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L’expression du moi dans le roman marocain d’expression française ? (Chraïbi-Sefrioui-Taïa)

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L’expression du moi dans le roman marocain d’expression française ?
(Chraïbi-Sefrioui-Taïa)

Mohamed ES SBAI
Intervention au colloque sur le thème : « Littérature marocaine en langues étrangères et identité culturelle » : 23-24 février 2011 (Salle Nidae Salam, faculté des lettres et sciences humaines Oujda)

I-Introduction
Le débat sur l’identité culturelle dans le roman marocain d’expression française remonte aux années de la naissance de l’écriture romanesque au Maroc. En effet, à l’aube de l’indépendance, Driss Chraïbi fut l’objet d’’une critique acerbe de la part des « nationalistes » qui l’accusèrent de « trahison ». Son Passé Simple (1954) choqua les intellectuels et les résistants de l’époque. Au centre du débat, se trouvaient des thèmes en rapport avec l’identité : l’attitude envers la religion, l’image du père, l’attaque des symboles historiques de la nation, la famille traditionnelle, les limites des libertés individuelles… Il n’est réhabilité que plus tard par les écrivains de la Gauche, notamment Abdellatif Laâbi dans la revue Souffles qui lui consacra son premier numéro en 1967. Chraïbi quitta le Maroc et s’installa définitivement en France. En contre partie, Ahmed Sefrioui, est dévalorisé par la même revue car il n’est pas assez « subversif », dit-on. Son roman autobiographique « La Boîte à merveilles » est ancré dans la culture du Maroc sous le Protectorat et constitue un tableau ethnographique, voire folklorique, plus ou moins valorisant de la couleur locale, des traditions marocaines. Malgré les problèmes du narrateur, sa solitude, son exclusion, l’histoire s’achève dans un dénouement heureux. De sa part, Mohammed Khair-Eddine dans son roman actuellement au programme au secondaire, soulève avec acuité le thème de la modernité et dévalorise la société traditionnelle. De nos jours, cette question prend plus d’ampleur et d’audace avec un jeune écrivain qui revendique son identité homosexuelle (Abdallah Taïa) et qui fait la une des organes de presse francophones au Maroc. Alors, nous pensons que ce débat ouvert par le CERHSO vient à un moment propice, car, au fond, il touche même les grandes orientions de la politique culturelle marocaine.
Problématique :
Certains intellectuels voient dans la figuration du « moi » dans ces romans un aspect de modernité, une bouffée de liberté d’expression et de droits de l’Homme, un rejet des symboles de la culture archaïque et sclérosée qui entérinent le despotisme et l’arbitraire. Les défenseurs de ces romanciers interdisent toute interprétation allant à l’encontre de leur thèse sous prétexte que l’artiste ne fait que dénoncer l’injustice et l’hypocrisie de la société marocaine. D’autant plus qu’il s’agit d’œuvres de fiction qui n’ont pas à respecter les valeurs de la société. D’autres, au contraire, y voient une « conspiration » contre notre identité nationale et contre l’Islam. Une dénaturation de nos symboles historiques et nationaux, une aliénation pure et simple, une pérennisation de l’œuvre coloniale, une « bâtardise » pour reprendre le terme d’Ahmadou Kourouma. Leur mise en place au lycée risquerait de « déstabiliser » notre système de valeurs et de battre en brèches tous nos principes et valeurs prônés par la Charte nationale de l’éducation. Comment voulez-vous faire aimer une œœuvre littéraire aux lycéens alors qu’elle contient des propos insultants à leur égard ? s’insurgent certains enseignants du secondaire. Nous nous contenterons dans cette intervention de poser le problème et de soulever des interrogations sur ce thème à caractère à la fois littéraire, didactique et culturelle. On commencera d’abord par la définition des concepts, avant de traiter la représentation de notre identité culturelle dans trois expressions romanesques différentes, pour voir enfin dans quelle mesure ces œœuvres sont représentatives des dites « constantes » de notre identité culturelle.
II-Définition des concepts
