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Comment faire de l’Oriental un exemple de tourisme alternatif ?»

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Le Matin: Dans la région de l’Oriental, qui dispose, dites-vous, d’un potentiel touristique important, le tourisme constitue un levier de croissance important avec les monts de Béni-Snassen et la forêt de Tafoughalt, mais aussi avec un riche patrimoine historique, architectural et culturel. Vous parlez de tourisme alternatif qui connaît un regain de faveur. Qu’entendez-vous par là ?

Le Matin : Dans la région de l’Oriental, qui dispose, dites-vous, d’un potentiel touristique important, le tourisme constitue un levier de croissance important avec les monts de Béni-Snassen et la forêt de Tafoughalt, mais aussi avec un riche patrimoine historique, architectural et culturel. Vous parlez de tourisme alternatif qui connaît un regain de faveur. Qu’entendez-vous par là ?

Sanaa Moussalim : Le tourisme alternatif est un nom générique donné aux différentes alternatives au tourisme de masse qui englobe différentes formes de tourisme. Les étiquettes sont nombreuses : tourisme éthique, solidaire, équitable, durable, social, communautaire, écotourisme, tourisme rural, tourisme thermal, etc. Le tourisme rural peut être défini comme une forme de tourisme alternatif ayant lieu en milieu rural, notamment chez les agriculteurs. À l’origine, on a utilisé le mot agritourisme, y compris pour des «gens du pays» n’ayant pas forcément d’attaches avec la terre. Ce type de tourisme englobe des pratiques touristiques proches, mais diverses : agro-tourisme, tourisme de randonnée, tourisme vert, activité de pleine nature… Cette forme de tourisme est devenue un créneau qui s’impose de plus en plus au Maroc. Des chiffres nous informent que les touristes qui se sont rendus dans les régions rurales du Maroc sont estimés à plus de 200 000 personnes, réparties entre le Haut-Atlas (100 000 visiteurs), le désert du sud marocain (80 000) et le reste du pays (20 000). Le développement du tourisme rural au Maroc est le résultat de la conjonction de diverses initiatives : initiatives des associations de développement local qui voient dans le tourisme un facteur de revenus supplémentaires sans grands investissements et initiatives des agences de développement, des ONG, des bailleurs de fonds et des acteurs de la coopération internationale.

Dans ce sens, le ministère du Tourisme avait élaboré une stratégie pour son développement. Un mot sur cette stratégie ?

Cette stratégie est bâtie autour du concept du Pays d’accueil touristique (PAT). Il s’agit de la «structuration de l’offre touristique rurale sur un territoire bien défini, jouissant d’un maximum d’attraits touristiques et d’une identité spécifique et présentant en même temps l’avantage de l’existence d’une volonté des acteurs locaux pour la construction d’un PAT». Trois Pays d’accueil touristiques sont aujourd’hui opérationnels : Moyen Atlas, Chefchaouen et Immouzer Ida Outanane. D’autres PAT sont en préparation, dont deux dans l’Oriental : le PAT de Figuig et celui de l’arrière-pays de Saïdia. Le PAT de Figuig est au stade de la mobilisation de partenaires autour de ce projet, alors que celui de l’arrière-pays de Saïdia connaît un démarrage en plusieurs phases. La société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT), entité en charge de l’aménagement touristique et des investissements relevant du ministère du Tourisme, a réalisé le diagnostic participatif nécessaire à la définition du plan d’action de ce PAT et a lancé, durant le mois de juillet 2010, en partenariat avec les acteurs locaux, le test de certains circuits de randonnées dans l’arrière-pays de Saïdia.

La région de l’Oriental possède, dites-vous, tous les atouts pour un tourisme alternatif de qualité. Encore faut-il optimiser ces atouts et organiser l’offre en termes d’hébergement, de loisirs, de sport… ?

En dehors des deux PAT en cours de lancement dans l’Oriental, l’offre en matière de tourisme rural est portée essentiellement par quelques associations et par des particuliers. En matière d’hébergement rural et de logement chez l’habitant, on peut compter à ce jour sur une capacité d’accueil de quelque 500 personnes, dans des gîtes, auberges, chambres d’hôtes, fermes et accueil sous les tentes, réparties du nord au sud de la région. Ce qui reste insuffisant. L’Agence de l’Oriental a mené une étude sur les hébergements ruraux de la région de l’Oriental qui a permis de proposer un Plan d’action pour le développement de ces hébergements ruraux dans la région. Les sites potentiels pour le développement de nouveaux hébergements sont situés sur la côte méditerranéenne : Ras Kebdana, Kariat Arekmane, côte en tre Bni Chiker et Iaazanene… Des activités pourraient être développées à partir de ces emplacements : baignade, pêche, randonnées, découvertes, sport nautique…

