Le pouvoir et le contre -pouvoir au Maroc
Depuis le commencement des révoltes populaires dans le monde arabe,beaucoup de choses ont été dites au sujet de la crise socio-économique et même politique qui s’abat sur le Maroc. Les révolutions qui ont eu lieu à Tunis et en Egypte servent désormais de référence à ce qui pourrait se passer dans les autres pays du monde arabe ,en l’occurrence le Maroc. L’exemple de la chute de Ben Ali et de Moubarak ont montré au monde entier que rien n’est impossible, qu’un régime aussi solide soit-il,peut s’effondrer sous la pression de la rue et du peuple.Depuis les événements du 20 février,des voix s’élèvent au Maroc pour accuser le Maroc de tous les maux souvent à raison. l’intervention directe du roi dans les affaires politiques ,la concentration des pouvoirs aux mains du roi,l’impuissance du premier ministre à prendre les décisions politiques importantes,la déliquescence de la classe politique ,l’absence d’audace des partis politiques à impacter la politique du pays et à lui donner une impulsion pour contrecarrer le pouvoir ,la corruption qui s’enracine dans les rouages socio-économiques de l’état ,l’économie de la rente qui ne profite qu’aux riches ,une justice dépendante du pouvoir ,l’enrichissement illicite des cercles du pouvoir et une répartition inéquitable des richesses,tous ces dérèglements socio-économiques et politiques ont leurs origines dans la nature d’un pouvoir concentrationnaire.Que faire alors pour faire en sorte qu’il y ait un équilibre entre les forces décisionnelles du pays , pour qu’il yait une véritable démocratie , et que tout le monde profite des richesses du pays?En termes clairs, que faire pour que le Maroc jouisse harmonieusement du pouvoir et de son contraire le contre-pouvoir?
A mon avis,il faut voir comment fonctionnent les démocraties occidentales ,celles qui sont réputées être très en avance en matière d’économie ,de justice et de démocratie ,la France ou l’Espagne par exemple.On a beau changer de constitution ,de gouvernement ,instaurer des règles de bonne gouvernance ,ou mettre en oeuvre des moyens de lutte contre la corruption etc etc ,le pays n’avancerai pas s’il n’y a pas un antidote du pouvoir qui est le contre-pouvoir.
Si la constitution régit les limites et les prérogatives de chaque institution ou de chaque acteur politique: l’institution royale ,les fonctions du roi,le gouvernement ,le parlement ,les fonctions du premier ministre ,la séparation des pouvoirs ,la question linguistique et religieuse etc ….,elle ne permet pas,à elle seule ,de maintenir l’équilibre entre le pouvoir et le contre-pouvoir.Il y a une composante essentielle dans le maintien de l’équilibre :ce sont les mass-média qui englobent la presse et l’audiovisuel ainsi que le conseil supérieur de l’audio-visuel. C’est le quatrième pouvoir .En principe ,si un gouvernement symbolise le pouvoir ,le rôle de l’opposition issue des urnes devrait avec la société civile incarner le contre-pouvoir ..Mais cela suffit-il pour qu’il y ait équilibre? non puisque avec l’intervention directe du roi dans les affaires politiques ,on a l’impression que le pouvoir est bicéphale (un pouvoir à deux têtes ) d’où le risque d’opacité du champ politique.Quand il y a opacité du champ politique ,il y a excès ou abus du pouvoir.Quand il y a abus du pouvoir au nom de la sacro-sainte constitution ,le contre -pouvoir n’a pas de place ,il n’a pas droit de cité.Alors tous les maux de la société sont possibles: l’absolutisme politique ,l’enrichissement illicite des cercles du pouvoir ,l’émergence de l’économie de la rente ,la répartition inéquitable des richesses ,la corruption sous toutes ses formes s’installeraient ,l’impunité imposerait sa loi ,des hommes d’influences proches du pouvoir seraient au-dessus des lois et se permettraient toutes sortes d’infractions ,soit ils ne paieraient pas d’impôt,soit ils ne respecteraient pas les lois du marché,soit ils détourneraient ou dilapideraient les deniers publics ; ils mêleraient alors la politique aux affaires etc .Même la société civile ,les associations à vocation juridique ou autres et la presse,qui sont censées représenter le contre-pouvoir ,seraient anihilées par l’imposante pression du pouvoir.
Le contre-pouvoir sert non seulement à limiter le pouvoir pour qu’il n’y ait pas d’excès ,mais il sert aussi à contrôler et évaluer toute activité politique.Il ne s’agit pas de rédiger une belle constitution et de la soumettre au vote du peuple ,il faut aussi qu’il y ait un équilibre entre le pouvoir et le contre-pouvoir entre les différents acteurs de la politique.
Enfin ,pour renforcer encore davantage l’immunité de la démocratie ,de la justice et surtout l’équilibre dont nous venons de parler,il faut que tous les organismes clés de l’état (la haute cour des comptes,le conseil suprême de la justice,le conseil supérieur de l’audio-visuel,l’organisme de lutte contre la corruption,le conseil consultatif des droits de l’homme etc etc…..)soient dirigés par des hommes intègres ,neutres et indépendants nommés par le roi .
Khlifa Boumediene
2 Comments
BRAVO M. KHLIFA,POUR AVOIR MIS UN ACCENT JUDICIEUX SUR LE CRITERE DE LA CONDITIONNALITE D’UN CONTRE POUVOIR INDEPENDANT DE TOUTE CONTRAINTE.MAINTENANT QUE LE MAROC OCCUPE UNE PLACE PRIVILEGIEE AU SEIN DE L’U.E.,IL N’A PAS INTERËT A DECEVOIR LE PEUPLE MAROCAIN NI LES PEUPLES AMIS.DESORMAIS, IL EST OBLIGE DE JOUER FRANC JEU, CAR LES ACROBATIES POLITICO-INTELLECTUELLES NE SERONT PLUS ADMISES,NI TOLEREES.VIVE LA DEMOCRATIE CITOYENNE ET VIGILANTE.!!!!!!
Mr Essahlaoui ,merci d’avoir lu , apprécié et commenté mon article.C’est parce que nous aimons notre pays que nous voulons être justes ,impartiaux,sincères dans l’analyse des mécanismes complexes qui régissent le pouvoir au Maroc et de son anti-dote le contre-pouvoir ,ensemble de garde-fous capables de freiner les excès du pouvoir politique en maintenant un équilibre assainissant à même de faire jaillr une véritable démocratie .