Home»International»Habib El Malki : Toucher à l’investissement productif, c’est aliéner la croissance de demain

Habib El Malki : Toucher à l’investissement productif, c’est aliéner la croissance de demain

0
Shares
PinterestGoogle+

Habib El Malki : Toucher à l’investissement productif, c’est aliéner la croissance de demain

Prémices d’une crise globale semblable à celle de 1995

Habib El Malki : Toucher à l’investissement productif, c’est aliéner la croissance de demain
La décision de procéder à une coupe drastique dans le budget semble faire l’unanimité contre le gouvernement Benkirane tant au niveau de la majorité que celui de l’opposition. Opérateurs économiques, partenaires sociaux et spécialistes estiment  qu’il s’agit d’une mesure qui aura de graves répercussions.
« La dernière mesure gouvernementale portant sur la réduction de 25% du budget d’investissement exprime l’improvisation qui caractérise depuis le début la démarche de la majorité actuelle. D’autant plus qu’une telle initiative remet en cause les fondements de la loi de Finances pour l’année en cours », a déclaré Habib El Malki à « Libé » à ce propos. Commentant toujours la décision du gouvernement Benkirane, El Malki, membre du Bureau politique de l’USFP, a tenu à préciser à ce sujet  qu’il s’agit d’une mesure qui marginalise encore une fois le Parlement et que c’est la même démarche unilatérale qui a conduit à la présentation d’un plan législatif pour les années à venir. Pour Habib El Malki, le gouvernement pratique la politique du fait accompli. « Ni concertation, ni dialogue aussi bien entre les composantes de la majorité qu’avec l’opposition», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Nous sommes en face d’une mesure anti- économique avec des répercussions sociales très négatives notamment en matière d’emploi. « Toucher à l’investissement productif, c’est aliéner la croissance de demain.
Donc aggraver les déficits», a souligné le président de la Commission administrative de l’Union socialiste des forces populaires. Concernant l’impopularité de cette décision, Habib  El Malki a précisé que cette mesure augure d’une politique d’austérité qui ne se justifie pas dans un contexte national fortement exigeant en matière des services publics et de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. D’autant plus que nous sommes à la veille de la fête du travail.Suite de la première page
En spécialiste averti, le membre du Bureau politique de l’USFP, démontre que non seulement c’est une mesure anti-économique, mais aussi de la provocation à l’égard des partenaires sociaux. « Même les pays développés profondément touchés par la crise considèrent aujourd’hui que la porte de sortie réside dans la relance de la croissance », a confirmé Habib El Malki. A une question sur la portée de cette réduction et du choix de cette coupe du budget par le gouvernement, Habib El Malki est catégorique sur l’inefficacité de cette mesure : « On ne résout pas les problèmes du budget par de simples opérations comptables. Totalement déconnecté des exigences de l’économie nationale, le gouvernement fait de l’épicerie. » Il a conclu qu’une forte crise de confiance s’installe et que les opérateurs économiques manquent de visibilité. Pour lui, le Maroc est en train de connaître les prémices d’une crise globale  qui rappelle celles de 1995 et de 1996.
Kamal Mountassir

Mercredi 10 Avril 2013
Kamal Mountassir / Liberation
======================================

Investissements sabrés
Le tollé gagne la majorité
L’Istiqlal y est opposé à cause de l’effet sur l’emploi et l’activité des entreprises
Un Conseil de gouvernement hier soir pour valider le plan de relance
Mais sans le chef du gouvernement en déplacement au Kenya
L’annonce du décret supprimant 15 milliards de DH du budget d’investissement public a eu l’effet d’une bombe dans la classe politique. Les partis d’opposition crient au scandale et s’en prennent au gouvernement qui a pris une décision d’une telle ampleur en catimini. A la limite, si l’opposition monte au créneau, elle est dans son rôle. Mais le plus grave, c’est le feu allumé dans les rangs de la majorité. L’Istiqlal a commencé à souffler sur les braises. Le parti de Hamid Chabat, en conclave le week-end dernier, estime que la décision du gouvernement de sabrer dans les investissements publics est «une solution de facilité. Car on touche à l’emploi, à l’activité des entreprises qui voient leurs carnets de commandes faiblir et leur visibilité limitée». Pour Mustapha Hanine, député et ancien président de la Commission des finances à la Chambre des représentants, les coupes budgétaires devraient s’opérer dans les dépenses de fonctionnement. «D’ailleurs, rien n’a été fait dans la réduction du train de vie de l’Etat», dit-il, en citant l’exemple de «la charge énergétique dans l’administration, les communes et même les rues où les ampoules restent allumées en pleine journée».
Le MP est également entré dans la danse. Pour Mohand Laenser, lors d’une réunion avec ses groupes parlementaires, il ne s’agit plus de «faire des promesses en l’air», mais parler le langage de la vérité sur la situation économique et sociale. Sur la réforme de la compensation, le ministre de l’Intérieur n’est pas favorable aux aides directes proposées par le chef du gouvernement. Il prône une autre approche. D’ailleurs, le plan de relance de l’économie de l’Istiqlal a fait des propositions de solutions dans ce sens. Pour la compensation, il a proposé d’améliorer la bonne gouvernance et la révision de la structure des prix des produits subventionnés. Ce dispositif, couplé à d’autres mesures dont celle relative à la restitution des subventions par les grandes entreprises, devra ramener 14 milliards de DH à l’Etat.