On entend grosso modo par « identité » ce qui fait la particularité d’un individu ou d’un groupe. Mais, le concept d’« L’identité culturelle » renvoie à une catégorisation des personnes ou des groupes ?en fonction de leur culture? Selon les approches, qu’elles soient objectives ou subjectives, le terme d’identité ?culturelle n’a pas le même sens. ? Enfin, parler d’identité culturelle au singulier n’est pas possible. ? L’identité n’est pas une notion statique, elle se construit, se déconstruit, se reconstruit à ?chaque interaction entre groupes? Pour certains courants de pensée, c’est l’identité collective qui prime. Dans cette optique, chacun est implicitement considéré comme un membre interchangeable d’un groupe envisagé comme son identité essentielle sinon unique. Voyons maintenant comment est définie notre « identité culturelle » dans Charte Nationale d’éducation et de formation : « 1. Le système éducatif du Royaume du Maroc se fonde sur les principes et les valeurs de la foi islamique. Il vise à former un citoyen vertueux, modèle de rectitude, de modération et de tolérance, ouvert à la science et à la connaissance et doté de l’esprit d’initiative, de créativité et d’entreprise. 2. Le système éducatif du Royaume du Maroc respecte et révèle l’identité ancestrale de la Nation. Il en manifeste les valeurs sacrées et intangibles : la foi en Dieu, l’amour de la Patrie et l’attachement à la Monarchie Constitutionnelle. (…). » 1 Ces constantes du Royaume, que certains considèrent comme tabous, forment théoriquement la devise du Maroc  « Dieu, la patrie, le roi », exactement comme la France a sa devise « liberté, égalité, fraternité » que tout citoyen est tenu de respecter.
3-Notre identité culturelle dans certains romans marocains d’expression française:
Nous nous limiterons à 3 auteurs qui ont été le plus controversés, 3 expressions de moi qui adoptent des prises de positions différentes vis-à-vis de notre identité culturelle :
3.1-Un moi réformateur (Ahmed Sefrioui)
Dans « La Boite à merveilles », l’identité culturelle marocaine est plus ou moins mise en relief, magnifiée ; du moins le lecteur est devant un moi non agressif à l’égard de son identité culturelle. Cette « réconciliation » avec la culture dominante de l’époque ne plaisait pas à Laâbi, l’une des figures de la Gauche marocaine: « Mais ces œouvres ne dérangeaient rien. Elles décrivaient une vie quotidienne en hibernation, s’y complaisaient, des ‘états d’âmes’ qu’appréciait beaucoup le public étranger friand d’exotisme serein et d’orientalismes. Ce monde figé où triomphe l’anecdotique, ‘la description haute en couleurs’, était mû par divers complexes et surtout par le besoin d’exercice de style : ‘un magicien de la langue française’, dira à ce propos un critique bien protecteur. A. Sefrioui ne demandait pas plus que cette consécration par un diplôme d’honneur et de mérite. »2 C’est un roman ethnographique qui chante la couleur locale, la diversité et l’harmonie de la société marocaine, même si le narrateur s’ennuie de la solitude et s’évade dans le rêve et l’imagination. Malgré les reproches et la caricature, l’auteur aspire au changement social. Les valeurs magnifiées dans le roman sont : la solidarité des voisins de Dar Chouafa, la fête de l’achoura, la gentillesse des marchands de tissus à Fès, le repas des mendiants. Pour Sidi Mohamed, le père est le symbole du courage, (querelle avec le dellal à la Kissaria), de la protection (le vide qu’il laisse après son départ). La mère est certes bavarde, analphabète et superstitieuse, mais d’un bon cœur. Le souvenir d’une dispute entre elle et sa voisine Rahma, puis la disparition de Zineb sont l’occasion pour le narrateur de dépeindre l’altruisme, le pardon, la grande vertu de cette jeune femme pleine de vie et loin de toute rancune. Son don pour l’imitation des voisins révèle son talent de comédienne qui égaie tout son entourage. Le narrateur tient à décrire la culture marocaine de l’époque dans toute sa richesse et sa diversité (le rituel du bain maure, la visite des marabouts, les habits traditionnels, les fêtes, l’architecture des maisons de Fès, les funérailles, le mariage, le divorce, la polygamie…). Donc, malgré la monotonie et la platitude de la vie, le narrateur reste clément à son entourage : « je me sentais capable de bonté, d’indulgence, j’étais d’une générosité sans bornes. Je pardonnais à Zineb, dans mon for intérieur, toutes les misères qu’elle m’avait fait subir ; je pardonnais à son chat qui était revenu après s’être débarrassé de son collier, ma belle chaîne d’or, je pardonnais aux mardis d’être des jours trop longs, à la baguette de cognassier de mordre si souvent la chair fragile de mes oreilles, je pardonnais aux jours de lessive d’être particulièrement froids et tristes, je pardonnais tout au monde ou du moins à ce que je connaissais du monde. »3 Parallèlement à cela, le narrateur esquisse un portrait peu flatteur au colonisateur, aux sbires, au Chérifiens, aux Chrétiens. Le