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Le rapport national PISA 2018 : le Maroc est en queue de classement.

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Khalid Barkaoui

Monsieur chafiqui l’inspecteur général des affaires pédagogiques au ministère de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports, a pris part à un atelier tenu en ligne le mercredi 9 février 2022. Le responsable pédagogique a fait une intervention hautement distinguée lors de la présentation du rapport national PISA 2018. Ce rapport est initié par l’instance nationale de l’évaluation chapeautée par Rahma Bourquia en sa qualité de directrice de l’INE relevant du conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique.
Le Maroc qui participe pour la première fois à cette enquête internationale est classé 75 parmi 79 pays qui ont pris part à ce test d’évaluation triennal. Les élèves marocains âgés de 15 ans n’ont été bons ni en lecture, ni en mathématiques ni en sciences. La situation est alarmante, désastreuse voire affligeante.

Ce rapport National analyse les performances des élèves marocains dans l’enquête PISA 2018. Menée tous les trois ans par l’OCDE l’organisation de coopération et de développement économique, et ce, depuis 2000, le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (PISA) porte sur l’évaluation des compétences des élèves de 15 ans en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences.
En cela, PISA n’évalue pas les connaissances acquises par les élèves, mais plutôt leur capacité à mobiliser ces connaissances et à les appliquer à des situations de la vie réelle
La présentation de ce rapport PISA ( programme for international student assesment) s’inscrit dans le cadre des missions évaluatives de l’instance nationale de l’évaluation auprès du conseil supérieur de l’enseignement et vise à décortiquer les performances de nos apprenants et à les comparer avec d’autres systèmes éducatifs en vue d’en tirer les enseignements concrets.
Les résultats du rapport national PISA permettent de tirer des leçons éloquentes pour que le système éducatif marocain puisse renforcer les contenus des programmes et les modes d’apprentissage, permettant ainsi aux élèves d’acquérir les compétences de base nécessaires à la réussite scolaire et à la préparation à l’âge adulte. Les résultats de PISA interpellent le système éducatif quant au niveau apprentissages des élèves ainsi que le processus de la mise en œuvre de la réforme.
Monsieur Chafiqui a abordé une pléiade de points forts intéressants qui mérite qu’on s’y attarde longuement. Parmi les points phares soulevés par notre illustre conférencier on peut citer ce qui suit :
– Il ne faut pas s’attendre à des résultats satisfaisants et probants lors de l’édition 2022. il ne faut pas crier victoire tout de suite, PISA 2022 qui sera lancé en avril prochain ne sera pas meilleur et va surtout renseigner sur les pertes des apprentissages à cause de la pandémie. mais il est résolument convaincu qu’au cours de l’édition 2025, le Maroc obtiendra de bons résultats et les performances de ses élèves seront à la hauteur des dispositions de la réforme initiée en 2015 et aussi à la hauteur des dispositions et engagements solennels de la feuille de route 2022/2026. Espérons que la promesse sera tenue et que nos élèves brillent de mille éclats par leurs performances au niveau international.
– . La non-inclusivité du système marquée par les faibles acquis des compétences se manifeste essentiellement par le redoublement»
– Les jeunes participants à l’enquête sont très nombreux à accuser du retard : 49% ont redoublé au moins une fois durant leur cursus scolaire. Ce pourcentage est de loin le plus élevé parmi tous les pays participants et est largement supérieur à la moyenne de l’OCDE (11%).
– Ce phénomène est particulièrement plus répandu chez les élèves désavantagés sur le plan socioéconomique comparativement à ceux avantagés, avec un écart de 37 points de pourcentage.
– Les enseignants en charge de la 1AEP sont près de la retraite. Ce profil a un impact négatif sur la productivité des petits enfants en particulier cet écart flagrant d’âge entre un prof qui avoisine les 50 ou les 60 ans et des apprenants de 6 ans révolus. Ce procédé est à réinventer pour plus d’efficacité.
– La préscolarisation tarde à se faire généraliser, qui plus est, il y a une diversification de l’offre préscolaire qui va de la modernité à une préscolarisation classique, traditionnelle et obsolète. Il faut veiller donc à uniformiser le préscolaire à l’échelle national.
– Notre système scolaire est stressant.
– Les résultats du Maroc dans l’enquête PISA 2018 témoignent d’une faiblesse de performances. Il se positionne en bas de l’échelle avec les pays qui ont enregistré les scores les plus faibles, et ce, aussi bien en compréhension de l’écrit qu’en mathématiques et en sciences.
– Il est à noter que l’école marocaine connaît des inégalités, et ne permet pas à tous les élèves d’acquérir les mêmes compétences. Les élèves issus de milieux défavorisés, scolarisés en milieu rural ou dans des établissements publics, ont un niveau de compétences inférieur à celui des élèves bénéficiant d’une situation plus favorable. En un mot, notre système est inégalitaire.
– L’absence du soutien pédagogique en particulier le soutien individualisé destiné aux élèves en situation de difficulté d’apprentissage ou des élèves souffrant de troubles d’apprentissage. En un mot, notre système a laissé une proportion importante d’élèves sur le carreau.
