Délire des fantômes(III) (En hommage aux martyrs du Printemps démocratique arabe)

Délire des fantômes(III)
(En hommage aux martyrs du Printemps démocratique arabe)
-Chef, dit une sœur fantôme à l’air calme, bien que son look laisse penser aux vampires, avec ses énormes lèvres rouges et le vernis noir de ses ongles, en déployant devant la tribune une carte du monde arabe, ce qui se passe dans le bled n’est pas vraiment une Révolution, c’est un simple soulèvement à la suite de l’immolation du jeune tunisien. Une goutte qui fit déborder le verre, mais l’ordre reviendra très prochainement. La situation est sous contrôle et nous ferons l’impossible pour la sauvegarde de notre Nation. Aucune force ne pourra arrêter la marche irrésistible du Nouvel Ordre Mondial. Nous reprendrons en mains tout ce que nous avons perdu chef depuis le déclenchement de cette mutinerie. Grâce à notre père Satan, le porteur de la lumière et le premier militant pour les libertés individuelles, notre projet sociétal aboutira malgré cette pagaille. Nous resterons un rempart solide et infaillible contre cette barbarie recrudescente.
-Je ne le pense pas, honorable sœur fantôme, répondit le grand chef d’un ton toujours vindicatif. Vous savez plus que moi que les élus du peuple sont crédibles et qu’ils jouissent d’une grande popularité auprès des masses. Côté économie, nous avons essuyé des pertes énormes et nos affaires sont désormais menacées. Jadis, les appels d’offre se faisaient dans en catimini, entre frères, en parfaite cordialité! A présent, nous sommes surveillés par les jeunes arabes, pointés du doigt par cette populace répugnante! Nous sommes dans une chambre transparente et je crains qu’un jour ils accèdent à la base de données… Bon, allez, assez de bavardage comme çà! au boulot, rejoignez vos postes immédiatement, réveillez nos cellules dormantes. Assez dormi comme ça! Battez le fer tant qu’il est chaud, mais dans le plus grand secret. Rallumez les feux des temples, activez toutes les sectes, modifiez les sigles et les logos, changez le discours, et que personne ne vous démasque dorénavant! Adaptez-vous à la nouvelle situation, convertissez-vous si besoin est! Muselez-moi les barbus de tous poils! Grouillez-vous traînards, nous avons encore du pain sur la planche!
Puis toutes ces ombres sortirent de l’obscurité et disparurent! ».
Sur ce, Salah se réveilla en sursaut, balbutiant des mots incohérents, avant de se rendre compte que ce n’était qu’un cauchemar. Il poussa un grand soupir de soulagement. Et sa femme de lui rétorquer:
« Humm, te revoilà en train de délirer ta politique à laquelle je ne comprends rien ».
(Fin)




Aucun commentaire