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l\’école en mal d\’autorité

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Education
L’école entre laxisme et autorité
Eduquer, de toute évidence, c’est poser des limites et l’école à elle seule ne saurait le faire, sans l’appui de la famille à qui il incombe d’imposer, dès le berceau, une ligne de conduite claire et tranchée. L éducation est un projet qui implique toutes les tranches de la société, et c’est à juste titre que Platon a dit, il y a déjà des siècles, que : « Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent pas compte de leurs paroles,lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au dessus d’eux l’autorité de rien ni de personne, alors c’est là (…)le début de la tyrannie »
Le laxisme, donc, en matière d’éducation ne peut être que néfaste, car livrer à eux-mêmes des jeunes en besoin de repères pour se situer dans l’échiquier social, c’est certainement les condamner à errer dans le brouillard, sans but précis et aux mépris des valeurs communes.

D’ailleurs la liberté, condition incontournable de tout épanouissement, doit impliquer nécessairement une responsabilité et donc des limites. Comprise dans ce sens, la liberté n’exclut pas tout autorité, c’est l’abus ou le manque d’autorité qui est à bannir en éducation comme en tout domaine. Mais, si l’autorité est utile à bonne dose, elle n’est pas pour autant dissociable de la notion d’hiérarchie. Or, la dite hiérarchie est à son tour aplatie et l’image du père comme celle du professeur ne fait plus office de référence, elle est dévaluée aux yeux des jeunes, aujourd’hui, sous l’emprise des stars du show-business qu’ils érigent en modèles suprêmes. La crise d’autorité qui découle de ce phénomène n’est pas une fatalité, mais le besoin d’éducation l’est, car sans celle-ci l’adaptation sociale ne serait jamais possible, en plus l’éducation, faut-il le rappeler, n’est autre qu’ « une action exercée par une génération mûre sur une génération non mûre en vue de l’adaptation sociale » Durkheim
Il ne s’agit pas de faire une apologie de « l’autorité » et de « la hiérarchie », mais de montrer, à juste titre, que pour réussir un projet éducatif, il serait utile de remettre chacun à sa place, de redéfinir les rapports entre les éducateurs et les éduqués.

En plus, le retour au besoin d’autorité est une nécessité qui transcende l’idéal/ illusion d’une éducation affranchie de toute contrainte. L’équilibre à trouver, aujourd’hui, entre autorité et souplesse n’est pas simple et les faits sont là, malheureusement, pour le rappeler : Echec scolaire, drogue, violence, criminalité…Cette violence, aussi bien physique que verbale ou comportementale, qui a envahi les foyers, la rue et l’école est à prendre au sérieux aujourd’hui plus que jamais.
Le bilan est alarmant par son envergure, et il l’est davantage par l’âge de plus en plus bas des acteurs des délits de violence et c’est ce qui appelle à une remise en question du rôle de la famille et de l’école, justement deux institutions en mal d’autorité. Ecole et famille, se renvoient la balle, la première accusant les parents de se démettre de leur responsabilité et les exhortant à restaurer une autorité parentale dont le délitement ne facilite en rien la mission de l’école, la deuxième reprochant à l’école son désintérêt.

Le ministre de l’Education nationale, semble quant à lui, décidé à prendre les choses en main et à ne pas lésiner sur les moyens pour venir à bout de la violence à l’école, en lançant un plan de sécurité dans les collèges et les lycées pour lutter contre la délinquance, lequel plan sera accompagné d’un stratégie d’assistance et de soutien aux élèves en difficultés.

Une telle initiative ne peut être que soutenue, cependant il demeure nécessaire d’approcher le problème de la violence dans le cadre d’une réforme générale de tout le système éducatif en impliquant tous les partenaires. Il faudrait, d’abord, réconcilier aussi bien les apprenants que les enseignants avec l’école en restituant à celle-ci son efficience, c’est-à-dire sa raison d’être et en mettant en place des programmes scolaires motivants qui débouchent nécessairement sur des savoir faire compatibles avec les besoins du marché de l’emploi ; et puisque le lien entre la violence et l’échec scolaire est un fait avéré, il faudrait redonner confiance aux élèves dont la conviction d’être trahi par l’école, car ne répondant plus à leur attentes, est le mobile principal qui nourrit leur haine envers la société.
Eradiquer la violence en milieu scolaire suppose certes un minimum de respect et implique donc une autorité, d’où l’obligation d’approcher ce fléau avec précaution sous peine de virer à la dérive ou de formater une génération d’individus résignés et sans imagination.

Par :

BEHRI Abdelaaziz Professeur agrégé
Lycée Guenoun Rabat

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2 Comments

  1. B.Hassan
    24/12/2008 at 23:41

    je remercie l’auteur pour cet article, et je confirme avec lui que la violence au sein de l’école est un phénomène qui pourrait être évité, à condition d’une coordination entre l’école et la famille.
    un enseignant trouverait du mal à convaincre un élève par la parole, alors qu’il est élevé chez lui sous la violence.
    néanmoins, pour le moment la grande responsabilité revient à l’école, vu l’analphabétisme des parents et leur inconscience des dangers de l’usage de la violence envers leurs enfants.

  2. Hosni
    24/12/2008 at 23:41

    L’article de Si Bahri met le doigt sur un problème réel de notre système éducatif et qui a, par la force des choses, un lien avec les autres systèmes sociétaux. Bon courage Si Bahri

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