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De la phrase au texte et du mur à la maison

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Zaid tayeb


Il en est de la rédaction d’un texte ce qui en est de la construction d’une maison. L’activité de l’écrivain n’est en rien bien différente de celle du maçon. Tous deux partent du plus petit matériau pour mettre sur pied un grand édifice. Tous deux travaillent la forme pour la mise en place d’un fond. Pour le maçon, la brique est la plus petite unité d’un mur, le mur d’une chambre et la chambre d’une maison. Pour l’écrivain, le mot est la plus petite unité d’une phrase, la phrase d’un paragraphe et le paragraphe d’un texte. Un bon maçon se reconnait à son mur et un bon écrivain à sa phrase. On parle déjà de la phrase de Proust, de Lautréamont, de Bachelard et de bien d’autres écrivains. Celui qui arrive donc à maîtriser la mise en forme de la phrase avec sa parataxe dans le cas de la juxtaposition et sa syntaxe dans celui de la coordination et de la subordination, avec ses différentes tournures en fonction des niveaux et des registres de langue, ses différentes variantes stylistiques, dans le respect des règles qui régissent la cohérence textuelle avec son isotopie, sa connexité et sa cohésion (voir à ce propos l’un de mes textes sur le sujet), est capable de maîtriser la mise en forme d’un paragraphe et par conséquent d’un texte. Dans les faits : qu’est-ce qu’un texte ? Un ensemble de paragraphes. Et un paragraphe ? Un ensemble de phrases. Et une phrase ? Un ensemble de mots. Il faut donc partir du mot (cas de la dérivation, de la préfixation par exemple) pour faire des phrases, des paragraphes et enfin un texte et des briques pour faire des murs, des chambres et une maison.

Il convient à ce propos de rappeler que les différentes activités de grammaire ne doivent en aucun cas être traitées de manière isolée, autonome, systématique, séparée de l’activité de rédiger dans le respect des normes d’écriture dont j’ai cité quelques-unes ci-dessus et auxquelles il convient d’ajouter celles de l’écart qui relèvent de l’univers du beau et de l’esthétique.

Je ne suis pas un théoricien qui est capable de prendre la parole pendant des heures pour essayer de mettre en lumière un fait, qui, dans la réalité se résumerait et s’écrirait en quelques phrases de quelques lignes. Je suis un vieux routier de ces choses qu’on nomme pédagogie et didactique. Je pense, en ce qui me concerne, que la grammaire n’est pas une fin en soi qu’on enseigne comme telle, comme si elle ne servait qu’à transmettre aux apprenants les règles et les exceptions, mais un moyen sûr pour faire des phrases porteuses de sens et véhiculant un savoir sain. ‘’Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement// Et les mots pour le dire arrivent aisément’’ disait déjà Boileau.

La grammaire est un réceptacle des idées, un moule dans lequel elles viennent se greffer, prendre forme et consistance. Et rien de plus. Il est donc nécessaire de rappeler aux apprenants qu’une pâtissière peut couler sa pâte dans des moules en forme de carrées, de rectangles, de cercles, de cœur. Seule la forme a changé. Le goût est le même. Ainsi en est-il, à peu près, d’une idée exprimée avec différents outils linguistiques.

Je me suis sans aucun doute trop attardé sur le sujet, mais je crois que la phrase est le noyau de tout texte écrit, c’est pourquoi je demanderais aux professeurs de lui accorder l’intérêt qu’elle mérite.

Zaid tayeb

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