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De la grammaire aux faits de style et de la linguistique à la poétique

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tayeb zaid

Je ne cesserai jamais de rappeler aux faiseurs de phrases comme notre bonhomme qui n’arrête pas de me manquer de respect depuis que j’ai écrit un article sur Debbouze, Assid et leurs satellites dont il fait partie et épingle les perversités sur son mur.

La toute dernière est que notre bonhomme a épinglé l’un de mes articles sur son mur non pour le mettre en valeur comme il avait l’habitude de faire avec ceux qui sont dans son niveau, mais pour en montrer en cérémonie les fautes.

Disons-le tout de suite et avec les mots qui conviennent : quand on veut corriger, on corrige plus ‘’petit ‘’ et non plus ‘’grand’’ que soi, à condition d’avoir les connaissances qui conviennent pour le faire.

A-Orthographe : dans la phrase ‘’Les modernistes, pauvres bonShommes’’ j’ai écrit le pluriel ave S entre ‘’bon’’ et ‘’hommes’’, mais notre érudit m’a rappelé à l’ordre en me faisant remarquer qu’il s’écrit sans S intermédiaire. Disons-lui ce qui suit à propos de l’orthographe d’usage du pluriel de ce mot : ‘’bonShommes’’ (orthographe), ‘’[bɔ̃zɔm]’’(phonétique) et ’’ bonzom’’(prononciation pour les non initiés à l’API).

B-Syntaxe : J’ai écrit dans un autre article la phrase suivante : ‘’Un style maussade, lugubre, macabre est un style ET il porte en lui les marques de son auteur…’’.Mais il se trouve que le ‘’contrôleur’’ de la langue française m’a dit de l’écrire ainsi : ‘’Un style maussade, lugubre, macabre est un style QUI porte en lui les marques de son auteur…’’. Il n’a qu’à bien lire la phrase pour se rendre à l’évidence qu’elle est performative, qu’elle fait ce qu’elle dit, mais je vais lui rappeler quelques règles d’écriture.

La langue française offre à ses utilisateurs trois manières de faires des phrases selon les canons de l’écriture normative : la juxtaposition, la coordination et la subordination qu’il peut combiner et en même temps privilégier l’une sur l’autre pour des raisons autres que grammaticales. Et là nous quittons l’univers du canonique, de l’académique, du prosaïque, du normatif, du codé pour un univers plus vaste, plus libre, plus personnel, et par conséquent plus esthétique, qui est celui de l’écart.

La juxtaposition : ‘’Un style maussade, lugubre, macabre, est un style. Il porte en lui les marques de son auteur…’’. Entre la première phrase et la seconde, il y a une ouverture, un espace, un vide, une aire de repos où l’on peut s’arrêter pour reprendre son souffle avant de reprendre. La relation entre la seconde et la première n’est pas formulée avec les mots de la langue. C’est au lecteur de suppléer à ce manque.
La coordination : ‘’Un style maussade, lugubre, macabre est un style ET il porte en lui les marques de son auteur’’. Entre la première phrase et la seconde, l’ouverture se fait interstice, échancrure, entrebâillement. C’est comme un décolleté qui laisse entrevoir des parties intimes et par où l’on peut voir discrètement, clandestinement, sensuellement. C’est un lieu de plaisir et de jouissance.
La subordination : ‘’Un style maussade, lugubres, macabre est un style QUI porte el lui les marques de son auteur…’’ il n’y a pas de première phrase et de seconde phrase. Il y a un tout indivisible. La brèche entre ce qui était première et seconde phrase est colmatée. Il n’y a ni ouverture ni entrebâillement. Ni aire de repos, ni lieu de jouissance, l’espace est clos.

J’avais le choix entre l’ouvert, l’entrebâillé et le clos. J’ai alors choisi l’entrebâillé pour les raisons que j’ai citées.

Pour ce qui est de ma phrase (2), j’avais la possibilité de l’écrire sous trois de ces formes (1 et 3). Mais j’ai opté pour la coordination. J’ai fait prévaloir le fait de style sur la syntaxe, le noble sur le bas. C’est un choix délibéré : le style porte en lui la marque de son auteur, il est performatif, il fait ce qu’il dit, du moins dans cette phrase que notre herméneute a qualifiée de fausse.

C-Style : Notre pauvre bonhomme qui voulait me corriger ne s’est pas arrêté à ces faits d’orthographe et de syntaxe. Dans son ignorance, qui est plus qu’évidente dans son cas, il ignore les subtilités de la langue et ses tours. Il est encore au stade de l’élémentaire, du scolaire, de ce qu’il a appris à l’école et il est resté à ce stade.

J’ai écrit ‘’Ces personnes se retrouvent dans mon style car ILS n’ont pas de style qui est bien à EUX et à travers lequel ILS peuvent s’identifier…’’J’ai repris le nom féminin pluriel ‘’LES PERSONNES’’ par les anaphores grammaticales masculines plurielles car elles réfèrent en amont à des MASCULINS (Assid, Debbouz) et non à des FEMININS. N’est-ce pas là une SYLLEPSE où l’accord se fait selon le sens ?

Il a eu le culot d’épingler mon texte sur son mur et de le dénaturer par des fautes qu’il y a injectées en me demandant de reprendre ‘’LES PERSONNES’’ par des anaphores féminines et non masculines comme j’ai fait. Pauvre petit !

En conclusion : Quand vous voulez corriger, cher monsieur, corrigez ceux qui sont plus ‘’PETITS’’ et non ceux qui sont plus ‘’GRANDS’’ que vous.

Zaid Tayeb

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