L’entrée au collège Zineb Nefzaouia

مقتطف من كتابي : OUJDA l’éclat d’une mémoire blessée
من وحي الدخول المدرسي
Salima Faraji
L’entrée au collège Zineb Nefzaouia

L’entrée au collège Zineb Nefzaouia avait une saveur particulière, un goût inoubliable, empreint de l’innocence rêveuse de l’enfance. Après avoir quitté l’école Victor Hugo, je pénétrais dans l’univers du secondaire, un espace nouveau, empli de rigueur, de solennité et d’inconnu.
La surveillante générale incarnait une autorité redoutable, presque implacable, tandis que les professeurs ouvraient devant nous de larges horizons de savoir : Mr Jourdan, Mr Themia, Mme Bellinger, Mme Agostini, et Mme Jbara Zoubida, professeure d’éducation physique. Tous reflétaient le sérieux de l’école et insufflaient en nous le sens des responsabilités. Nous étudiions les sciences naturelles, l’histoire et la géographie en français, tandis que linstruction civique l’éducation islamique et la langue arabe étaient enseignées en arabe. Les mathématiques, elles aussi, se faisaient en français.
Les jeunes filles se distinguaient par leur discipline et leur élégance. Le port de la blouse était une condition indispensable, un rituel quotidien incontournable. Certaines, toutefois, la dissimulaient dans leur cartable jusqu’à l’entrée du collège, par crainte du regard scrutateur de la surveillante générale, Mme Hugues. La compétition était intense, mais l’atmosphère demeurait pleine d’espérance, celle d’un avenir prometteur bâti sur le travail et l’assiduité.
J’ai gardé des détails d’enfance inoubliables, parmi ces détails souvent je demandais à mon père – que Dieu ait son âme – de me conduire au collège. Et si sa voiture était sale, je m’empressais de la laver moi-même. Non par ostentation ou par orgueil, mais par discipline et amour du travail bien fait, vertu inculquée dès l’enfance. Cela venait aussi de ma tante, qui m’avait adoptée, et dont l’obsession pour la propreté et la rigueur s’étendait jusqu’au choix de mes vêtements.
Parmi ces détails du bd Mohamed V Je me rappelle un jour redoutable où je rentrais du collège à pied. Comme à l’accoutumée, je traversai le boulevard Mohammed V, puis la rue de Casablanca, avant d’emprunter la rue Fqih Belhoussin où se trouvait notre maison au style andalou. En chemin, un vendeur de beignets attira mon attention. Je ne pus résister : j’en achetai un et le dégustai avant d’arriver à la maison.
Mais le hasard voulut que mon oncle, feu Si Ahmed Fraji, assis à la terrasse du café Colombo, m’aperçût. Il s’empressa de rapporter la scène à ma mère, considérant que j’avais dévié des règles de l’éducation. À la maison, je fus sévèrement réprimandée et reçus un coup de ceinture, accompagné de ces mots restés gravés :
« Nos filles ne mangent pas dans la rue, elles doivent préserver leur dignité. »
Ce fut une leçon supplémentaire de discipline sociale, bien que cruelle pour l’innocence d’une enfant.
Le collège Zineb Nefzaouia demeure une mémoire indélébile dans le cœur de tous ceux qui y ont étudié. Une mémoire qui retient les traits d’une époque différente, où la vigilance familiale et le sérieux des enseignants se rejoignaient pour bâtir une génération ambitieuse.
Certes, chaque époque a ses réalités et ses spécificités. Comme le disait Jean d’Ormesson, il ne faut ni déverser notre nostalgie sur le présent, ni se réfugier dans le passé. Mais ces souvenirs demeurent précieux : ils témoignent des sacrifices consentis par les parents et les familles, convaincus que l’élévation de la patrie passait avant tout par l’éducation de leurs enfants.
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