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Le cheikh et le mkaddam VS facebook et twitter

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Pour être informé de ce qui se passait dans son arrondissement et dans le périmètre relevant de son autorité, le caïd comptait en premier lieu sur les sens de ses cheikhs et mkaddams* : la vue et l’ouïe. Le bon fonctionnement, la survie même de son arrondissement dépendait essentiellement de ce que le cheikh et le mkaddam ont vu faire ou ouï dire. Pour cela, les deux subalternes passaient le plus clair de leur journée, dimanches et jours fériés compris, à sillonner les quartiers, à courir par les rues, à user leurs semelles, pour voir et écouter d’abord, informer le caïd de toute chose suspecte ou irrégulière ensuite, souvent aidés, de manière innocente ou coupable, par des indicateurs de fortune  moyennant quelque maigre privilège à glaner çà et là : un sourire jaune, une tape hypocrite sur l’épaule d’un fonctionnaire suffirait à leur donner un peu d’assurance et par conséquent un brin de supériorité sur leurs concitoyens . Le caïd prenait alors les dispositions qui s’imposaient en temps et lieu et réussissait avec plus de bonheur à gérer les affaires de la communauté selon ce que le cheikh et le mkaddam ont rapporté dans leurs yeux et leurs oreilles.

 

 

Mais l’œil et l’oreille du cheikh et du mkaddam  ne sont plus fiables depuis que les complots se trament au clavier, par le truchement des réseaux facebook, twitter et autres, loin des organes naturels humains, fatigués par des années d’un usage intensif   au service d’une besogne vile et ingrate

 

Mais l’œil et l’oreille du cheikh et du mkaddam  ne sont plus fiables depuis que les complots se trament au clavier, par le truchement des réseaux facebook, twitter et autres, loin des organes naturels humains, fatigués par des années d’un usage intensif   au service d’une besogne vile et ingrate. Si les générations passées se donnaient des rendez-vous directement de la bouche dans le creux de l’oreille, pour se retrouver en secret chez l’un ou l’autre afin de parler des choses que le makhzen prohibait, si cela finissait le plus souvent par se savoir par le caïd, si cela se terminait le plus souvent dans les sous sols du commissariat, les générations présentes usent de moyens moins humains mais plus discrets et plus sûrs. Ainsi, le quartier paraît baigner dans le silence et la quiétude, rien n’annonce que derrière ce silence et cette quiétude se trament des choses secrètes que ni le caïd, ni ses subalternes les plus dévoués et les plus aguerris dans le métier de surveiller, d’épier et d’espionner sans en donner l’air, ne soupçonnent l’existence. Ce n’est que tel jour, à telle heure, en tel lieu que les places publiques de la ville se trouvent inondées par la foule en délire dénonçant les abus du makhzen, scandant des réformes sociales ou politiques ou exigeant la chute d’une sommité, à l’insu du caïd qui dort du sommeil profond de la sérénité après une longue journée passée dans l’accomplissement de son devoir, et du cheikh et du mkaddam qui n’ont rien vu de leurs yeux et rien entendu de leurs oreilles. Au réveil du caïd, du cheikh et du mkaddam, la place publique la plus symbolique de la ville est occupée par les manifestants: facebook et twitter ne connaissent pas le sommeil.

 

*Subalternes du caïd

tayeb zaid

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4 Comments

  1. Karim Khalid
    01/04/2011 at 16:42

    C’est le plus sensé des articles que j’ai eu le plaisir de lire de l’auteur. Et quel français, on dirait un professeur de langue française. Toutefois, une ébauche d’analyse approfondi aurait-elle éduqué plus les lecteurs?

  2. b;anouar
    02/04/2011 at 13:46

    je demande a oujda city pourquoi vous n.avez pas publié mon commentaire qui porte le nom b.anouar.ou est le probléme…je n.ai rien dit de mal .et merci;

    ;ai rien

  3. idrissi rimaoui
    02/04/2011 at 18:22

    vous avez oublié que le caid a reçu une formation solide et maitrise l’utilisation du web et consulte regulierement facebook .et pour votre information il ya meme des moukaddems qui excellent dans ce domaine.

  4. Anonyme
    02/04/2011 at 19:18

    bacheliers et licenciés parmi eux et son commentaire c.est du charabia et les gens ne sont pas interessés et un conseil..ne jamais se moquer de quelqun sans sa présence.la modernisation de l.administation c.est l.etat qui la transforme pas le mokkaddem du quartier .et je dis encore a l.auteur qu;il cesse d.embeter les citoyens de Ses critiques qui ne sont pas a la hauteur.car hier l.auteur a oublié que les auxiliaires sont inscrit a facebook et twitter et il y;a meme les ce n.est pas aujourd.hui….sans rancune.

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