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Médecins et pratiques médicinales

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Tayeb Zaid 


Avant de quitter les bancs des amphithéâtres des facultés de médecine où ils ont appris l’art de donner des soins, les futurs médecins ont prêté le serment d’Hippocrate. Ont-ils juré par Apollon et Asclépios, ou par Dieu, l’Unique, l’Omnipotent ?

Après cette petite question qui n’est d’ailleurs pas une problématique mais une curiosité d’un néophyte en besoin de connaissance, je vais essayer de mettre un peu de lumière sur les pratiques de la médecine telles que je les ai vécues ou que je les vis à l’heure où je martèle maladroitement les touches du clavier de mon vieux PC. J’ai appris, à mes dépens, hélas, qu’il y a trois types de médecins et trois types de médecines.

Le médecin généraliste s’attarde beaucoup plus sur son patient que les spécialistes et les professeurs. Le diagnostic du généraliste repose dans l’essentiel sur les questions qu’il pose au malade. Elles portent de manière générale sur le lieu du corps qui souffre : le milieu, le bas ou le haut du ventre, son côté droit ou gauche, si le mal se ressent sur telle ou telle partie du dos etc. Puis, en fonction des réponses que le patient aura fournies, il lui demande de se tenir bien droit et la tête relevée. Puis de l’index et du majeur de la main droite repliés en marteau, il donne des coups secs et rapides sur l’index et le majeur de la main gauche posés en plat sur les parties du corps à examiner. C’est tantôt sur le thorax, tantôt sur les omoplates, tantôt sur le ventre. Tout ce cérémonial qui relève plus de l’occultisme que de la médecine est ponctué de ‘’ Inspirez. Expirez. Retenez votre souffle. Toussez.’’ Il va par la suite droit à son bureau pour rédiger une ordonnance qui ressemble par sa longueur à un traité ou un manifeste. Tous les médicaments que le malade aura à acheter se recoupent dans ‘’précautions d’emploi’’ ou ‘’effets secondaires indésirables’’. Un autre problème surgit lorsque le patient se retrouve face à la ‘’feuille de maladie’’ de la CNOPS, qui doit avoir un nom plus euphémique que celui-là. En effet, il doit découper les prix et les codes barres affichés sur les boîtes et les agrafer une à une sur la feuille ‘’de soins’’.

Rares les fois où le généraliste utilise son stéthoscope qui pend à son cou comme un lance pierre mutilé.

La consultation du spécialiste est beaucoup plus rapide que celle du généraliste. En un rien de temps, il envoie le patient directement à la radio ou à l’échographie. Pendant que ce dernier est au ’’laboratoire’’ se faire prendre en charge par un auxiliaire, le médecin, lui, reçoit quelques patients de la longue liste qui attend dans la salle. Pas de temps mort. Le temps est d’argent et l’argent se comptabilise au nombre de patients reçus et de radios effectuées. Le stéthoscope n’est plus en usage. Il est tombé en désuétude. C’est un instrument d’une autre époque et d’un autre âge. C’est le négatoscope qui sert à montrer au médecin les pièces défaillantes du corps relevées par la radio. Le patient devient un objet dont on manipule les radios sans qu’il soit associé à ce que le médecin regarde avec des airs d’étonnement ou d’inquiétude. Le patient passe moins de temps chez le spécialiste que dans la salle d’attente.

Le médecin professeur, lui, reçoit rarement ses patients assis. Il tape haut et fort. Un petit bout de papier griffonné à la hâte expédie le patient directement au scanner ou à l’IRM. Comme il n’est pas donné à tout les médecins de prescrire un Scanner ou une IRM, il n’est pas donné à tous les malades de les payer. Quand le patient revient avec son scanner ou son IRM dans une enveloppe de la taille d’un calendrier d’autrefois, le professeur est déjà au bloc opératoire. Il faut prendre son mal en patience. Voilà le vrai sens de cette phrase que l’on entend dire autour de nous. Au retour du médecin, le verdict est sans appel ! Le cas du malade nécessite une intervention chirurgicale urgente.

Malheureux est celui que le destin envoie chez le médecin professeur.

En conclusion, plus le patient postule pour un diagnostic et des soins de qualité, plus cette entreprise lui prend moins de temps à la consultation, plus d’argent à la caisse et de va et vient par la suite.

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