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Le Friauche, Fauche le Vent et Trompe la Mort entre Hugo et Balzac (3°partie: suite et fin)

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tayeb zaid

Le Friauche, Fauche le Vent et Trompe la Mort entre Hugo et Balzac
(3°partie: suite et fin)

Quand la plume de Victor Hugo s’affermit encore plus, et encore mieux, en quantité et en qualité, il revient sur son Friauche dont la société de son époque a fait un criminel pour lui consacrer plus d’espace que trois petites pages dans lesquelles il l’avait enfermé avant de l’envoyer à la guillotine qui l’attend sur la place de Grève. En effet, les Misérables que l’écrivain a écrit en 1862 doit en grande partie sa célébrité à Jean Valjean, dit monsieur le maire, dit monsieur madeleine, dit Fauche le Vent dans la langue des forçats. Si toutefois l’histoire du Friauche se développe sur trois pages, elle raconte dans ses menus détails la vie d’un petit orphelin livré à l’abandon et à la rue qui le forge, le façonne, l’élève, l’éduque selon les règles de pédagogie commune à toutes les rues, pour en faire un délinquant, un criminel, un galérien, un condamné à la peine de mort. ’’Avoir volé un mouchoir ou tué un homme, c’était tout un pour moi désormais’’, se confesse-t-il au narrateur-condamné, son camarade dans la misère, qui doit être exécuté le jour-même. Balzac, dans le Père Goriot, et Hugo dans les Misérables, récupèrent chacun à sa manière le Friauche de le Dernier Jour d’un Condamné pour lui donner une figure plus humaine et le charger d’une mission sociale. Après la faute, le rachat. Après la sortie de route, le retour au droit chemin. Or, malgré toute la bonne volonté du Friauche, de Trompe la Mort et de Fauche le Vent de s’insérer dans la société qui les a rejetés après les avoir marqués du sceau du reniement, celle-ci leur refuse leur intégration en maintenant à jamais leur bannissement. La société a bonne mémoire. Elle ne pardonne pas à ceux qui lui ont nui. Elle ne récupère pas en vue de recycler. Son verdict est sans appel.

Tout comme le Friauche qui a perdu ses parents alors qu’il n’avait que six ans et qui devait subvenir à ses propres besoins par les moyens que lui offrait la rue, Jean Valjean a lui aussi perdu les siens à un âge précoce. Il est recueilli par sa sœur à qui son défunt époux a laissé sept orphelins. Jean Valjean devait donc remplacer son beau-frère dans l’éducation des enfants en travaillant dans l’émondage. Tout comme le Friauche, il a été condamné à cinq ans de bagne pour vol, puis à trois ans, puis à cinq ans, puis à trois ans, puis à cinq ans, puis à trois ans. Au total ,19 ans de bagne de 1796 à 1815. Entre Jean Valjean des Misérables et le Friauche du Dernier Jour, seules deux années de bagne de plus séparent le premier du second.

A sa sortie de prison, il avait en 1815, il avait 46 ans. En 1823, lors du procès de Champmathieu pris pour Jean Valjean, ce dernier avait 54 ans, tout comme le Friauche du Dernier Jour décrit de manière repoussante au chapitre XXIII destiné à la guillotine ’’ ..un homme se trouvait avec moi, un homme d’environ 55 ans, de moyenne taille ; ridé, voûté, grisonnant ; à membres trapus ; avec un regard louche dans des yeux gris, un rire amer sur le visage ; sale, en guenilles, demi-nu, repoussant à voir’’. Mais avant d’être devenu comme il est décrit dans ce passage, il était animé de sentiments nobles en voulant gagner sa vie à la sueur de son front et à la force de ses bras bons pour le travail et à n’importe quel salaire :’’ J’offris mes bras bons pour quinze sous, pour dix sous, pour cinq sous. Point !’’. Il récidive, se fait condamner à la perpétuité, s’évade, se fait arrêter et condamner à la peine de mort.

Après se 19 ans de bagne pour un vol de pain, Jean Valjean veut lui aussi retrouver sa place dans la société parmi les honnêtes gens’’ Je me suis caché sous un nom ; je suis devenus riche, je suis devenu maire ; j’ai voulu rentrer parmi les honnêtes gens. Il parait que cela ne se peut pas’’ (Les misérables. Tome I page 370.

A l’inverse du Friauche de Dernier Jour qui a versé dans les crimes, les meurtres et le sang qui l’ont conduit directement à la guillotine, Fauche le vent des Misérables et Trompe la Mort du Père Goriot ont résisté au rejet de la société qui les a bannis. Le premier est devenu maire après avoir été un riche industriel estimé et aimé pour ses nombreux bienfaits pour les gens de petite condition, le second gère les revenus des dix mille dont une bonne partie est versée aux femmes et enfants de bagnards.

L’histoire du Friauche est en plus petit ( trois pages du Dernier Jour d’un Condamné) celle de Jean Valjean ( 4 tomes des Misérables) ou, dit autrement, l’histoire de Jean Valjean est en plus grand celle du Friauche. D’un autre côté, et de manière similaire et parallèle, l’histoire du Friauche est en plus condensé celle de Vautrin ( Trompe la mort ) du Père Goriot et l’histoire de Vautrin est en éparpillé celle du Friauche.

Zaid tayeb

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