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Raisons de l’engagement des jeunes rifains dans l’armée espagnole et de leur participation à la guerre.

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Pr. ELJATTARI Belkacem
Coordonnateur de la Filière Etudes Amazighes

Raisons de l’engagement des jeunes rifains dans l’armée espagnole
et de leur participation à la guerre.

    Il serait tout à fait erroné, fallacieux, trompeur et hypocrite que d’attribuer à ces jeunes rifains une quelconque volonté de participer à la guerre civile espagnole ou de combattre le régime républicain communiste, ou parce quelque intérêt national était en jeu ; pas plus que leur chemin pour la France ne passait par leur soutien aux républicains, ni dans le but de prêter main forte à la dictature du régime franquiste sous prétexte qu’il avait quelque complaisance pour l’Islam et les musulmans, ou parce Franco avait envoyé en pèlerinage une délégation de musulmans par amour pour l’Islam, ou qu’il portait particulièrement les musulmans dans son cœur comme il s’est plu à l’exprimer à cette délégation à son retour de la Mecque.
Il serait pure folie ou totale incrédulité de croire que Franco offrirait des roses aux marocains après la guerre. N’était-ce pas lui qui affama et tua les marocains trois décennies durant en plus de ce qu’il fit endurer à ses propres concitoyens ? Quoi de mieux pour connaître les raisons profondes et la vérité sur l’engagement des marocains aux côtés de Franco que des poèmes sur l’émigration forcée, que ceux, hommes ou femmes, qui ont vécu cette guerre, continuent de fredonner. C’est ainsi du récit d’un jeune homme, ayant décidé de s’engager dans l’armée franquiste, en demande la permission à sa mère, dans l’espoir d’obtenir deux galettes, l’une pour calmer sa faim et l’autre qu’il lui enverra d’Espagne :
Je te prie, mère, laisse-moi m’engager [dans l’armée] Je me nourrirai d’une galette, et à toi j’enverrai une seconde
Ce récit montre, si besoin en était encore, la gravité de la situation du Rif, de la famine et de la désolation pendant la guerre civile. Ce jeune homme ne s’est engagé dans l’armée ni pour combattre le communisme, ni en défenseur de l’Islam, ni contre la France, mais seulement pour une bouchée de pain qui le sauverait lui, sa mère et les siens d’une mort certaine. Et c’est ce qu’exprime sans parabole ni symbole ce distique :
La femme du soldat creusait de son pied le sol
Point de pommes de terre, ce n’est que l’arum qu’elle cherchait
De même ce récit de la femme qui reproche son avarice à quelqu’un qui avait encore de l’orge et qui ne voulait lui faire la faveur ni de lui en offrir ni de lui en prêter, pas même juste assez pour atténuer le goût âcre de l’arum quand on en fait du pain :
Jamais je ne te pardonnerai, ô toi qui a de l’orge
Ma gorge est endolorie de l’âcreté de l’arum
Incontestable vérité historique, celle des femmes qui retournaient la terre des champs dans l’espoir de trouver un bulbe d’arum pour nourrir leurs enfants, même si la plante est nocive et mortelle quand on ne maîtrise pas suffisamment la technique de sa cuisson. Et c’est ce que confirment les hommes et les femmes rifains encore en vie. Il est tout aussi avéré que le bulbe de la plante a fait beaucoup de victimes aussi bien des enfants en bas âge que des adultes, parmi la population qui ignorait son mode de cuisson et comment neutraliser la substance nocive qu’elle contient. Beaucoup de mères continuent d’ailleurs de dater la naissance de leurs enfants par l’année de l’arum. Les femmes de ces soldats émigrés se seraient-elles risquées à creuser le sol à la recherche d’une plante aussi nocive si la famine n’emportait pas plus de personnes que la guerre elle-même ?
Et le poète de narrer l’attente interminable de la femme, à espérer le retour du mari avec quelque nourriture, tout heureux, sautant de bonheur à rentrer avec un kilogramme de maïs tout gâté et abîmé par les vers et dont il ne restait plus que l’enveloppe :
Il est rentré, tout guilleret, le soldat
Heureux du maïs pourri qu’il apportait
La déception des femmes à constater ce que leurs maris leur ramenaient n’avait d’égal que la contrition des émigrés qui se rendaient finalement compte de la médiocrité de ce qu’ils rapportaient. C’est le cas de ce soldat qui, découvrant qu’il n’avait que du maïs gâté et du son que refuserait même une bête, ne pouvait que mesurer la violence de sa colère et de sa tristesse :
Il est revenu, le soldat, triste et amer
Il n’apportait qu’un kilo de maïs et du son qui tue
Comment croire encore que partir en guerre en Espagne c’est défendre l’Islam ou qu’émigrer serait de quelque intérêt pour la nation arabe, alors que ces soldats forcés ne possédaient même pas de quoi nourrir leurs enfants. Ils préféraient plutôt mourir à la guerre que mourir de faim.

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1 Comment

  1. col
    12/02/2013 at 15:54

    très mal écrit

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