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Vers une pédagogie de soutien purement marocaine.

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Khalid Barkaoui
J’ai lu récemment une publication qui renferme un constat amer avec des chiffres édifiants qui nous donnent la chair de poule. Cette publication évoque la démarche indienne dénommée TARL ( teaching at the right level) et qui a montré son efficacité en Inde et dans une panoplie de pays africains. Ces pays qui ont préconisé cette démarche jugée efficace ne figurent pas sur la liste des patries qui ont pris part aux tests d’évaluation à l’échelle mondiale comme PIRLS/TIMSS/PISA…
Les pays qui occupent des places privilégiés sur le classement international comme la Finlande, le Hong Kong, le Japan, le Singapour…n’ont pas adopté cette démarche et pourtant leurs systèmes éducatifs sont donnés comme un exemple éloquent à méditer et à s’en inspirer . Au lieu de focaliser nos efforts sur l’étude de l’efficacité pédagogique et didactique de ces pays qui ont pignon sur rue, on a pris la ferme décision au niveau de notre ministère de tutelle pour expérimenter l’expérience indienne.
Au niveau de la langue française qui est un vrai casse-tête chinois pour nos bambins, on a mis en place ce texte intitulé: c’est la fête
la classe est décorée.
on va chanter et danser.
on va bien s’amuser.
on a pris un échantillon de 100 élèves et on a demandé aux élèves de la 3AEP de lire ce texte. De 100 élèves qui ont pris part à ce test, on a recensé un total de 4 apprenants qui ont réussi tant bien que mal à lire ce texte très court et accessible. 17 élèves en 4AEP et 30 élèves en 5AEP ont pu décoder ce même texte. Ceci montre si besoin est, que le niveau de nos élèves laissent énormément à désirer en particulier en matière de la langue française.
Malgré la formation dispensée à nos enseignants par des inspecteurs qui maîtrisent les ficelles de la démarche indienne, malgré la bonne volonté et l’intention inébranlable de notre personnel enseignant et malgré les efforts déployés, les résultats affichés sont décevants.
Force est de noter que j’ai des observations sur le contenu du texte qui hélas véhicule les valeurs d’amusement, de divertissement et fait appel à la fête et à la décoration. Certes, on veut que nos classes soient un espace parfaitement décoré, soigné et orné, mais on veut que la classe soit un espace d’instruction, de transmission de valeurs humaines et universelles et un espace de développement de la confiance en soi et de l’estime de soi. L’élève vient en classe pour apprendre à lire, à écrire, à coopérer, à partager, à débattre, à échanger, à forger sa personnalité, à vivre ensemble, à résoudre des problèmes complexes d’une façon collaborative et à communiquer sa pensée d’une façon critique et créative. Chanter et danser n’est pas notre priorité. Il est d’autant plus vrai que nos enfants qui passent le clair temps à chanter et à danser n’ont jamais réussi à accroître leurs performances et à maximiser leur productivité. A mon sens, il a fallu écrire un texte qui motive l’élève à lire des livres, à faire des résumés, à analyser un discours, à débattre avec ses pairs, à relever un défi cognitif en recourant systématiquement à une pédagogie de coopération et à apprendre de nouvelles choses dans un cadre stimulant et enthousiaste.
Je ne suis pas contre l’amusement, ni contre le chant et la danse, mais en classe, il faut faire le travail scolaire dans les règles de l’art.
En outre, il est temps de convoquer nos inspecteurs, les formateurs, les universitaires et les enseignants du cycle primaire qui ont accumulé une certaine expérience afin de mettre en place un dispositif de soutien et de remédiation purement marocain.

Khalid Barkaoui
Membre de l’AMEF CP de Boulemane

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