Home»Correspondants»Apprendre les langues : Fortifier l’expression libre et dédramatiser l’erreur

Apprendre les langues : Fortifier l’expression libre et dédramatiser l’erreur

0
Shares
PinterestGoogle+

Kaoutar CHERRADI

Doctorante en sciences de l’éducation

Psychologue de l’apprentissage, pédagogie et évaluation

Email : kaoutar892008@hotmail.com

 Apprendre  les langues :

Fortifier  l’expression libre et dédramatiser l’erreur

(Extrait dans un mémoire de magistère en Sciences du Langage préparé par AMAL SALEH sous la direction de Madame ROUBA HAMMOUD, en 2010, sous le titre « La Problématique de l’Apprentissage du Français Langue Etrangère chez l’adolescent en Syrie. Problèmes et Solutions » 2010, pp 162-164).

« Nous avons tôt fait de remarquer qu’il se peut que certains enseignants, et même les experts parmi eux s’interrogent sur l’origine de l’apprentissage défectueux des langues chez les élèves malgré les efforts que déploient. Ils se posent ainsi constamment la question suivante : comment devons- nous enseigner pour que les élèves apprennent ? Au fait, nous avons tendance à considérer que cette question est de nature complexe et générale qui admet tant de réponses subdivisés n’étant pas nécessairement des solutions satisfaisantes. Cette question s’oppose à un ensemble d’autres questions qu’on estimerait ponctuelles et qui nécessairement des réponses précises et des solutions satisfaisantes, comme par exemple : pourquoi les élèves ne copient pas bien correctement ce qui est écrit au tableau ? Alors, on réagit à ce dernier problème en écrivant au tableau d’une manière plus lisible, plus claire et en consacrant plus de temps aux élèves pour qu’ils puissent écrire à leur aise, c’en est fait, le problème est résolu. Cette question semble donc simple et relève d’un problème qu’on pourrait résoudre d’une manière satisfaisante. Mais, lorsque la question didactique n’a pas de solution unique, simple et permanente elle se transforme en problématique. Réfléchir, en didactique des langues, c’est aussi passer de la question : « que puise- je faire pour résoudre le problème de discipline que pose tel élève ? » à « la problématique de la gestion de la discipline en enseignement scolaire des langues » ; ou encore passer de la question « comment enseigner pour faire apprendre ? » à « la problématique de la relation enseignement/apprentissage».
La chose la plus importante dans une classe de langue est de faire comprendre aux apprenants que l’enseignant n’y est pas pour les pénaliser mais pour les aider, les encourager. Comme la plupart d’entre eux veulent réellement réussir et progresser, il faut donc établir une condition qui soit essentielle à la réussite de cette tentative, à savoir l’engagement volontaire de leur part, tant au niveau de leur attitude qui devrait changer et être plus positive et optimiste, qu’au niveau de leur prise des responsabilités, des initiatives qui devrait être nombreuses et venir de chacun d’eux. Il faudrait donc veiller à ce que chacun ait le temps de réfléchir, à ce qu’aucun apprenant ne soit pas interrompu quand il parle et que chacun puisse prendre la parole le moment opportun.
Ces aspects sont très importants car ils constituent une indispensable condition au maintien de la motivation de tous. L’enseignant doit donc être patient et ne doit pas intervenir vite parce que cela découragerait ses élèves. L’expérience montre que nous avons toujours tendance, en tant qu’enseignant à intervenir trop tôt, que ce soit pour corriger une erreur ou pour donner une réponse parce que nous trouvons qu’elle ne vient pas assez vite. Par contre, il faut susciter la production de l’apprenant parce qu’ « on sait que tout enseignement magistral qui ne donne pas la parole aux élèves, qui ne suscite pas ou même n’exige pas cette parole, empêche que les choses à dire soient dites. (…). Il ne suffit pas de dire les élèves ne réagissent pas à ce qu’on leur présente, n’ont rien à dire, il fait partie du travail de l’enseignant de les inciter à réagir et à dire » (Régine, 1999, 54).
