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Ain Sfa rajeunit, Ain Sfa se fait belle !

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Zaid Tayeb


La commune rurale de Ain Sfa est en fête. Elle a mué. Elle a ressuscité après avoir été déclarée morte et enterrée comme le sont les sept saints aux sept coupoles blanches. Elle se relève titubante comme ivre, se secoue de sa poussière, vivante mais encore affaiblie après des années d’hibernation, de mort clinique. Elle a jeté ses vieilles guenilles tout usées, toutes vieilles, toutes maculées des violences qu’on lui avait fait subir et qu’elle avait encaissée au fil des années. Méconnaissable ! Elle était à plaindre ! Elle sentait la misère et l’indigence. Elle était réduite à des ruines avec ses boutiques éventrées, abandonnées à l’injure du temps, à l’usure des intempéries, à l’indifférence et à l’oubli de ceux qui avaient le pouvoir de veiller à son état de santé. Elle était vile et repoussante avec son souk où marchands et clients pataugeaient dans la boue en temps de pluie, et en temps de sirocco recevaient des rafales de vent au visage et de poussière dans les yeux. Les cageots et les couffins gisaient sur un sol poudreux l’été, boueux l’hiver, inhospitalier en toute saison. A tout ce spectacle de pauvreté et de dénuement du lieu s’était ajoutée la main de l’homme qui a donné des coups de balai et de serpillière à sa mémoire pour l’effacer de celle des hommes. Où est sa première école qui regardait de face les vergers et de biais la source aux eaux claires et clapoteuses ? N’était-pas dans cette petite école avec ses deux petites classes qui se faisaient face que beaucoup de grandes figures ont fait leur première scolarité ? Où est El Gasir, cette petite caserne française où nos parents et grands parents ont connu la vexation et la torture sous toutes ses formes ? L’école où étaient scolarisés les enfants venus de toutes les régions de la commune et El Gasir où étaient suppliciés leurs parents et grands parents ont été effacés à jamais de la mémoire collective de Ain Sfa. Qu’allons-nous raconter à nos enfants et petits enfants ? Que vont raconter nos enfants et petits enfants à leurs enfants et petits enfants ? Nous avons besoin de vestiges qui témoignent de l’authenticité de notre récit quand nous aurons à parler d’elle: « Vous voyez cette petite construction ? C’est là que j’ai été scolarisé après avoir abandonné sur les collines les moutons que je gardais. Et cette petite maison que vous voyez là-bas, à l’angle de la petite rue, c’est là que votre grand père a été torturé par les Français pour avoir porté les armes contre la France. » Voilà donc un récit authentifié par des preuves matérielles que nos enfants peuvent voir de l’œil et considérer de l’esprit. Il est vrai qu’à la place de la petite école a été érigé à deux niveaux un établissement d’intérêt public. Il est également vrai qu’à la place d’El Gasir un centre d’éducation et de formation a été construit. Ce qui est sans aucun doute bien. Ce serait encore mieux si on les avait gardés. Et pourtant, Ain Sfa ne manquait pas et ne manque pas d’espace ! On aurait pu sauvegarder et l’école et El Gasir car ils ont une valeur ajoutée pour Ain Sfa sur le plan de l’architecture, de l’urbanisme, de l’histoire, de la psychologie : C’est un vestige d’un passé heureux ou malheureux, c’est une mémoire d’un temps passé qui permet de rattacher le jadis et l’à présent. Que reste-t-il du passé d’Ain Sfa ? Presque rien si l’on passe sous silence les quelques boutiques qui menacent de crever à tout instant. Même la manufacture de crin avec ses machines y est passée.

Comme le passé a été gommé par des hommes à qui la destinée d’Ain Sfa a été confiée, d’autres hommes sont venus pour réparer le préjudice qui lui a été causé. Derrière toute grande œuvre, il y a de grands hommes ! Et la reconstruction commence.

A présent, Ain Sfa mérite bien de porter la robe de noces avec la mise sur pied d’un collège et d’un souk hebdomadaire. Le mot souk sonne mal dans une situation et un contexte où le meilleur s’exhibe et s’expose dans toute sa beauté au visiteur d’un jour ou à l’habitué. Il est plutôt question d’un marché hebdomadaire où la modernité rime avec l’organisation. Plus besoin d’errer à la recherche d’un produit ! A cela s’ajoute l’infrastructure routière, l’éclairage public, les jardins avec pelouses gazonnés, le transport scolaire et l’inventaire est encore long !

Ain Sfa se métamorphose et se modernise. Ain Sfa rajeunit et se fait belle.

Mes hommages aux artisans de la reconstruction d’Ain Sfa !

Zaid Tayeb

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1 Comment

  1. bensaid yahya
    16/03/2023 at 11:52

    est ce que les artisans de la reconstruction à savoir les élus locaux et le conseil régional et provincial peuvent penser à créer un centre de formation sur divers métiers pour les jeunes des douars voisins et il y a beaucoup pour leur ouvrir le secteur de la formation professionnelles et l accès à un emplois qualifié et un salaire correcte
    ça serait le rêve
    merci
    je suis originaire de cette commune et veut son bien
    yahya bensaid des ouleds jaber

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