En tout cas, les digues de la coalition gouvernementale

semblent se fissurer de plus en plus. Ce qui fait dire à

Nabil Benabdallah  que «cette cacophonie au niveau

de la majorité ne donne pas l’impression de sérénité et

de gestion, avec un pilote à bord.

En tout cas, les digues de la coalition gouvernementale semblent se fissurer de plus en plus. Ce qui fait dire à Nabil Benabdallah  que «cette cacophonie au niveau de la majorité ne donne pas l’impression de sérénité et de gestion, avec un pilote à bord. Au gouvernement, il y a un minimum de retenue à observer». Il stigmatise «les écarts des politiciens qui exploitent cette situation pour créer un climat malsain dans le champ politique et le plus grave dans les milieux d’affaires».
Cependant, dans cette affaire, le PPS ne donne pas un chèque en blanc à Abdelilah Benkirane. En effet, Nabil Benabdallah regrette que la décision de la suppression de 15 milliards de DH ait été annoncée toute seule, sans le reste du dispositif. Pour son secrétaire général, «il fallait intégrer cette mesure dans un plan de riposte global qui répond à deux nécessités». La première consiste dans «la relance de l’activité économique et l’amélioration de l’environnement des investissements». La seconde comporte des mesures de contrôle et de maîtrise des dépenses publiques. Les économistes du parti se sont réunis hier pour donner un premier jet de propositions avant de pouvoir les peaufiner par la suite. D’ailleurs, le gouvernement devait se réunir hier soir pour examiner le plan d’attaque que le ministre des Finances a préparé. Cela se fera sans le chef du gouvernement au Kenya pour les festivités de l’installation du chef de l’Etat élu démocratiquement.
En attendant, le dispositif de relance de l’économie comporte des mesures pour faciliter les investissements. Il s’agit par exemple de débloquer plusieurs projets adoptés dans le cadre de la Commission des investissements, présidée par le chef du gouvernement et qui sont encore coincés pour des raisons bureaucratiques. Une autre mesure consiste à impulser la machine de la production du bâtiment via la simplification des procédures d’octroi des autorisations de construire et des permis d’habiter. Des opérateurs, même les plus grands comme Addoha et Alliance Darna, patientent longtemps avant d’obtenir le sésame, parfois jusqu’à 1 an et demi comme l’a précisé le ministre de l’Habitat, Nabil Benabdallah.
Comme pour l’opposition, des partis de la majorité réclament une loi de Finances rectificative. Avec ce changement dans les investissements, tout l’équilibre et les hypothèses du budget de 2013 vont changer. C’est le Parlement qui a autorisé le gouvernement. Pour procéder à des coupes, c’est le Parlement qui doit rectifier, indique Mustapha Hanine. Donc, l’Istiqlal réclame un retour devant la Commission des finances. D’ailleurs, plusieurs groupes de l’opposition comme de la majorité ont réclamé que les deux ministres en charge de ce dossier viennent devant le Parlement pour s’expliquer.

Le PPS et la loi rectificative

Sur la nécessité d’une loi de Finances rectificative, le PPS est plus nuancé. «Rien n’est tabou si cela atteint trois objectifs, note le patron du PPS. D’abord, si cela permet de créer un électrochoc pour dire la vérité aux Marocains pour serrer la ceinture. Ensuite, si cela peut impacter positivement la machine des investissements et l’état d’esprit des milieux économiques et financiers. Enfin, si cela ne se traduit pas négativement sur les secteurs sociaux après la maîtrise des dépenses publiques. «Alors là, pourquoi pas», lâche le ministre.