colonisateur utilise sa puissance et sa richesse pour spolier l’identité du colonisé, d’où la mise en garde fréquente de la mère contre l’Autre, le Chrétien : « – Mé ! Dis-moi à qui appartient cette maison ? – Ce n’est pas une maison, c’est un bureau de Chrétiens. – Je vois des Musulmans y entrer. – Ils travaillent avec les Chrétiens. Les Chrétiens, mon fils, sont riches et paient bien ceux qui connaissent leur langue. – Est-ce que je parlerai la langue des Chrétiens quand je serai grand ? – Dieu te préserve, mon fils, de tout contact avec ces gens que nous ne connaissons pas. »4 Si Sefrioui a opté pour un moi réconciliateur et clément à l’égard de l’identité culturelle marocaine, Chraïbi, lui, est très hostile à cette culture. Aux antipodes de Sidi Mohamed, Driss Ferdi (narrateur et personnage principal du Passé Simple) est un franc-tireur qui se révolte contre tous les aspects culturels et civilisationnels du Maroc.
3.2-Un moi subversif et violent:
Lors de sa parution en 1954, Le Passé Simple fit l’effet d’une véritable bombe disait un éditeur dans sa présentation, puisqu’il dépasse toutes « les lignes rouges » de la liberté d’expression d’un écrivain. Il projetait le roman maghrébin d’expression française vers des thèmes majeurs : poids de l’Islam, condition féminine dans la société arabe, identité culturelle, conflit des civilisations. « Driss» s’oppose violemment à son père ainsi qu’aux pesanteurs de la société marocaine et part étudier en France. Ce roman qui stigmatise le poids de l’Islam et la condition faite aux femmes, évoque les conflits de civilisation, les problèmes identitaires de l’individu formé par deux cultures… A propos des circonstances de l’apparition du roman, Tahar Ben Jelloun écrit : « Le livre parut au moment où les Marocains luttaient pour l’indépendance du pays. Les nationalistes reçurent très mal ce roman qui osait critiquer la société traditionnelle juste au moment où, au nom de cette identité nationale, arabe et musulmane, ils voulaient expulser la France du Maroc. Rebelle à tout, Driss Chraïbi continua son travail d’écrivain, sans concession, sans tendresse. Le livre fut interdit par les militants. On parla même de trahison. On lui reprocha d’avoir ‘ fait le jeu des ennemis de la société marocaine ‘. » 5 Le roman combat avec force les pratiques religieuses : « L’Islam. L’on y vit ainsi, des subtilités- et l’on ne peut y échapper autrement. Sinon par un suicide mental. » [p. 2396], «  je parle du Ramadan: ni boire, ni manger, ni fumer, ni coïter », « est-ce en raison de cet ordre de connexion qu’un fidèle, parlant d’une brosse à dent, dira : « C’est une poire » – si par malheur le Koran a jugé : c’est une poire ? » [p. 116]. ….. », «  Le fkih souleva son siège et péta trop fort » [p. 78], « Nom de dieu : durant 29 jours on s’est serré la ceinture, on ne s’est pas saoulé, on n’a pas baisé , respectant une tradition de con » [p. 150],  « …ainsi parlait le pâtre de Koreich… »(en parlant du prophète). [p. 90]. Le narrateur brosse une image très négative de la femme marocaine, aussi dira-t-il dira de sa mère : « Qu’était-elle, sinon une femme dont le Seigneur [son mari] pouvait cadenasser les cuisses et sur laquelle il avait droit de vie et de mort? Elle avait toujours habité des maisons à portes barricadées et fenêtres grillagée. Des terrasses, il n’y avait que le ciel à voir – et les minarets, symboles. Une parmi les créatures de Dieu que le Coran a parquées : ‘Baisez-les et les rebaisez ; par le vagin, c’est plus utile ; ensuite, ignorez-les jusqu’à la jouissance prochaine.’ Oui, ma mère était ainsi, faible, soumise, passive. » [p. 40], sachant qu’il n’y a aucun verset coranique allant dans ce sens. Contrairement à Ahmed Sefrioui, le narrateur de Chraïbi dénonce « l’hypocrisie » du père ainsi que tous les marocains qui, selon lui, affichent une fausse piété et qui sont dans la plupart homosexuels : « L’enfant par la suite dut passer par les jambes du père Abbou, pédéraste notoire [p. 47], « je te baise à toutes les prières du soir, c’est entendu. Mais tu manges plus de sauterelles que n’en valent ton derrière » [p. 50], « Père Abbou à sa femme : « tu ne veux tout de même pas que j’aille encore fouiner dans les vieilles peaux que tu as entre les jambes [p. 52], « Nom de Dieu ! durant 29 jours on s’est serré la ceinture, on ne s’est pas saoulé, on n’a pas baisé, respectant une tradition de con » [p. 150] Si les marchands de tissu sont valorisés chez Sefrioui, il n’en est pas de même dans le Passé Simple : « … ces malotrus paysans de Doukkala