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Francisation ou arabisation ?

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A une francisation générale, toutes matières confondues, héritée de la France a succédé une arabisation générale, toutes matières confondues, pour s’affranchir du colonialisme dont la langue est un vecteur de dépendance, d’aliénation et d’acculturation. Une troisième option vient de voir le jour : une francisation partielle qui ne cible que les matières scientifiques. Cette troisième option survient après l’échec attribué à tort à l’arabisation et par conséquent à l’arabe en tant que langue d’enseignement et d’apprentissage. Certaines voix du petit peuple, qui se disent cultivées et conscientes de l’enjeu, se sont élevées pour louer et glorifier cette initiative. Dans la crédulité dans laquelle leur esprit baigne, elles en viennent à croire que la francisation des matières scientifiques hisserait l’école publique gratuite au rang de l’école privée payante de haut standing du genre ‘’Descartes’’ et par conséquent permet d’aligner leurs enfants sur la même ligne de départ que ceux des familles aisées. Dans leur ignorance, elles voient mal que les familles aisée scolarisent leurs enfants dans les écoles payantes, les envoient par la suite continuer et finir leurs études dans des écoles françaises de grande réputation. Une fois le diplôme en poche, leur avenir est assuré au bled où leurs parents les attendent pour leur remettre le sceptre du commandement. Les enfants du petit peuple, quant à eux, leur parcours s’arrête avec le baccalauréat, que l’enseignement des matières scientifiques ait été dispensé dans la langue de Molière ou dans celle d’Al Jahid. Chez nous, la langue n’abolit pas les privilèges et ne rapproche pas non plus les classes. Tout au plus si les enfants du petit peuple peuvent s’inscrire dans des écoles (ENSA ; ENCG) ou des facultés (de médecine entre autres) à la dérive desquelles nous assistons. Quant à la poursuite des études en France, elles deviennent inaccessibles avec la hausse exorbitante des frais d’inscription nouvellement instaurés. De plus, peu d’enfants du petit peuple envoyés en France finir leurs études reviennent avec un diplôme de haute qualification. Comme on peut donc le considérer, le circuit est ouvert aux premiers, fermés aux seconds. L’accès aux postes de responsabilité également.

Arabisation ou francisation ? C’est du pareil au même.

Se leurrent donc ceux qui croient qu’en classe des matières scientifiques arabisées de l’école publique l’enseignement est dispensé en arabe. De la même manière, se leurrent ceux qui croient qu’en classe des matières scientifiques francisées de l’école publique, l’enseignement sera dispensé en français. Dans le premier cas comme dans le second, les professeurs des matières scientifiques recourent à un troisième moyen d’expression et d’explication commun à « l’appreneur » et à l’apprenant, qui n’est l’arabe écrit ni le français : la darija ou arabe parlée prend le dessus sur la langue de Molière et celle d’Al Jahid.

L’arabisation telle qu’elle se pratiquait par le passé et la francisation telle qu’elle sera pratiquée à l’avenir, n’auront aucun impact sur l’apprentissage des matières scientifiques puisqu’en classe, les explications se faisaient et se feront en arabe dialectale. La francisation n’est en fin de compte qu’une pseudo satisfaction offerte aux enfants du petit peuple de l’école publique pour leur donner l’impression qu’ils ont désormais les mêmes chances que ceux des classes de statut supérieur de l’école privée. C’est un trompe l’œil, une illusion, un sédatif.

Nul n’ignore que le rôle du petit peuple a depuis toujours été de faire pencher la balance, et du mauvais côté, hélas ! Pendant les élections, ce sont les voix du petit peuple qui font porter tel ou tel candidat, si pourri et si corrompu soit-il, sur le podium du succès pour ne plus reparaitre qu’à la prochaine campagne pour un nouveau mandat. Pendant les révolutions, c’est le petit peuple à qui il revient de jouer le rôle de rabatteur, mais c’est au chasseur que revient le gibier. Ni les élections, ni les révolutions n’ont jamais profité au petit peuple.

Ni encore moins la francisation. Non plus.

Zaid Tayeb

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