La fonction du chapitre I de la Boîte à Merveilles a pour fonction d’ancrer l’histoire dans son cadre spatio-temporel et de placer les personnages principaux dans ce cadre dans le but de faire démarrer l’histoire. Tout au début du chapitre, Ahmed Séfrioui évoque son passé de petit enfant de six ans en train de tendre des pièges à des moineaux en vue de les capturer pour en faire des amis et dissiper  la solitude qui l’étouffait enfant et qui l’étouffe à l’âge adulte. A partir de l’âge de l’enfant ‘’un petit garçon de six ans’’( Page 3), divulgué dès le deuxième paragraphe du premier chapitre, cet enfant qui va devenir par la suite le héros de l’histoire, comme personnage principal et comme narrateur, le lecteur peut aisément situer l’histoire dans son cadre temporel. Si l’auteur, comme chacun sait, est né en 1915, que l’enfant qu’Ahmed Séfrioui était, avait six ans au moment des faits qu’il va relater, l’histoire de ‘’La Boîte à Merveilles ‘’va tourner autour de 1921.

Pour ce qui est du cadre spatial, en dehors de quelques brèves sorties vers d’autres lieux pour fêter l’Achoura au msid, visiter des saints de la ville, rendre visite à Lalla Aïcha ou au voyant aveugle, se rendre au marché des étoffes… le fond de l’histoire a lieu dans un endroit clos qui porte le nom d’une chouafa du nom de Kanza : Dar Chouafa. La description  du lieu se fait de manière verticale, du bas vers le haut’’les deux pièces du rez-de-chaussée…. Au premier étage….Nous partagions avec fatma Bziouya le deuxième étage.’’(page5). Au fur et à mesure que l’auteur divise l’espace, il le répartit entre les différents locataires qui l’occupent: au rez-de-chaussée, la chouafa, au premier étage, Rahma, son mari et leur fille Zineb ; deux familes se partagent le second étage : d’un côté, Fatma Bziouya et son mari Allal, de l’autre, Lalla Zoubida, son mari Maallem Abdeslam et leur enfant Sidi Mohammed. Les principaux personnages se trouvent ainsi réunis dans une maison commune où ils doivent cohabiter pour le meilleur et pour le pire.

-Pour le meilleur : il est de coutume que la chouafa organise une fois par mois une fête que des gnaouas animent avec des crotales et des guimbris, dans une atmosphère baignée des fumées de benjoin et d’encens que couvrent les youyou des femmes. C’est un univers de toutes les sensations : auditive ’’J’entendais des youyou’’ (page 4), olfactive : ‘’L’odeur du benjoin et de l’encens m’enivrait’’ (page 4), visuelle : je distinguais à travers la fenêtre’’ (page4), tactile/épidermique :’’je sentais les jnouns me frôler’’ (page 4).

– Pour le pire : la dispute de Lalla Zoubida avec Rahma est un épisode sombre de Dar Chouafa comme espace de cohabitation des quatre familles. Mais l’utilisation de l’espace en commun de manière équitable doit nécessairement obéir à des compromis, à des accords, à des ententes. Comme il n’y a qu’un patio, qu’un puits et qu’une terrasse, il est naturel de les utiliser à tour de rôle et toute transgression de ce qui a été établi est de nature à engendrer des conflits. C’est Rahma qui déclenche donc les hostilités et c’est elle qui en fait les frais.

Une fois le cadre spatio-temporel installé et les personnages placés dans ce cadre, l’histoire se met en branle. Elle démarre avec la séquence du bain maure suivie de la violente dispute ayant opposé Lalla Zoubida à Rahma( page 9 à 20).

Récapitulons :

–          Ahmed Séfrioui installe le cadre temporel :1921

–          Il installe le cadre spatial : Dar Chouafa

–          Il place les personnages dans le cadre spatial.

–          Il met en marche l’histoire par le récit du bain maure et celui de la dispute.