qu’invitait autrefois mon père, commerce, qui pétaient sonore en plein repas et, serrant leurs fesses d’une main, demandaient où diable « se trouvait le trou à chiure », mais qui, ce faisant, récitaient la formule koranique idoine, très corrects, très honorables… » [p. 229]. Le comble c’est que le narrateur quitte le Maroc à la fin du roman, et dans l’avion, il « pisse » sur tout le pays ! Dans, Naissance à l’aube, 1986, le narrateur vilipende un grand symbole de l’Histoire du Maroc. C’est Tariq Bnou Ziad en le décrivant dans des scènes obscènes avec sa jeune maîtresse : “Quand il la sentit tendre à point comme un bon plat de hargma, quand il huma à plein nez son épice de femelle qui le rendait fou, il la posséda”. Il dira à cette esclave qui refuse de faire l’amour avec lui à cause du sang des règles : « Impure ! Aha! Attends la prière de midi et tu verras. Attends avec ton jus. Ne te lave pas. […] Le sang est ce qu’il y a de plus pur au monde. »7 Les détracteurs n’y ont vu qu’un livre d’insultes ; les tenants de la réhabilitation du roman, qu’une révolte contre le féodalisme. En 1981, Chraïbi affirme : “je ne me considère pas comme un écrivain maghrébin d’expression française, mais comme un écrivain tout court. L’étiquette “d’écrivain maghrébin d’expression française” nous a été accolée par les colons pour nous maintenir dans une espèce de ghetto”8. Dans le cadre scolaire, ce débat sur l’identité prend d’autres dimensions, puisqu’il touche les valeurs constantes et « ancestrales » de la Nation, comme le stipule la Charte Nationale de l’Education et de la Formation. Nous lisons dans les Recommandations pédagogiques de 2007: « La réforme, engagée par le ministère de l’Education nationale, vise le développement d’un enseignement de qualité s’appuyant sur nos constantes civilisationnelles et culturelles ; (…) A l’instar des autres disciplines, le français contribue au développement des valeurs nationales et universelles, telles qu’elles sont énoncées dans les textes de référence officiels. Les propositions pédagogiques retenues prennent en compte cette exigence. Il revient à l’enseignant de mettre en évidence les valeurs véhiculées dans les œuvres étudiées. » 9 Le troisième exemple que nous présenterons est un jeune écrivain qui s’appelle Abdallah Taïa. Originaire de Salé, où il est né en 1973. Il a grandi dans un quartier populaire entre Salé et Rabat où son père est employé dans une bibliothèque, mais sa mère M’Barka, ne sait ni lire ni écrire.
3.3-Un « moi » gay !
Abdellah Taïa, se revendique gay (homosexuel) et le déclare. Il vit en France depuis 1999. Il écrit en français comme d’autres écrivains homos : Rachid O. (L’Enfant ébloui, 1995). Il a été invité par 2M cinq fois et reçu par toutes les maisons d’édition en France. Il révèle à la revue Telquel ceci: ‘je suis le premier écrivain marocain homosexuel’! Dans ses livres à caractère autobiographique, il parle ouvertement de son homosexualité passive, de ses chutes, et même de son rapport incestueux avec son grand frère!! Il a été choisi par cette revue parmi les 50 personnes qui feront le Maroc de demain! La plupart de ces récits sont des autobiographies où des homos racontent avec fierté leurs exploits. Il raconte sa vie de pédé depuis son jeune âge quand il vivait à Salé. Abdallah Taïa écrit un livre qu’il intitule ‘Lettres à un jeune marocain’. C’est un recueil de lettres écrites par des intellectuels marocains vivant en France et qui tendent de prodiguer des conseils et des orientations à la jeunesse marocaine. Il prétend représenter cette jeunesse et parle en son nom.
Le nouveau libérateur de la jeunesse marocaine!
Dans une vidéo enregistrée le dimanche 20 décembre 2009 à Paris, et publiée sur You Tube, l’écrivain marocain Abdellah Taïa répond, dit-on, aux questions des étudiants de l’Institut des Hautes Etudes de Management de Rabat. Il affirme ceci: ‘Nous devons initier le changement au Maroc… Ce changement ne vient pas de nos parents, du pouvoir mais de nous’, ‘la bénédiction de ma mère ne m’intéresse pas’, ‘il faut avoir l’audace de s’élancer’, ‘ il faut remettre en question même l’Islam’ ‘il faut sauver la jeunesse marocaine’, ‘je comprends le désespoir où vivent les jeunes marocains’, ‘l’éducation qu’on reçoit ne nous aide pas à être nous-mêmes’ ‘il faut couper avec ces traditions sclérosantes qui sont, soi-disant, notre identité’, ‘il faut oser poser des questions aux intellectuels qui dorment, qui ne font pas leur rôle’. Il affirme ceci dans une autre interview: ‘on a attendu la mort de Hassan II… on attend