Examinons ci-dessous les pistes, qui permettraient aux enseignants d’encourager le développement d’une expression efficace au même titre qu’une réflexion critique chez les apprenants :
– « Donner la possibilité de réfléchir pendant les classes des langues le plus souvent possible – Accepter toutes les idées des élèves avec tact ;
– S’abstenir de corriger les fautes et défendre aux apprenants de se moquer des idées ridicules ;
– Encourager l’initiative des timides par des phrases telles que : « tu as le droit d’exprimer ce que tu penses, je veux vraiment connaître ton point de vue, on peut apprendre des choses de toi », afin de l’encourager à parler ;
– Les apprenants doivent s’habituer à avoir confiance en eux-mêmes et manifester de la patience en écoutant les autres ;
– Les apprenants ne doivent pas attendre la seule et la juste réponse de la part de l’enseignant. Quand ils réfléchissent, la diversité d’opinions apparaît en plus quand ils voient que leurs opinions sont appréciées par le professeur ils commencent à se sentir à l’aise et à sentir la responsabilité de ce qu’ils disent et comment ils disent »(Zita, 2001, 38).
Là encore, il incombe à l’enseignant d’expliquer aux élèves que l’évaluation et la note qui l’accompagne ne devraient pas être prises comme sanction, même si la note n’était pas très bonne ou satisfaisante, mais plutôt comme un moyen de se situer et de faire un bilan des progrès que l’on a faits. Ainsi, les élèves ne prennent des risques que si l’enseignant établit clairement les choses quant au fait qu’ils puissent se tromper et commettre des erreurs. Il s’agit donc de signaler les erreurs mais en encourageant la prise de risque. Autrement dit, l’enseignant doit dédramatiser la situation en leur expliquant que, même s’ils se trompent, leur tentatives serait louable parce que les erreurs sont inhérentes et nécessaires à tout processus d’apprentissage, parce qu’il ne s’agit pas de les considérer comme des comportements négatifs et que c’est en partant de leurs propres erreurs qu’ils pourraient mieux les comprendre, voir aussi les corriger eux-mêmes, et évaluer leur niveau et « l’erreur serait ainsi pour l’élève une façon de vérifier ses hypothèses sur le fonctionnement de la langue qu’il apprend » (Christian, 1995, 328).
Vus sous cet angle, les élèves pourraient arriver à la conclusion qu’il faut essayer pour pouvoir progresser, et ce même s’ils ont l’impression qu’ils vont dire quelque chose qui n’est pas correcte. Il est donc très important de se rappeler, en tant qu’enseignant, qu’on est dans la classe pour les faire progresser, les faire atteindre la réussite et pas pour les déjouer ».
Référence :
AMAL SALEH. « La Problématique de l’Apprentissage du Français Langue Etrangère chez l’adolescent en Syrie. Problèmes et Solutions ». Mémoire de magistère en Sciences du Langage, sous la direction de Madame ROUBA HAMMOUD. Faculté des lettres et des sciences humaines , Département de français. 2010, pp 162-164.
Josette REY-DEBOVE. « Dictionnaire du français. Référence/ Apprentissage. Dictionnaires LE ROBERT » . CLE International, 1999, p.605.
Régine DELAMOTTE-LEGRAND. « La personne langagière », in Ethique. Communication et éducation . Le français dans le monde. Paris, Hachette, N° spécial, 1999, p. 54.
Zita TARVYDIENNE. « Développer la réflexion critique en classe de français », in Le Français dans le monde. Paris, CLE International, N° 317, 2001, p.38.
Christian PUREN. « Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues ». Paris , CLE International, 1995, p.328.

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

1 Comment

  1. Hajar TAHIRI
    02/04/2016 at 18:38

    très bien dit KAOUTAR , bonne courage notre chère doctorante

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *