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Traitement du passé simple au discours indirect

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Zaid Tayeb


J’ai déjà écrit un article sur les différents aspects du passé simple dans lesquels j’ai essayé de montrer que l’aspect sécant attribué à l’imparfait et non sécant au passé simple me parait mal à propos. Pour certains grammairiens, le passé simple est un tout indivisible (ce qui est vrai), d’où son caractère non sécant, et l’imparfait qui s’effectue en deux temps, un avant connu ( !) et un après flou, imprécis ( !), est sécant. J’ai laissé entendre dans mon article que l’imparfait, comme tous les autres temps simples est inachevé, alors que le passé simple, employé avec l’imparfait est sécant, c’est-à-dire qu’il coupe l’imparfait. Dans une telle situation, il convient de reconnaître que l’imparfait est une ligne et le passé simple un point sur cette ligne qu’il coupe. ‘’Il parlait de ses aventures amoureuses quand sa femme parut sur le seuil de la porte.’’ Si donc on veut bien appliquer l’aspect sécant à l’un des deux temps, c’est au passé simple que cela doit se faire, dans la mesure où c’est lui qui coupe l’imparfait, L’imparfait, quant à lui, c’est un temps inachevé comme tous les autres temps simples.

 

Mon point de vue sur l’aspect du passé simple s’arrête à ce niveau de l’observation.

 

Dans le présent article, je vais essayer de voir comment on peut traiter le passé simple lors du passage du discours direct au discours indirect. Beaucoup de mes collègues de langue française font preuve de discrétion quand ils en viennent à traiter le passé simple dans le cours relatif au passage du discours direct au discours indirect. En cela, ils ont bien raison. ‘’En cas de doute, s’abstenir’’ dit la sagesse populaire. Quant à ceux pour qui le passé simple ne change pas quand le verbe de la principale est au passé, encore faut-il savoir quel passé, leur réflexion ne va pas plus loin que leur hic et nunc.

 

Le traitement du passé simple dans certains de ses emplois dans le discours indirect exige un autre niveau d’analyse que je vais tenter d’élucider. Le passage du discours direct au discours indirect se rattache aussi bien à la grammaire de la phrase qu’à la grammaire du texte. Cette opération nécessite une connaissance qui déborde du cadre de la grammaire normative telle qu’elle est enseignée à l’école, avec son code rigide fermé, vers un cadre beaucoup plus ouvert et par conséquent plus rationnel et plus logique.

 

A-Grammaire de la phrase : Pour ceux qui soutiennent que le passé simple ne change pas quand le verbe introducteur est au passé, j’ai intentionnellement choisi le passé composé pour des considérations que je vais éclairer par la suite.

1-‘’Moulay Ismail mourut en 1727 à Meknès’’, nous a-t-on appris à l’école.

2-*On nous a appris à l’école que Moulay Isamil mourut en 1727 à Meknès.

 

On peut très bien rencontrer cette phrase sans trop s’attarder sur ses différents composants tant qu’on en sera resté dans le cadre de la grammaire de la phrase ou grammaire normative. La première est en effet composée d’un discours rapporté intégré tel quel (discours du personnage) au discours rapportant (discours du narrateur). La seconde est constituée d’un discours rapporté (que Moulay Ismail mourut en 1727 à Meknès) intégré de manière partielle au discours rapportant (On nous a appris à l’école). Jusqu’ici tout va bien tant qu’on est resté dans le cadre de la grammaire de la phrase.

 

B-Grammaire du texte.

a-‘’Moulay Isamil mourut en 1727 à Meknès’’, nous a-t-on appris à l’école.

Cette phrase, si simple en apparence, est composée de deux modes de narrations différents.

Narration dans le mode du récit : ‘’Moulay Ismail mourut en 1727 à Meknès’’ sachant que le passé simple est le temps du récit par excellence
Narration dans le mode du discours (au sens de style ; je suis désolé pour ce télescopage de concepts) : nous a-t-on appris à l’école.

Il faut reconnaître qu’il y a une frontière entre chaque mode de narration, à savoir, dans ce cas précis, les guillemets. Il y a deux énoncés différents: non ancré dans le cas du récit, ancré dans celui du discours.

b- *On nous a appris à l’école que Moulay Ismail mourut en 1727 à Meknès.

Il se trouve que dans cette phrase, il y a deux modes de narration différents et par conséquent deux énoncés différents sans barrières de séparation. Ceux qui disent que le passé simple ne change pas lors du passage du discours direct au discours indirect, les voici confrontés à une transgression à l’une des règles élémentaires de la narration qui consiste à séparer les modes de narration.

c-On nous a appris à l’école que Moulay Ismail était mort en 1727 à Meknès.

Nous voici donc dans une phrase à énoncé ancré dans la situation d’énonciation et formulée dans le mode du discours.

Conclusion : quand le verbe introducteur est au passé (surtout au passé composé), le passé simple, qui est un temps du récit, doit se mette au plus-que-parfait pour donner à la phrase l’aspect d’une narration dans le mode du discours. Ainsi, cela nous permettrait de respecter les modes de narration, et par conséquent le caractère des différents énoncés (ancrés/ non ancrés dans la situation d’énonciation.)

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