toujours…on est tombé dans la malédiction de l’islamisme…on est entre deux feux…’. Quant à son rapport avec l’Islam, il fait des déclarations ambigües comme :’je suis musulman même si je ne le souhaite pas…je suis dans une réinvention de cette religion’. Dans l’introduction de son livre qu’il adresse aux jeunes marocain, il reprend les mêmes clichés de tous les écrivains précédents: « un autre rêve pour le Maroc est possible. Loin de l’hypocrisie et de ses ravages. Loin de la schizophrénie qui hante notre identité. Loin d’une vision arrêtée de l’histoire et de la religion » p11. Plus loin, il dit clairement qu’il vise l’islam et l’islamisme : «  il y a un danger au Maroc. Les islamistes se répandent. Ont malheureusement déjà gagné. Le pouvoir laisse faire. Jusqu’à quand ?» p.12. Le Rouge du Tarbouche (2004) est un recueil de nouvelles du jeune écrivain en quête d’une identité culturelle et sexuelle assumée.
Au-delà de l’homosexualité
Nous vivons dans ‘la peur, la honte et le jugement’, dit Taïa à Telquel, en faisant allusion au code pénal qui punit l’homosexualité publique de 6 mois jusqu’à 3 ans de prison. Mais nous savons tous que les autorités sont très clémentes à ce sujet. Les libertés individuelles intimes sont garanties au Maroc. Le danger selon un journaliste arabophone est l’instrumentalisation politique de la question de l’homosexualité, en vue d’affaiblir notre pays et de saper les fondements de son identité nationale. Telquel introduit son interview avec Taïa par cette formule: ‘Abdallah Taïa est le produit de la politique de l’arabisation’, comme si tous les malheurs du Maroc étaient causés par la langue arabe. Une autre journaliste française de Tropismes lui pose cette question: ‘Ta mère t’a tiré des griffes de l’islamisme?’, comme pour lui suggérer ce qu’il faudrait dire ! Alors il serait légitime de se demander si ces écrivains deviennent une arme contre la langue nationale, sachant qu’ils sont soutenus, voire subventionnés par l’Autre. En effet, Pierre Bergé, dit-on, a distribué 20 000 exemplaires de ce livre avec des numéros de Telquel et Nichane? Pierre Bergé, est l’un des défenseurs de l’homosexualité en France avec son ami le franc-maçon Delanoë. Ces mécènes nous font-ils de la charité? Taïa va même jusqu’à traiter les marocains et les arabes de « racistes » dans une interview10, mais devant le flot de commentaires des lecteurs marocains mécontents, il sera obligé  de présenter des excuses dans une vidéo publiée sur le net.11 Ce discours islamophobe et provocateur risquerait de susciter une réaction francophobe chez le lecteur au lieu de promouvoir la littérature d’expression française et le dialogue des cultures en général.
4-Conclusion :
Pour conclure cette réflexion personnelle, nous dirons que la réception du roman marocain d’expression française a toujours été influencée par la conjoncture sociopolitique et culturelle du pays. Si le lecteur des années 50 était hostile à cette littérature jugée agressive, vulgaire, médiocre …, le lecteur des années 60 et 70, avec la montée du matérialisme marxiste a valorisé cette littérature contestataire et moderne. La langue française était le seul moyen pour dire ce que l’on pensait. De nos jours, avec la fin de la guerre froide et le début de la « guerre civilisationnelle » aux dires du penseur marocain El Mahdi el Mandjra, ces romans sont de nouveau boudés, dépréciés, dénigrés… L’identité culturelle marocaine et ses constantes définies par les textes et les discours officiels, ont toujours été une cible des romans marocains d’expression française. La majorité de ces écrivains se positionnaient dans la Gauche. Ils voyaient dans notre système de valeurs un réel obstacle devant le progrès et le changement. Une lecture psychanalytique expliquerait les injures et les obscénités comme expression des tensions et des pressions propres à une culture donnée. Cette pensée s’exprime aussi dans la presse francophone, soutenue, voire manipulée par l’ex-colonisateur. Certes le français a permis au peuple marocain d’avoir une littérature qui lui servait de tribune pour s’exprimer librement, pour briser les tabous et braver l’interdit, dans une société qui réprimait l’expression du « moi », où le « je » était souvent haïssable. Or dans quelle mesure cette littérature est vraiment originale et loin de toute « colonisation culturelle »?  Dans quelle mesure nos écrivains en français sont –ils autonomes et indépendants de la manipulation de l’Autre ? Peut-on vraiment parler d’une identité culture universelle ?
Oujda le 23/02/2011

