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Similitudes et inquiétudes

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Le mot « moral » m’effraie il est tellement utilisé et depuis que nos hommes politiques l’utilisent  d’une manière immorale je m’en méfie. Nos gouvernants et décideurs sont pris par la gestion des crises quotidiennes  juste pour éviter la dérive totale  alors que notre véritable  crise  découle avant tout de l’absence d’une vision et de projets de société. Nos dirigeants, en premier lieu, qui n’ont pas été à la hauteur des attentes de leur population et des transformations en profondeur que connait le monde  et qui, au lieu de confronter cette crise avec sérieux et avec probité ont non seulement voulu la récupérer à d’autres fins en contradiction totale avec les sentiments des populations, mais ont en fait un marché. Les structures mentales qui produisent la nullité socio-économique et le mimétisme culturel n’ont plus de prise sur eux. Nos politiques et gouvernants  sont très conscientes de l’injustice d’un système national marocain où les riches (aux sources de richesses pas très catholiques)  représentent  moins de 20% de la population marocaine et exploitent  plus de  80% des ressources et refusent  toute redistribution.
L’élitisme pousse certains de nos penseurs et hommes politiques à dire que nos populations ne sont pas encore demanderesse de démocratie économique , sociale et culturelle  et que l’élite se doit de l’éduquer et la diriger dans ce sens ! Selon cette logique les centaines de milliers de victimes du colonialisme n’étaient pas demandeurs de liberté alors qu’ils ont sacrifié leur vie pendant que des « dirigeants » signaient des pétitions, lançaient des appels à l’étranger et tenaient des conférences de presse à travers le monde. Oui, quand il fallait mourir, quand il fallait aller dans le maquis, on était un demandeur de démocratie et de liberté mais aujourd’hui que des gens se sont accaparés le pouvoir, ont  fait de la corruption une institution, ont endetté le pays avec de l’aide étrangère, ont dilapidé les deniers publics, kidnappé l’identité des marocains et détruit même leur honneur  pour se maintenir en tête. Les choses ne sont plus les mêmes. Quel est l’être humain qui n’est pas demandeur de dignité, de justice, de liberté et de démocratie ? Un jour on découvrira un gène qui prouvera que le sens de la dignité est inné et qu’il est connu à tous les êtres humains. Cette dignité fait partie de la créativité, vouloir se l’approprier et l’accaparer dans le temps et dans l’espace c’est faire preuve non seulement d’arrogance culturelle mais aussi de manque de respect pour l’être humain en tant qu’espèce avant d’être un marocain ayant le plein droit .L’indépendance de penser est la valeur des valeurs car c’est elle qui hiérarchise le choix des valeurs.

La crise que nous vivons actuellement est d’abord une crise de communication culturelle à deux niveaux : entre les gouvernants et les gouvernés ; entre l’élite et la basse classe sociale,  nous avons encore des dirigeants, des enseignants et des intellectuels qui eux aussi ne savent pas ou ne veulent pas communiquer culturellement et refusent de  partager leur savoir et expérience avec leurs  populations ayant besoin  -ce sont des aliénés culturels, qui ont un complexe d’infériorité et qui ne retrouvent leur force et leur inspiration que quand ils retournent aux valeurs de ceux qui  les leur  dictent en permanence par de nombreux canaux. Il faut réapprendre ou tout simplement apprendre à être soi-même. Il faut avoir beaucoup plus de rigueur dans l’analyse et un minimum de probité au niveau du comportement social : cela s’appelle la propreté. Nous avons trop de gens qui se sont salis consciemment ou inconsciemment et nous avons encore dans notre pays  où la « francophonie » démange encore beaucoup d’intellectuels et d’hommes politiques qui ne se reconnaissent que si ils ont été reconnus d’abord à Paris (la dernière polémique suscitée par le cahier de charge sur les télévisions en est la preuve). Et encore ce sont eux qui ont eu le dessus. La francophonie ne peut être dissociée des concepts historiques juridiquement liés à la période coloniale et celle de la décolonisation encore inachevée.
Tant qu’on n’aura pas dépassé cela, tant que l’on n’aura pas le courage d’être soi-même,  il ne faut pas être  dans le domaine de la transmission de la connaissance ou de la gestion des affaires publiques où il ne devrait pas y avoir de place pour un mercenariat au service de causes et d’idées des autres « clés en mains ». La véritable liberté est d’abord celle de soi-même. Elle est au niveau des âmes, des cœurs et des esprits.
Quand l’intellectuel ou le décideur acquiert une valeur vénale et devient coté comme à la bourse avec un prix affiché cela devient inquiétant. C’est cela notre crise. Elle est d’abord en nous. On devrait avoir le courage de procéder à notre propre autocritique.
On voit  de quelle manière l’opportunisme politique évolue, on voit comment les situations qui ont toujours supposés des solutions urgentes se ressemblent, on crée le FDIC en 1965 pour la défense des institutions constitutionnelles  et  on a reproduit le PAM plus de quarante ans après pour la consolidation du projet social du palais comme ont soutenu ses inspirateurs, on a inventé l’alternance et on a reproduit en gouvernement new constitution, on a crée le CNJA et on a reproduit en CIOPE, et puis carrément en INDH. On a « institutionnalisé » et «  démocratisé » le parlement qui nous donne le gouvernement, mais on continue d’avoir un gouvernement de l’ombre pour ne pas dire du palais, nous avons des institutions doubles, voir des fois triples pour une même mission, pour un résultat toujours nul et improductif. La honte !
Les situations inquiétantes reviennent toujours et nous reproduisons les mêmes bêtises pour leur contournement, nous ne prenons même pas le temps d’évaluer le résultat de nos orientations histoire d’en corriger les contours pour toute rectification utile. Il faudrait que l’on cesse d’agir par réaction. Le réactionnel systématique est souvent mal sain, il peut être trompeur d’apparence, car il ne serait pas si intelligent que ça que l’on reproduise des solutions adoptées par le passé et ayant montré leur limite. Cela peut  retarder la chute ou la faille incontournable, mais ne produit aucune assurance effective que ce qui vient peut être une véritable source de quiétude.
Nous sommes à la traîne à cause de nous même, nous sommes impuissants d’accompagner l’évolution de notre pays, parceque nulle n’a confiance vraiment en ceux qui nous gouvernent.
Triste sort que le notre

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1 Comment

  1. Mohammed Essahlaoui
    08/05/2012 at 11:46

    BRAVO SSI SADKI POUR VOTRE CIRCONSPECTION ET VOTRE PERSPICACITE, TANT AU NIVEAU DE L’APPROCHE EMPRUNTEE QUE SUR LE PLAN DE L’ANALYSE ADOPTEE.VOTRE TEXTE/ARTICLE A CARACTERE DENONCIATIF TEMOIGNE,EN PLUS,D’UN REGARD SOCIOPOLITIQUE FRANCHEMENT ENGAGE ET QUI NE TROMPE PAS.PERMETTEZ-MOI SSI SADKI DE VOUS EXPRIMER LE SENTIMENT PROFOND DE MA CONSIDERATION RESPECTUEUSE./.
    BIEN CORDIALEMENT:Mohammed Essahlaoui

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