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Les victimes des grèves en milieu scolaire

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Tayeb Zaid

Je lis par-ci par-là des communiqués de syndicats, ou de simples messages de milices et de légions de facebookers, d’indignation, de révolte ou d’insurrection tantôt contre certains syndicats qu’ils disent corrompus, tantôt contre le ministère de l’éducation qui resterait sourd à leurs revendications, tantôt contre le système scolaire qui les lèserait. Ils appellent à l’insubordination par les grèves et le refus de porter les notes des élèves sur le portail du ministère. Ce sont, disent-ils, des moyens légaux pour faire pression sur le ministère et obtenir gain de cause. Ils se sont coalisés en coordinations. Il y en a tellement que l’on ne sait plus à quel saint se vouer : la coordination nationale des professeurs contractuels par contrainte, la coordination nationale des professeurs et cadres de soutien contraints au contrat, la coordination nationale des professeurs victimes du gel de promotion, la coordination nationale des professeurs exclus du grade hors échelle, la coordination des professeurs retraités, la coordination syndicale quinquennale (comme les plans des années 70), et j’en passe. Echanges d’accusations et de coups bas entre les uns et les autres, mise à l’écart du syndicat des barbus du quinquennat en guise de punition ; règlements de compte à la canaille et au larron entre ‘’coordonnants’’ et ‘’coordonnés’’, ‘’syndicants’’ et ‘’syndiqués’’, ‘’sympathisants’’ et ‘’sympathisés’’…les pages Facebook regorgent de menaces de tous genres : grèves, sit in, marches, manifestations, refus de porter les notes des élèves sur Massar… Coordinations et syndicats mués en coordinations se livrent une rude bataille au lieu de la livrer aux responsables qui les regardent s’entre-mordre à s’arracher des lambeaux. Pourquoi se presser ? Ils finiront bien par s’anéantir et tomber un à un, comme les raisins d’une grappe ou les pierres d’une ruine.

Pendant que les uns gueulent à pleins poumons et les autres, indifférents, les écoutent gueuler à bouches béantes, il y a nos enfants, nos élèves, l’avenir du pays, à qui aucune de ces coordinations et aucun de ces syndicats à la quinquennale qui font tant de bruit pour n’impressionner personne, ne prête la moindre attention. Et comment voulons-nous qu’ils leur accordent un peu de leur attention eux qui ne pensent qu’à tirer quelques avantages matériels de leurs actions ? S’ils exerçaient la pédagogie et la didactique en classe comme ils exerçaient leurs talents dans les manifestations à crier des slogans hostiles, s’ils passaient plus de temps dans leurs classes à donner des cours que sur les places publiques à revendiquer, à tort ou à raison, des droits dont leurs élèves sont innocents s’ils en manquaient, l’école publique ne se porterait que mieux.

Plusieurs choses font la ruine ou le bonheur de l’école publique :

– Les programmes : ils doivent s’évaluer selon les normes de qualité et non de quantité, être plus profonds que larges, plus intéressants qu’ennuyeux, plus utiles à la formation et à l’émancipation de l’esprit qu’encombrant pour la mémoire.

-La sélection et le recrutement des professeurs doit se faire sur la base de l’acquisition de savoirs et de connaissances solidement ancrés et aisément exportables et de compétences pour les exploiter favorablement. Les professeurs doivent donc avoir choisi le métier par vocation, non par besoin ou par accident.

-Le temps d’apprentissage, lui, permet de répartir en unités les différentes activités du jour, de la semaine, du mois, du semestre et de l’année scolaire. Toute perte d’une partie du temps scolaire est une atteinte à l’unité de l’apprentissage. A cet égard, les absences répétées du professeur engendrent une perte du temps d’apprentissage chez l’élève et une rupture de l’unité de cet apprentissage. Ainsi donc, l’élève reçoit un apprentissage décousu, émietté, désordonné, incohérent et par conséquent impossible à synthétiser.

 

En conclusion, nos enfants sont les premières victimes sacrifiées sur l’autel des revendications des syndicats et des coordinations.

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