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4 Comments

  1. صديق
    16/11/2012 at 12:16

    ما يعجبني في الأستاذ السباعي أنه لم يكتف بالنقد والتحليل، بل أتبع القول بالفعل وطرح بديله في شكل رواية بالمواصفات التي يتبناها: الواقعية والوفاء للهوية الإسلامية والعربية. نتمنى له مزيدا من العطاء والتألق. وندعو القناة الثانية لتستضيفه كما استضافت الطايع عدة مرات.

  2. prof
    16/11/2012 at 19:36

    2M invite les homosexueles et les psychopates .Elle n ont pas interet a inviter un auteur original et competant comme Mr Sbai car il ont la3jina dans la poitrine mais leur fin approche.Un auteur engage qui a des principes issu de sa religion sacree et de sa citoyennete leur fait peur.

  3. touhami
    16/11/2012 at 20:55

    réponse au commentaire n° 1
    Pas du tout mon ami, son analyse est contradictoire comme le montre le passage suage suivant, figurant dans sa conclusion: « Certes le français a permis au peuple marocain d’avoir une littérature qui lui servait de tribune pour s’exprimer librement, pour briser les tabous et braver l’interdit, dans une société qui réprimait l’expression du « moi », où le «je » était souvent haïssable. » de quels « tabous » et « interdit » s’agit-il? Ces phrases suggèrent, à mon humble avis, son adhésion de la cause homosexuelle. Stop

  4. Touhami
    20/11/2012 at 23:51

    correction
    Réponse au commentaire n°1
    Pas du tout mon ami, son analyse est contradictoire comme le montre le passage suivant, figurant dans sa conclusion: « Certes le français a permis au peuple marocain d’avoir une littérature qui lui servait de tribune pour s’exprimer librement, pour briser les tabous et braver l’interdit, dans une société qui réprimait l’expression du « moi », où le «je » était souvent haïssable. » de quels « tabous » et « interdit » s’agit-il? Ces phrases suggèrent, à mon humble avis, son adhésion à la cause homosexuelle. Stop

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