000 élèves. Le Maroc a participé pour la troisième fois consécutive (2011, 2015, 2019) à cette enquête avec 8 830 élèves de la quatrième année du primaire et 9 790 élèves de la deuxième année du collège (selon le ministère de tutelle). Le Maroc est à la traîne. Ce constat amer et préoccupant de notre pays montre si besoin est que l’enseignement/apprentissage des matières scientifiques et en particulier des mathématiques est à réinventer et à rénover.
Force est de souligner que cette démarche qui a vu le jour au cours des années 80 au Singapour tire son essence de plusieurs méthodes didactiques comme celles de Maria Montessori, de Freinet, de Piaget, de Bruner…Cette méthode privilégie la manipulation des objets concrets pour inculquer la passion de la discipline et développer le raisonnement chez les élèves de 5 ans à 12 ans.
Cette méthode préconise un cheminement plaisant composé de trois moments forts : d’emblée, les élèves abordent les problèmes mathématiques en manipulant des objets concrets comme les cubes, les jetons, les barres, les bâtons…ensuite, on passe à un second moment à savoir la représentation imagée. En un mot, les objets manipulés sont remplacés par des images qui les représentent.
Ainsi, une pile de dix cubes représente le nombre dix, puis une pièce de dix centimes, etc. C’est l’étape imagée.
Le troisième moment phare de cette démarche est le passage à l’abstraction ou la schématisation. Les trois pommes qui sont des objets concrets sont ipso facto remplacées par une image et à la fin elles sont remplacées par le chiffre 3.
La méthode de Singapour place à nouveau la parole au cœur de l’apprentissage et favorise la construction des connaissances grâce à un échange constructif entre le professeur et l’élève. Le professeur a ainsi un rôle de guide et de mentor. Par ses questions judicieusement formulées, il rend explicite ce qui peut ne pas l’être pour l’élève et l’aide à décomposer sa pensée. La pratique des mathématiques devient donc collaborative et repose sur l’échange et l’interaction. Non seulement l’enseignant explique par des mots ce qu’il est en train de faire, mais aussi l’élève est appelé à recourir à la verbalisation pour expliciter tout haut ce qu’il fait et le cheminement qu’il parcourt pour aboutir au résultat.
C’est une démarche qui prône le travail collectif, la collaboration, l’attention, la communication et qui s’appuie sur des activités ludiques pour rendre l’apprentissage plus plaisant et fun.
La réussite de cette démarche repose sur la formation initiale et continue du personnel enseignant singapourien. Ce personnel bénéficie de pas moins de 100 heures de formation continue par an. Une chose est inévitable : le succès de cette approche est due à la disponibilité d’une foultitude de matériel didactique. Des objets et des kits sont mis à la disposition de toutes les écoles de cette nation pour permettre à chaque enfant de manipuler les objets afin de faire des additions, des soustractions, des divisions, des multiplications, des fractions… et d’avoir une attitude positive vis-à-vis de cette discipline.
En guise de conclusion, je peux annoncer que nos élèves ont du mal à assimiler les mathématiques. Ce constat est corroboré par le dernier rapport alarmant édité par l’INE auprès du conseil supérieur de l’enseignement. Il s’agit du PNEA 2019. Ce rapport a confirmé la médiocrité du niveau de nos écoliers et collégiens marocains en matière de cette discipline scientifique. Il est temps d’aligner notre programme avec les tests de PISA et de TIMSS, mais aussi il urge de s’inspirer de cette démarche pour peaufiner la qualité de l’enseignement/apprentissage des mathématiques.
Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane.

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