Monsieur Chafiqui a ensuite mis l’accent sur une seconde entrée à savoir la nécessité impérieuse à questionner les manuels scolaires, les programmes, les curricula, les méthodes pédagogiques, l’évaluation et la formation du personnel enseignant qui laisse énormément à désirer.
– Le Maroc figure parmi les pays/économies où les enseignants sont les moins qualifiés et les moins accompagnés au regard du niveau d’éducation, de la durée de la formation initiale et du développement professionnel.
– Il faut reconstruire les programmes scolaires pour être en adéquation avec les standards préconisés par l’OCDE, car on se rend compte que même nos élèves les plus performants n’ont pas atteint le niveau 6 en mathématiques et en sciences.
– Le conférencier prône le développement du modèle pédagogique et la formation des enseignants sur les TIC liée à l’action.
– La discrimination positive pour les milieux défavorisés.
– Il faut penser à mettre à la disposition des apprenants des tablettes et aussi envisager de conclure des conventions de partenariats avec des start up qui mettent en place des applications pédagogiques à même d’aider nos apprenants à performer et à surmonter substantiellement leurs difficultés.
– Le manque est également perçu au niveau du personnel qui a les compétences nécessaires pour l’utilisation de ces ressources numériques (enseignants et personnel technique).
– La durée succincte de la formation initiale est à reconsidérer et parier sur le développement professionnel permanent.
– Une chose est certaine, les futurs enseignants ont grandement besoin d’accompagnement et d’encadrement par les chefs d’établissement et par les professeurs hautement qualifiés et expérimentés.
– Il faut aussi interpeller le corps des inspecteurs par rapport à la formation continue des enseignants et leur encadrement d’une manière rationnelle.
– Il est clair que la mission d’un inspecteur ne réside pas dans l’évaluation des professeurs, mais il faut évaluer pour accompagner, améliorer les compétences et développer professionnellement parlant nos acteurs pédagogiques pour mieux les outiller à vaquer pleinement à leurs tâches respectives.
– Le rôle des chefs d’établissement devenus aujourd’hui des administrateurs pédagogiques est à revoir. En effet, ils doivent tendre la main aux novices en diffusant les bonnes pratiques. Les communautés des pratiques professionnelles sont tenues à jouer pleinement ce rôle d’accompagnement et de suivi professionnel des cadres pour contribuer à rehausser la qualité des apprentissages.
– Le temps institutionnel d’apprentissage peut être perdu pour différentes raisons : l’absentéisme et le retard des élèves, l’absentéisme des enseignants, ainsi que l’indiscipline des élèves pendant les cours. Il faut reconnaître dans ce contexte que l’indiscipline, la violence et le harcèlement gagne beaucoup de terrain et ne cesse de croître.
– Le Maroc fait partie des pays où le climat de discipline est dégradé et préoccupant.
– Un climat de discipline défavorable constitue un facteur perturbant et peut nuire au bon déroulement du processus d’enseignement et d’apprentissage en classe. Les résultats des élèves marocains dans PISA 2018 montrent qu’effectivement le score moyen des élèves dans les classes où le climat est très favorable dépasse celui des élèves dans des classes où le climat est très défavorable avec un écart de 10 points.
– L’incapacité à gérer la classe car l’enseignant n’est pas hautement outillé pour assurer la discipline et un climat propice à l’apprentissage
– En effet, les élèves victimes de harcèlement sont plus assujettis à des problèmes personnels notamment de dépression, d’anxiété, d’isolement et de changement de comportements alimentaires. Ils sont plus susceptibles de s’absenter des cours, de sombrer dans le décrochage scolaire et d’avoir des résultats faibles comparativement à leurs pairs n’ayant pas eu de relations conflictuelles.
– Monsieur Chafiqui a soulevé ses remarques pertinentes qui entravent le processus d’un apprentissage attractif et donc a émis une série de mesures et de projets préconisés par la loi cadre 51.17 bien sûr le renforcement de la formation du capital humain, l’implication des chefs d’établissement, l’engagement prononcé des inspecteurs, le renforcement des activités parascolaires, le développement de la parentalité positive.
– L’enquête PISA, focalisée sur les enfants de 15 ans, met en évidence la non concordance de l’âge avec le niveau requis de scolarité, l’inefficacité du redoublement, la problématique des inégalités impactant négativement l’école, les déficiences des apprentissages, et un climat éducatif ne favorisant pas toujours une éducation de qualité.
– En définitive le changement est possible. Il faut juste y croire dur comme fer. Une chose est certaine, nous avons besoin d’une réelle volonté politique, d’un budget conséquent, d’un personnel hautement qualifié, d’un climat scolaire favorable, de matériel didactique, d’une infrastructure moderne et attrayante, mettre l’élève au centre de toutes les politiques publiques de l’éducation . Certes le défi est de taille. Mais la bataille est gagnée sous réserve d’un travail acharné et ciblé.
– si nous voulons rester compétitifs dans un monde où l’éducation et la formation vont devenir plus que jamais les moteurs de la puissance et de l’influence d’un pays, il faut investir dans l’éducation, la formation et la recherche scientifique.
Nous n’avons nullement le droit de démissionner. On doit se ressaisir et rectifier le tir. C’est une question existentielle pour notre pays tant Il y va de son avenir surtout que le Maroc s’apprête à mettre en œuvre son nouveau modèle de développement.

Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane

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