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La Francisation des matières scientifiques : un acte criminel contre notre identité

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L’arabisation des matières scientifiques et la marocanisation des cadres à une certaine époque, nous ont fait croire pour un certain temps, pas bien long, hélas ! à une indépendance culturelle, seule susceptible de garantir notre identité, de nous libérer de l’acculturation et de nous prémunir contre les formes de l’assujettissement du colonialisme. L’arabisation allait bon train depuis son instauration pour couvrir l’école marocaine des premières années du primaire jusqu’aux dernières années du lycée. On n’était pas bien loin du but final. Bon Dieu ! Plus que trois ans du supérieur nous séparaient d’une arabisation totale et par conséquent d’un affranchissement total et ‘’irréversible’’ de l’ancien maître que nos parents et grands parents avaient chassé à coups de chassepot. Le divorce d’avec le français en tant que langue et la France en tant qu’ancien coloniateur avait en partie été prononcé et la rupture consommée. Un demi-siècle de colonisation épongé, gommé, effacé. On pouvait donc respirer l’air de chez nous, consommer les richesses de chez nous, parler la langue de chez nous puisque nous étions enfin chez nous. Un avenir radieux se dessinait devant nos yeux, nous qui avions été asservis et mis en esclavage. L’arabisation allait son train quoiqu’arrivée au terme du cycle qualifiant elle soit restée au point mort. Il ne demeurerait de ce que nous avions enduré sous l’occupation française qu’un souvenir douloureux qui nous rappellerait un moment de faiblesse et de mollesse, une petite distraction qui nous avaient été funestes. Plus rien à l’avenir, désormais, ne devrait nous occuper de l’intérêt suprême de la patrie, de sa souveraineté et de notre liberté. La langue arabe était en train de retrouver un peu de sa santé et de son éclat qu’elle avait perdus au profit de la langue française et les citoyens allaient enfin retrouver l’intégralité de leur identité concédée à la France venue chez nous prendre possession de nos biens. Il ne nous restait plus qu’à nous unir pour faire face aux préjudices causés par le colon contre notre culture qui s’était trouvée annihilée. Les hommes ne manquent pas pour œuvrer à assurer un lendemain meilleur pour les générations présentes et futures.

Or les bonnes choses ne vont souvent pas dans le sens qu’on leur veut. Et ce qui n’avance pas finit bien par se gripper et tomber dans la désuétude et l’oubli. Ainsi en est-il de l’arabisation des matières scientifiques entreprise il y a de cela une trentaine d’années. Mais arrivée à la fin des trois premiers cycles, elle est restée au point mort au lieu de continuer son avancée dans les cycles de l’enseignement supérieur. Les voix qui appellent ces derniers temps à la francisation des matières scientifiques nous font comprendre à présent, hélas ! que l’arabisation n’a pas été mise au point mort, comme on l’avait cru, mais au blocage. C’est un acte délibéré, intentionnel que celui de s’arrêter à mi-chemin alors qu’on disposait de toutes les ressources pour aller au terme du processus. Les partisans de la francisation des matières scientifiques hibernaient dans leur tanière à attendre des circonstances plus favorables pour agir et manigancer par procuration contre notre identité et notre culture. Les voilà qui se manifestent et à visage découvert pour attenter à notre souveraineté. Ils espèrent sans aucun doute faire de notre pays un pays francophone de la zone CFA comme le Mali, le Sénégal…, ou un territoire d’outre mer comme La Nouvelle Calédonie, la Guadeloupe….Il ne reste plus qu’à hisser le drapeau français sur les bâtiments officiels de chez nous et le tour est joué. L’intention est claire : revenir à l’ère du colonialisme, car beaucoup de ceux qui nous dirigent bénéficient de la double nationalité : un pied au bled , l’autre en France. Ou bien ils sont mariés à des Françaises. Rien n’est bien acquis. Le jeu double s’impose. Etre certain de bénéficier de l’immunité de la France aussi convient-il de la servir, d’assurer sa présence dans le pays pour un éventuel retour. Qui sait ? Il y a sans aucun doute encore parmi qui seront prêts à l’accueillir à bras ouverts! Ils lui préparent le terrain : d’abord le retour à la langue française, ensuite le retour de la France. Les grandes choses se font par petits pas.

Que nous reste-t-il donc de notre culture, de notre identité quand nous allons parler une autre langue que la nôtre ? Notre langue est-elle stérile à ce point pour la renier ? Ou bien, nos dirigeants ont-ils l’esprit stérile pour nous imposer une langue qui ne s’accorde ni avec notre culture, ni avec nos mœurs, ni avec notre religion ? Pourquoi tant d’acharnement mettent-ils dans la voix et l’acte pour nous convaincre de la nécessité d’abandonner ce qui est à nous et en nous, pour adopter ce qui est nous est étranger ?

Zaid Tayeb

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