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L’aspect en grammaire française : un casse-tête

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Zaid Tayeb

Le système verbal est tout ce qu’il y de plus complexe dans la langue française. Chaque fois que l’usager de cette langue se retrouve en présence d’un verbe conjugué, il doit faire face à trois problèmes et non des moindres : Le mode, le temps et l’aspect.

1-Les modes : Au nombre de sept, ils servent à exprimer l’attitude de l’énonciateur vis-à-vis de son énoncé : réelle, hypothétique, incertaine, souhaitable, envisageable…

 

2-Les temps : A chaque temps simple correspond un temps composé. Il convient de savoir que dans chaque temps composé, il y a les marques de la présence d’un temps simple correspondant. Donnons quelques équations utiles pour chaque temps.

 

Ex1 : passé composé= auxiliaire au présent+participe passé. (Elle s’est endormie)

Ex.2 : subjonctif passé= auxiliaire au subjonctif présent+participe passé. (Il faut que tu sois parti avant huit heures).

Ex.3 : conditionnel passé= auxiliaire au conditionnel présent +participe passé. (Si j’avais eu suffisamment de sang froid, je ne me serais pas emporté pour si peu).

Ex.4 : impératif passé : auxiliaire à l’impératif présent+participe passé. ( Sois parti avant le lever du soleil)

Ex.5 : Infinitif passé=auxiliaire à l’infinitif présent + participe passé (Il quitta la salle après avoir prononcé son discours).

Ex.6 : Participe passé= auxiliaire au participe présent + participe passé ( [étant] parti avant le lever du soleil, il n’assista pas au réveil de ses enfants).

 

Conclusion : Rien qu’à ce stade de l’observation, l’usager de la langue française doit faire face à 7 modes et 21 temps qu’il doit combiner en fonction de ses besoins, si toutefois il ne s’embrouille pas en cours de route car il y a de quoi se perdre dans ce labyrinthe.

 

Aux modes et aux temps sur lesquels j’ai essayé de mettre un peu de lumière vient s’ajouter une autre difficulté qui n’est pas des moindres. C’est celle de l’aspect.

Pour certains, tous les temps composés sont achevés/accomplis et tous les temps simples inachevés/inaccomplis. Ils font toutefois exception du passé simple dont ils disent qu’il est achevé. Certains grammairiens modernes ajoutent aux aspects existants (achevé/inachevé), ceux de sécant pour l’imparfait et de non sécant pour le passé simple. Selon ces grammairiens dont je conteste l’application erronée de sécant à l’imparfait et non sécant au passé simple, dans l’imparfait il y a deux moments : passé et à venir. Selon leurs dires, on connaît le commencement du procès/de l’action mais on ignore son achèvement. Le premier est achevé, le second flou. Alors que le passé simple est saisi dans sa globalité, c’est un tout indivisible.

Dans la phrase : ‘’Il marchait’’ on peut dire qu’il marchait depuis ce matin (début de l’action connu) ( !) mais on ne peut pas envisager la fin de l’action puisqu’on ne peut dire qu’il marchait jusqu’au soir. (!). Résumons avec moins de détours leur façon de voir les choses. L’imparfait est sécant puisqu’il y a deux moments dans sa réalisation : un avant et un après alors que le passé simple s’exécute en un seul moment : c’est un tout indivisible.

 

Je crois, en ce me concerne, qu’avec quelques exemples, on pourra éclaircir le problème de les différents aspects du passé simple.

 

a-Employé seul, on peut dire qu’il est accompli tout comme les temps composés et en particulier comme le passé composé avec lequel il partage certaines affinités comme temps de base d’une narration dans le passé. En effet, si le passé simple est le temps du récit par excellence, le passé composé, lui, est le temps du discours par excellence.

b-Employé avec le passé antérieur, on dira que l’aspect du passé simple est inachevé/inaccompli par rapport au passé antérieur, qui, lui, est accompli. ‘’Quant il m’eut vu, il me salua’’. L’action de ‘’saluer’’ n’est pas accompli par rapport à l’action de ‘’voir’’.

 

c-Employé avec l’imparfait, on dira que l’aspect du passé simple est ‘’sécant’’ puisqu’il coupe l’imparfait.

Considérons la phrase : ‘’Il marchait sous la pluie quand le tonnerre gronda’’. L’action de marcher constitue une ligne sur l’axe chronologique, alors que celle du passé simple est un point sur cette ligne. En conséquence, le passé simple coupe l’imparfait. L’aspect sécant porte plus sur le passé simple que sur l’imparfait.

J’estime avoir éclairé les usagers de la langue française sur l’aspect du passé simple qui est un temps de l’écrit qu’on retrouvera dans le passage du discours direct au discours indirect.

 

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