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est ce que la révolution est à venir… au Maroc?

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Mario Benedetti, poète de l’Amérique Latine, dans son chef-d’œuvre « Défense de la joie », dit :
« Défendre la joie comme une tranchée *** la défendre du scandale et de la routine *** de la misère et des misérables *** des absences transitoires *** et de celles définitives…

Par : Abdelhak Riki

Ne vous précipitez pas… De quelle révolution parlons-nous ? De la révolution des peuples, de la révolution des travailleurs et des paysans, de la révolution des classes moyennes, de la révolution des régions marginalisées, de la révolution des affamés, de la révolution des riches, de la révolution de l’armée et des forces de sécurité ?… Ne vous précipitez pas… Tout est possible… Comme le dit Edgar Morin, l’auteur de nombreuses théories, notamment « la pensée complexe », le début n’est pas important, mais la fin. Tout est possible, oui, tout est possible… Si vous lisez cet article, vous comprendrez pourquoi tout est possible… La politique est l’art du possible, mais aussi un art de l’impossible…

Ce que je sais, c’est que la révolution des travailleurs a eu lieu en Russie tsariste en 1917, et la révolution des travailleurs et des paysans, en particulier des paysans, a eu lieu en Chine en 1948. Quant aux autres révolutions dans le monde, leurs impacts étaient limités ou ont été réprimées. Je sais aussi que le capitalisme a appris comment défendre ses droits et a écrasé tout droit légitime.

Ainsi, le capitalisme mondial a réussi à faire effondrer le camp socialiste (il y a un débat sur ce sujet) et à mettre fin à l’existence des partis communistes puissants, les partis socialistes démocratiques… jusqu’à ce que le capitalisme impose son modèle actuel basé sur le néolibéralisme. (Je sais qu’il y a un débat fertile sur tous ces sujets, alors je demande aux intéressés, en particulier aux jeunes, de s’y intéresser).

Revenons au Maroc, le sujet de notre article. Y a-t-il vraiment des signes annonciateurs d’une révolution à venir ? Oui et non… Avant de répondre à cette question délicate, il est nécessaire de rappeler qu’il y a ceux qui s’accrochent à l’idée de la révolution des travailleurs, et il y a aussi ceux qui s’accrochent à la révolution des travailleurs et des paysans…

Il existe également une théorie de « gauche » qui parle de l’impossibilité, aujourd’hui, de mener une révolution comme au début du XXe siècle, et à la place, une révolution citoyenne peut être menée à bien par le biais des élections.

Y a-t-il des signes avant-coureurs d’une révolution à venir… au Maroc ? Pour ma part, je ne vous cache pas que j’ai environ 66 ans, et tout au long de ma vie, j’ai dit que les signes avant-coureurs de la révolution sont à venir. Je n’ai jamais perdu espoir, permettez-moi de vous raconter une histoire qui m’a beaucoup marqué. C’était en 1990, j’étais un jeune « révolutionnaire » qui avait rejoint le parti socialiste (USFP).

L’Afrique du Sud était alors gouvernée par le régime de l’apartheid, Nelson Mandela était en prison depuis plus de 27 ans, et au Maroc, on parlait de la participation des « Noirs » à la répression des manifestations des Noirs, et personne ne s’attendait à sa libération. Et soudainement, le plus vieux prisonnier du monde (Mandela) a été libéré, et le reste, vous le connaissez. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud est devenue comme tous les autres pays, avec des conflits et des tensions.

L’important dans tout cela est que l’impossible n’est pas dans mon vocabulaire, tout est possible. C’est ce que j’ai appris de cette leçon éloquente. Il y a toujours des signes d’une phase prérévolutionnaire, mais on ne peut pas spéculer sur la survenue de la révolution ou de l’insurrection, comme c’est le cas depuis l’indépendance du Maroc. Pour ne pas prolonger la discussion dans ce domaine, je me limiterai à mentionner deux événements qui font encore parler d’eux, l’insurrection du 23 mars 1965 et le mouvement du 20 février 2011.

Les signes sont nombreux, je mentionnerai certains d’entre eux. Ce ne sont pas les plus importants ou les plus significatifs, mais je les rappelle maintenant, chacun ayant ses propres théories sur ce sujet. Premièrement, l’État policier et répressif. À cet égard, il est nécessaire de souligner que notre pays, à chaque échéance fiscale, accorde de l’importance au volet sécuritaire, en particulier aux ressources humaines. Je dis aux jeunes que l’État roumain sous le règne de Nicolae Ceausescu a atteint le summum de la sophistication dans la répression, puis il est tombé. La Tunisie, proche de nous, était un État policier par excellence, et elle est tombée.

L’État d’Israël, dans sa répression du peuple palestinien, est devenu un modèle pour de nombreux pays. Mais le 7 octobre 2023, un leader du nom de « Yahya Ibrahim Hassan Sinwar » a choqué Israël et le monde entier. Maintenant, ce leader est entré dans l’histoire et est toujours en vie. Ne soyez pas surpris si les générations à venir, donneront son nom après Mohamed, le messager de Dieu. Son nom est clamé partout, parmi les jeunes arabes, musulmans, humanistes, et universels et même parmi les jeunes marocains.

Ce que l’Afrique francophone a connu comme coups d’État et la rupture de ses relations avec la France est un autre indicateur. À cet égard, écoutons ce qu’a dit Alain Juillet, l’un des cadres importants des services des renseignements français, dans la plupart des pays africains, le seul organe capable de contrôler la société est l’armée.

Au Maroc, et Dieu seul sait, il y a deux forces, d’une part, l’armée et toutes les forces de sécurité et l’administration, et d’autre part, les islamistes, avec leurs factions participant au gouvernement et au Parlement, le « Parti de la justice et du développement » et l’autre « Justice et bienfaisance ». Il semble que cette dernière soit la plus organisée et la plus présente dans la société.

Je n’appartiens ni à l’une ni à l’autre, je suis un réformiste de gauche, je participe aux élections. Mes amis actuels sont emprisonnés, le journaliste « Taoufik Bouachrine » et le leader du mouvement du Rif, « Nasser Zefzafi ». J’en profite pour demander leur libération, ainsi que celle de tous les détenus politiques et d’opinion. Je ne les ai pas connus de près. J’ai brièvement rencontré Nasser, pour quelques secondes. Je vie à Rabat et je faisais de la politique depuis des années, je connais la plupart des hommes politiques de gauche et de droite. Les gouvernants et les opposants.

Quant aux islamistes, je défends leur droit à être présents dans la société et à exprimer leurs opinions, dans le seul cadre des urnes électorales et de leur intégrité.

L’autre point concernant les signes avant-coureurs de la pré-révolution est la crainte du gouvernement d’une convergence militante entre enseignants, élèves et parents. De même, on peut dire que l’État est en crise, c’est pourquoi la TVA a été augmentée, devenant la principale ressource face à l’impôt sur les grandes entreprises.

Il y a de nombreux indicateurs concernant la prochaine révolution, chacun(e) d’entre vous a sa propre théorie sur le sujet. Certains pensent que tout cela relève des vœux pieux, et c’est leur droit. D’autres sont d’accord avec moi, mais avec des différences d’orientations et de prémisses. L’important, comme l’a dit John Stuart Mill, est que « la liberté des uns s’arrête là où commence la liberté des autres »… L’essentiel est la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que le respect de l’opinion d’autrui.

 

Par : Abdelhak Riki

Rabat, 03 décembre 2023

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