Mohamed CHAOUI / L’economiste
================================
La réaction choc du CMC
«Coupes sombres, fausse piste pour le redressement des déficits publics, réponse inadaptée à des déficits persistants,…». Voici comment qualifie le CMC, dans sa dernière note, la coupe budgétaire des 15 milliards de dirhams. N’étant pas convaincu par la justification avancée par l’exécutif, il propose de s’attaquer à la fiscalité en l’occurrence, la TVA sur les produits de consommation des catégories des populations aisées.
La dernière décision gouvernementale de ponctionner sur les dépenses d’investissement un total de 15 milliards de dirhams ne cesse encore de faire des vagues.  «Coupes sombres, fausse piste pour le redressement des déficits publics, réponse inadaptée à des déficits persistants,…», déplore le Centre marocain de conjoncture(CMC) jouant ainsi pleinement son rôle de force de propositions. Cette sortie de l’équipe de recherche de Habib El Malki à fort contenu médiatique et politique plutôt qu’économique traduit une volonté clairement affichée de mettre des bâtons dans les roues. Sinon comment expliquer son attaque à coup de canons, alors que l’on sait très bien que quiconque critique l’état des finances publiques? Pour les économistes, il n’y a pas 36 000 solutions  pour colmater la brèche et limiter provisoirement la casse d’un déficit budgétaire flagrant culminant à plus de 10,9 milliards de dirhams à fin février 2013, soit une aggravation de 39 % en glissement annuel. Au vu du déficit de compétitivité et en l’absence des grandes réformes (compensation, retraite, fiscalité…), le gouvernement Benkirane n’avait d’autres choix que de couper dans le programme d’ investissements alloué à l’Etat, soit 25% du crédit initialement ouvert. Le CMC ne semble pas pour autant être convaincu par la justification avancée par l’exécutif à savoir «l’accumulation des reports de dépenses d’investissement au cours des dernières années ». Comme le montre le report de crédit de 21 milliards de dirhams initialement prévu en 2012 pour venir s’ajouter aux dotations de l’exercice budgétaire en cours comme le révèle le projet de décret n° 2-13-285 «voté à l’unanimité» jeudi dernier au Conseil des ministres pour reprendre les propres termes de Mohamed Najib Boulif, ministre délégué auprès du chef de gouvernement chargé des Affaires générales et de la gouvernance.

La caisse de compensation a divisé les acteurs politiques et les opérateurs économiques

D’où l’objet des interrogations des chercheurs : «Le fait d’éponger le cumul des reports sur plusieurs années d’un seul coup permettra-t-il de prévenir la reconstitution de nouveaux reports à l’avenir sans la recherche d’une plus grande efficacité dans la programmation des investissements et leur exécution dans les délais couverts par la loi budgétaire?»
À leurs yeux, le gouvernement aurait dû explorer d’autres voies de rationalisation des dépenses courantes. À la clé, la réforme de la Caisse de compensation. Prônant une réforme des subventions compensatoires dans la durée, toutefois, ils pensent que  «l’autre piste qui mérite d’être explorée est de maintenir le système de compensation tout en cherchant à récupérer une partie des charges incombant à l’Etat à travers la TVA sur les produits de consommation des catégories de populations aisées», est-il conseillé. Voilà donc des propositions dont la portée est à relativiser au vu de l’importance non significative des montants en jeu à dégager face au trou budgétaire qui ne cesse de se creuser. Aux vraies problématiques, les vraies réformes! Cette caisse de compensation, dont les débats houleux sur sa réforme ont suscité d’importants remous affectant des pans entiers de la société, a plus divisé les acteurs politiques et opérateurs économiques qu’ils ne les a réunie. D’ailleurs, rien n’est encore décidé sur son avenir. Boulif même semble revenir sur ses décisions et choix stratégiques. Interrogé par le Soir échos sur la deadline  fixée au mois juillet prochain pour y apporter  les améliorations nécessaires, il écarte catégoriquement toute date déjà prévue. «Aucune date n’a été fixée pour amorcer la réforme de cette caisse. Et les discussions sont toujours en cours…», lance-t-il. Il insiste sur l’urgence d’entamer les grandes réformes pour éviter le pire. En répondant à une question portant sur le montant des charges d’investissement à geler par son département, le ministre annonce que rien n’est encore décidé et que les délibérations avec le ministère des Finances sont en cours. Même son de cloche auprès du ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Fouad Douiri. Autant dire que « les surenchères politiques » sur  la coupe budgétaire ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau, selon Boulif, concluant que tout impact « de nature à bousculer toute la stratégie économique et sociale » comme le prédit le CMC n’est en réalité qu’un faux débat. Ce dernier prévoit d’ailleurs que «la coupe franche affectant le budget d’investissement ne manquera pas de se ressentir lourdement sur la dynamique de croissance, des revenus et de l’emploi à un moment même où les besoins de relance de l’activité se font pressants ».
Mohamed Mounjid / Le soir – echos
================================

MédiocreMoyenBienTrès bienExcellent
Loading...

Aucun commentaire

Commenter l'article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *