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Dernier hommage à feu monsieur Essahlaoui Mohammed

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tayeb zaid

Dernier hommage à feu monsieur Essahlaoui Mohammed

Monsieur Essahlaoui Mohammed n’est plus, mais il y a toujours en moi une part de lui. Je ne peux pas mieux dire de lui que ce que j’ai déjà dit de son cicant, sur le site Oujdacity et sous le même titre.

Je rends un hommage particulier à Monsieur Essahlaoui Mohammed, notre écrivain assidu dont pas une page du site OUJDACITY ne peut se tourner sans qu’il soit présent par l’un de ses écrits. Il est toujours là, en auteur et en lecteur, en commentateur également. Ses écrits se caractérisent par la force du verbe et la solidité du moule syntaxique, par la justesse et la profondeur du jugement ; généralement il pioche sur des terrains vierges, non encore explorés, loin de l’agitation quotidienne et de ses remous. Chez lui, le mot prend sa place dans la phrase dans une rectitude et une rigueur de géomètre, les yeux rivés sur le viseur de son théodolite prenant les mesures des plans ou posant les jalons, les bornes ou les piquets. Au millimètre près. Ainsi en est-il des écrits de Monsieur Essahlaoi, car avec lui il est inutile de chercher à découvrir des fissures ou des lézardes, des ébréchures ou des écaillures. Le produit est livré fini, conforme aux normes académiques. Lisez sans vous soucier de ce qui pourrait manquer car rien ne manque : tout est là, mais prenez le temps de lire et un peu de recul car il se peut que vous ayez besoin d’autre chose qui manque à votre champ de référence personnel.

Je rends un hommage particulier à Monsieur Essahlaoui Mohammed pour avoir été mon premier inspecteur et celui qui m’a le premier évalué en tant que débutant dans la profession : c’était en 1975. Instituteur suppléant, ‘’chargé de cours’’ dans le langage de l’époque, j’ai été savamment boosté par Monsieur Essahlaoui- le mot n’avait sûrement pas l’acception actuelle- tout comme toutes les nouvelles recrues fraichement parachutées dans le métier d’enseigner. Un blanc bec à duvet en guise de plumes. Il savait que derrière ce point à peine lumineux qui émanait de ce blan bec à duvet en guise de plumes, se cachait une lumière et que cette petite étincelle que j’avais dans les yeux couvait un feu. Il a soufflé sur l’étincelle qui a fait partir un feu et a libéré le point lumineux devenu lumière. Nous voici tous deux écrivant, chacun à sa manière mais avec le même outil, sur un site qui nous réunit, le maître et l’élève.

Je rends un hommage particulier à mon premier maître à penser en matière de pédagogie et de didactique. J’avais déjà la tête pleine des œuvres de Balzac, de Zola et de Hugo, de Baudelaire, de Vigny et de Musset, de Voltaire, de Rousseau, de Diderot et de Montesquieu, Je connaissais également le Capital et le Manifeste, l’Origine de la famille de l’Etat et de la propriété privée. Je connaissais aussi Lénine pour lui avoir lu une grande partie de ses œuvres complètes, mais je ne savais rien sur la pédagogie et sur la didactique : j’étais donc l’albatros maladroit de Baudelaire, exposé à la raillerie des matelots et des mousses, moi qui me croyais planant dans les airs et imbu de Zarathoustra. Il avait fallu m’apprendre à voler moi qui me croyais le prince des cieux. C’est Monsieur Essahlaoui qui m’a appris cela et je lui dois cela le restant de mes jours.

Je rends un hommage particulier à Monsieur Essahlaoui Mohammed qui alimente le site OUJDACITY de ses écrits et de ses critiques. Je le vois derrière son clavier, pareil à un sculpteur transformant la pierre vile en œuvre d’art ; je le vois derrière son clavier pareil à un joailler ajustant son trébuchet pour y peser au milligramme près ce qui est le plus précieux aux cœurs de femmes ; je le vois derrière son clavier enfilant les mots pour en faire des chapelets que l’ascète égrène dans ses moments de communion ; Je le vois …et je me revois à mes débuts dans la carrière qui a fait de moi ce que je suis.

Je rends un dernier hommage à monsieur Essahlaoui Mohammed. Lui parti, son oeuvre reste. Que Dieu l’ait en Sa Miséricorde.

Zaid Tayeb

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