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VERS DE NOUVEAUX CYCLES ?

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 VERS DE NOUVEAUX CYCLES ?

  1991-2001, 2001-2011, 2011…

  (REFLEXIONS SUR LE(S) 89 ARABE(S))

     Je voudrais m’imprégner d’un exercice de périodisation cyclique, de l’Histoire Contemporaine. Même si l’histoire des peuples déborde toujours les catégories qu’on veut lui imposer, ces constructions intellectuelles aident toujours à la compréhension.

Et puis, les inventeurs de l’Ecole des Annales ( Lucien Febvre et Marc Bloch), qui a révolutionné une histoire jusqu’alors trop souvent faite de dates et de personnages, disaient eux-mêmes qu’ « il n’y a d’histoire que du présent », autrement dit que l’histoire est toujours une façon de situer notre présent et, donc, d’inventer notre futur.

Récapitulons : il y a eu une décennie 1991-2001, de la fin de l’Union Soviétique jusqu’à la menace d’un choc des civilisations, le théâtre de guerre afghan faisant lien entre les deux événements.

Du coup, la décennie suivante, 2001-2011, a été construite sur cette polarité, d’un côté Ben Laden, de l’autre Bush Jr, qu’heureusement, l’élection de Barack Obama aux Etats-Unis est venue contrarier, mais qui s’est traduite, en Europe, par une crispation néoconservatrice certaine, droitière et extrémiste.

Dès lors, quel et ce cycle nouveau qui s’ouvre en 2011 avec l’événement des révolutions arabes ? Ou, du moins, quel pari rationnel pouvons- nous faire sur sa postérité immédiate ? Après tout, la politique, c’est toujours un pari, plus ou moins lucide…

L’échec des politiques de développement, la crise des moteurs idéologiques, c’est-à-dire le socialisme, le nationalisme, le panarabisme, l’essoufflement des Etats postcoloniaux et les interrogations laissées ouvertes par la libéralisation économique (mondialisation et géopolitique du pétrole) ont nourri le mécontentement social et ouvert la voie à l’émergence de sociétés civiles démocratiques.

La sortie du confort d’un monde bipolaire, où pouvait se jouer la partition du nationalisme des indépendances des années 1960, remet en question bien des certitudes.

Nous sommes seulement au début d’un nouveau cycle qui prendra du temps. Aujourd’hui, les hommes veulent circuler librement et des lignes de fractures s’inscrivent dans un espace devenu mondialisé.

De nouveaux rapports de force s’ébauchent. Dans le monde arabe, les repères issus des années d’affirmation de l’Etat-Nation s’évanouissent lentement. Ceux qui ont pour tâche de réfléchir au devenir de leurs sociétés, et les historiens sont du nombre, se trouvent alors confrontés, soit au raidissement, au repli nationaliste, identitaire ; soit aux problèmes de la redéfinition de sens     qui affectent les sociétés.

Alors que s’exprime toujours la  nostalgie des grandes théories unitaires dans certains secteurs de la société, se déploient dans  les sociétés arabes des expériences plurielles, fragmentaires, contradictoires.

Dans la fin d’une illusion- la compréhension du monde par des schèmes narratifs linéaires- l’histoire apparaît comme un système ouvert, un ensemble de réseaux où le sens souvent s’atomise, se disperse.

Le monde de pensée fonctionne davantage par associations libres. Sans doute, l’espace-temps du Maghreb et du Machrek, lui aussi fort hétérogène, contribue-t-il à accélérer cette tendance à la «  déconstruction » du récit historique traditionnel./.

DE VIVE VOIX : Mohammed Essahlaoui

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