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Voter, c’est se faire avoir !

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Au fil des années passées, les électeurs marocains ont tantôt voté pour la gauche, tantôt pour la droite et toutes les fois qu’ils ont voté, il se sont fait avoir par ceux à qui ils ont confié leurs voix et en qui ils ont placé leur confiance. Ils se sont fait donc avoir autant de fois qu’il leur a été donné de voter : les résultats des élections dépendaient fatalement de la volonté du makhzen et non des voix tombées dans les urnes. Le bakchich, les dîners au poulet aux olives rouges, ou à la viande de mouton aux prunes et aux amandes, les promesses d’un emploi offert aux courtiers tout de suite après le compte des voix,  ou d’un lendemain meilleur pour le petit peuple où le pays se transformerait en un chantier digne de la reconstruction de l’Allemagne à la veille de la deuxième guerre mondiale, sont des arguments qui reviennent comme un refrain dans les campagnes électorales et qui sont de nature à convaincre ceux qui se font appâter par les dîners aux poulets aux olives rouges ou à  la viande de mouton aux amandes et aux prunes, par les promesses creuses et qui avec le temps et l’habitude deviennent les  naïfs éternels des campagnes électorales  .

Quand le vent des partis politiques ne soufflait pas dans les voiles du makhzen, celui-ci réajustait le souffle et non les voiles. Le makhzen laissait faire quand ça allait dans le sens de ce qu’il voulait et quand ça n’allait pas, il intervenait, mais, chose certaine, ça allait toujours dans le sens de ce qu’il voulait et le cheikh, le mkaddam, à défaut de courtiers déguisés en  honnêtes citoyens, ne sont jamais loin des centres électoraux pour ne pas dire des urnes. En fin de compte, makhzen et partis politiques riment ensemble et ceux qui ont voté pour les partis politiques ont maladroitement cru que ceux-ci étaient plus proches d’eux que du makhzen. Erreur. Les partis politiques jouaient le jeu du makhzen avec qui ils flirtaient ou entretenaient des liens secrets fondés sur des compromis obscurs établis sur le dos des électeurs et par conséquent sur celui de toute une nation.

Ainsi, les mêmes discours des mêmes personnes ou de leurs ayants droits reviennent à chaque campagne électorale et sur le même tempo : chez-nous, il convient de le faire remarquer, il n’y a pas de partis politiques au sens politique du terme, mais des familles dont les membres se relaient de père en fils sur des postes de prises de décisions : à la mort de papa, c’est le fils, ou un proche parent qui prend la relève. On passe le témoin à un membre de la famille qui est à la réception ! Remarquez bien les noms des leaders des partis politiques  et ceux des ministres : ce sont les mêmes noms et les mêmes figures rabougries et les mêmes têtes blanches qui reviennent dans les campagnes électorales et dans les postes de prises de positions ;ils étaient déjà là avec un roi et ils sont encore là avec un autre. Il m’arrive souvent, chose un peu curieuse, de me demander comment à leur âge leurs pieds continuent encore à les porter. En définitive, tant que ces personnes sont là, le pays restera là et il prendra de la couleur de leurs joues et de celle de leurs cheveux et marchera à l’allure de leurs pieds.

La faiblesse du citoyen marocain pour ne pas dire son défaut c’est qu’il place sa confiance dans des politiques qui l’ont eu plus d’une fois et il continue à leur faire confiance et par conséquent à se faire avoir encore une fois. L’adage populaire, si l’on veut en tirer enseignement et ligne de conduite, dit qu’on ne doit pas se faire mordre deux fois du même trou. Or les citoyens qui sont pleins de sagesse et de bonté de cœur, se font mordre plus d’une fois et du même trou, ce qui, en clair, signifie qu’ils se feront avoir encore une fois par des personnes et des partis. Pour qui voter donc ?  L’adage populaire, encore une fois nous éclaire mieux que les discours des politiques : on aura beau choisir dans une couvée, on emportera tout au plus un chiot. Cette année, comme les nombreuses années que nous avons vues passer, n’apportera rien de nouveau avec elle tant que ce sont les mêmes figures qui reviennent, car si dans les autres pays dits démocratiques, voter c’est accomplir un devoir national, dans le nôtre, voter c’est se faire avoir.

 

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3 Comments

  1. Omar Bouknana
    06/11/2011 at 16:13

    je vous remercie beaucoup Monsieur ZAID pour cet article tres intéréssant.Ce que vous décrivez, Monsieur, est la pure vérité.Cependant ,si les urnes sont la seule possibilité de changement dans ce pays est ce qu’il ne nous est pas permi de participer en espérant un lendemain meilleur?votre diagnostic oh combien précis de notre situation politique actuelle n’est-il pas le début déja du changement? c’est vrai que les générations précédantes se sont faits avoir, mais celle ci compte bien voter et faire valoir sa citoyenneté pour couper avec les pratiques makhzéniennes apparenant a un autre temps qu’on espére déja révolu.
    Mes Respects Monsieur ZAID

  2. M. KACEMI
    07/11/2011 at 20:20

    « les résultats des élections dépendaient fatalement de la volonté du makhzen et non des voix tombées dans les urnes »: Cela est une des raisons principales de l’émergence du mouvement 20 Février

  3. M.Nejjari
    08/11/2011 at 22:01

    Voter doit rester un devoir quoi que ce soit les circonstances,je dois croire que ce n’est plus comme avant. une sage personne ne doit pas se faire mordre deux fois du même trou, je suis tout à fait d’accord avec M. Zaid .Il est temps de faire un bon choix , le Maroc ne peut pas et ne doit pas faire marche arrière cette fois ci ,tout le monde doit faire de son mieux pour réussir ce processus électoral pour un nouveau Maroc fort et démocratique. Cela ne peut se realiser que si tous les Marocains participent sérieusement dans ces élections . Nous avons un rôle en tant que citoyens et nous somme responsable on ne doit pas rester indiffèrent c’est le devoir de chacun de nous d’aller voter et voter en faisant un bon choix pour corriger les erreurs du passé.

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