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Petite réflexion sur l’examen régional de l’AREF de l’Oriental

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tayeb zaid

I-A propos du texte :

Le texte de l’auteur, tel qu’il a été écrit par Victor Hugo et enseigné à nos élèves a été tronqué. Tronqué ! C’est peu dire pour les nombreuses altérations dont il a été victime et qu’on lui a fait subir en lui donnant des coups de scalpels maladroitement administrés. Il est plutôt question d’amputations et de mutilations. Les lecteurs qui ont une quelconque connaissance du texte de base peuvent considérer les amputations que j’ai soulignées en mettant entre parenthèses.

Ce texte, prélevé du chapitre XXVI, constitue la suite chronologique du chapitre XX auquel il se rattache sur le plan des évènements. A la question que le narrateur s’est posée à la fin du chapitre XX ‘’Qu’est-ce qu’ils vont faire de moi ?» il répond au chapitre XXVI par « Voilà ce qu’ils vont faire de ton père … ». Seulement et comme le texte de Victor Hugo a été altéré, mutilé, rogné, amputé de ses mots clés et de ses idées maîtresses, il ne laisse pas voir ce qu’ils vont faire du narrateur, à savoir que son corps sera offert aux élèves médecins (amphithéâtres) qui vont le (disséquer), le (mouler), de telle manière que chaque groupe d’élèves médecins prendra les organes de sa spécialité. Quant aux restes, aux chutes, elles seront mises dans une bière (caisse) pour être enterrées dans le cimetière de Clamart. Cela dit, la réponse à la question du chapitre XX, vient en amont de ‘’Voilà’’ du chapitre XXVI et non en aval. Vois-là. Or, ni sa fille à qui il s’adresse directement, ni le lecteur, n’auront rien vu puisque ce que le narrateur voulait leur montrer a été purement et simplement amputé. Pour adapter le texte au niveau des élèves ? diront peut-être les membres de la cellule à qui il a été donné de préparer l’examen régional de l’AREF de l’Oriental, ou ‘’pour le besoin de la chose’’ dirai-je en empruntant la formule à Victor Hugo. Seulement, si le texte a été adapté, cela doit être signalé par des points de suspension, par des notes au bas de la page, par d’autres marques qu’ils auront inventées, si nécessaire, pour ‘’le besoin de la chose. Sinon, ils auront commis une grave atteinte à l’authenticité d’un texte d’auteur. Et Ils l’ont commise, cette atteinte à l’authenticité du texte de Victor Hugo. Et sans aucun droit. Et sans aucun scrupule. Le lecteur non averti qui aura à lire le texte qui a servi de point de départ aux questions et à la rédaction de l’examen régional de l’AREF de l’Oriental ne soupçonnera pas qu’il a été mutilé. Il croira qu’il est de Victor Hugo. Or ce texte n’est pas de Hugo. Hugo ne fait pas les choses à moitié.

Dès la lecture du texte qui a servi de base aux questions de compréhension et de la rédaction, je me suis dit qu’il doit y avoir quelque chose de plus beau, de plus fort, de plus noble, de plus expressif, de plus utile, de plus voyant qui lui manque. Le texte, dans sa première partie du moins, est une réponse à la question à travers laquelle il s’est écrié ‘’Qu’est-ce qu’ils vont faire de moi ?’’ du chapitre XX.

En conclusion, le chapitre XXVI d’où est tiré ce texte, est l’un des meilleurs du roman ‘’le Dernier Jour d’un Condamné’’, à côté du chapitre IX (le testament). Le choix est bon mais les nombreuses amputations l’ont mutilé, dénudé, dévêtu de sa sublimité et de sa grandeur.

TEXTE :

Il est dix heures.

Ô ma pauvre petite fille ! Encore six heures, et je serai mort ! Je serai quelque chose (d’immonde) qui traînera sur la table froide (des amphithéâtres); une tête (qu’on moulera) d’un côté, un tronc (qu’on disséquera) de l’autre ;(puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart.)

Voilà ce qu’ils vont faire de ton père, (ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et tous pourraient me sauver.) Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? Me tuer de sang-froid, en cérémonie, (pour le bien de la chose !) Ah ! grand Dieu !

Pauvre petite ! Ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui passait la main sans cesse dans les boucles de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visage rond dans sa main, qui te faisait sauter sur ses genoux, et le soir joignait tes deux petites mains pour prier Dieu !

Qui est-ce qui te fera tout cela maintenant ? Qui est-ce qui t’aimera ? Tous les enfants de ton âge auront des pères, excepté toi. (Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du Jour de l’An, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers ?

Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boire et de manger ?)

Oh ! Si ces jurés l’avaient vue, au moins, ma jolie petite Marie ! Ils auraient compris qu’il ne faut pas tuer le père d’un enfant de trois ans.

Et quand elle sera grande, si elle va jusque-là, que deviendra-t-elle ?

Son père sera un des souvenirs du peuple de Paris. Elle rougira de moi et de mon nom ; elle sera méprisée, repoussée, (vile) à cause de moi, de moi qui l’aime de toutes les tendresses de mon cœur. ( ô ma petite Marie bien-aimée ! Est-il bien vrai que tu auras honte et horreur de moi ?)

N.B :Les parties rognées par l’équipe pédagogique sont placées entre parenthèses

Zaid Tayeb

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