À Madagh, où se trouve la zaouïa Boutchichia, des chambres d’hôtes pourraient être développées pour parer au manque d’hébergements, notamment pendant la fête du Mouloud. La région de l’Oriental compte sur son territoire un grand nombre d’édifices religieux et sacrés : mosquées, zaouïas, mausolées et écoles religieuses qui sont l’expression de l’identité et de la culture islamique dans cette région, propice à un tourisme religieux et spirituel, comme c’est le cas en France avec Saint-Jacques-de-Compostelle, Lourdes ou Fatima au Portugal. Ce sont des pôles religieux et des lieux sacrés qui renferment souvent de remarquables réalisations architecturales et artistiques et des fonds d’archives importants, mais qui ne sont pas mis en exergue. Les sources thermales, comme la «Source de Fezouane», située à 10 km de la ville de Berkane, constituent une autre richesse naturelle qui gagnerait à être exploitée. Le triangle de verdure et de montagne autour de Tancherfi, Taghilesset et Dada Ali, où la nature est magnifique, est un site idoine pour inciter les randonneurs à s’y rendre. Dans l’ouest de la province de Figuig, l’hébergement touristique est quasiment inexistant, pourtant la région ne manque pas d’attrait. Il reste que les porteurs de projets ont fait état d’un certain nombre d’attentes, en termes d’aide à la construction, à l’équipement, à la formation des gérants et du personnel, et à la communication autour des gîtes. Pour aider au décollage de la région, nous prévoyons la création d’un label qui permettrait une identification spécifique et un système garantissant la qualité de produits et services.

Quelles sont les mesures concrètes prévues pour aider à la création des gîtes ruraux ?

Il y a un appel à manifestation d’intérêt pour aide à la construction, l’équipement, etc. selon un cahier des charges précis. L’Agence de l’Oriental a mis en place des mesures concrètes pour le développement d’hébergements ruraux : avances remboursables, ligne de microcrédit, financements de projets à fonds perdu, partenariat avec les collectivités locales et prise en charge de la promotion et de la formation.

Mais cela ne suffit pas pour aider à l’émergence de ce secteur. Que fait l’Agence de l’Oriental pour promouvoir ce tourisme alternatif et faire connaître cette région ?
Pour la promotion du tourisme rural, l’Agence de l’Oriental apporte son soutien matériel et financier aux associations les plus dynamiques de la région pour la réalisation de projets dans ce secteur. L’Agence apporte aussi son soutien à de nombreuses initiatives pour le développement du tourisme local, à travers, notamment, l’appui aux activités culturelles : Moussem Al Waâda d’Iboudar, Moussem des Beni Znassen, Festival Reggada, Festival du Raï, Festival Ennahri de Jerada, Festival amazigh de Tamsamane, etc. L’Agence encourage également le développement du tourisme solidaire par la mise en place d’activités génératrices de revenus (maisons d’hôtes, maisons de l’artisanat, etc.). Afin de faire la promotion de la destination «Oriental», l’Agence investit dans les produits de promotion.

L’Agence de l’Oriental a aussi, pour la deuxième année consécutive, édité les plans des principales villes de la région : Oujda, Nador et Saïdia. Cette année, cette liste s’est rallongée par les plans des villes de Figuig, de Taourirt, de Jerada et de Driouch. L’Agence de l’Oriental a également conclu un accord de partenariat avec la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP) pour le balisage des sentiers de randonnée de la région selon les normes internationales et pour la formation de guides et la sanction de ces formations par des diplômes reconnus au niveau national et international. Dans le même esprit, l’Agence édite, en partenariat avec l’association «Nature et patrimoine», un guide de randonnées pédestres dans l’Oriental. Cet ouvrage présente la région et une vingtaine de circuits de randonnées distribués sur toute la région de l’Oriental. L’agence a édité d’autres beaux ouvrages sur Figuig, «Les grands espaces de l’Oriental marocain», livre sur la biodiversité, le livre sur les Beni Guil, des guides comme «Randonner dans l’Oriental», ou «Routes & Saveurs de l’Oriental». De même, un travail a été mené en partenariat avec l’association «Accueil paysan» qui vise à mettre à niveau des hébergements touristiques en milieu rural dans l’objectif de développer les conditions d’accueil dans le monde rural pour un tourisme responsable et solidaire, en s’appuyant sur une agriculture paysanne, à travers l’identification et la labellisation des sites d’accueil, la publication de l’offre de structures d’accueil dans les réseaux et publications de cette association, les formations et les qualifications nécessaires pour l’exercice de cette activité.
«L’Oriental désert express», ce «train du désert»

Le promoteur de ce projet, un Suisse installé à Tinghir, amoureux des trains et des lignes ferroviaires, organise depuis 2004, via une petite agence de voyages, «Suprateam travel», localisée à Tinghir, des voyages d’Oujda à Bouarfa avec une fréquence de 2 à 3 fois par an. Ce train, composé de trois voitures climatisées, relie Oujda à Bouarfa sur 305 km de voie ferrée. Vu le succès d’un tel produit auprès des touristes adeptes du tourisme nature-aventure, le promoteur de ce projet envisage d’augmenter les fréquences de ses voyages et d’accroître la capacité par la location à l’ONCF d’un nouveau wagon, à aménager en restaurant, et l’acquisition de nouveaux bâtiments sur le trajet du train, pour les aménager en hôtel. Ce projet, vu son intérêt pour le développement du tourisme de niche dans la région et les retombées socioéconomiques attendues sur la population, est soutenu par de nombreux acteurs étatiques (Agence de l’Oriental, ONCF, SMIT, ONMT, CRI de l’Oriental).

Auteur/Source : Le Matin.

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