(poème de jeunesse)

Comme l’eau de pluie quitte les crues en été,
toi aussi, un jour, subitement, tu m’as quitté,
oubliant nos belles promesses et nos serments d’éternel amour,
nos promenades nocturnes et nos défunts beaux jours.

Longtemps, dehors, partout, je t’ai cherchée, hélas ! Vainement.
Je t’ai appelée par ton prénom, ce prénom qui fait maintenant tout mon tourment.
Je t’ai même appelée par le surnom qu’autrefois je t’avais donné pour te railler.
T’en souvient-il, ou bien lui aussi l’as-tu oublié ?

S’il t’en souvient encore, je t’appelais « Enfant »
et souvent,  je te disais : « Enfant, m’aimeras-tu toujours comme auparavant ? ».
Et toi, me répondant tendrement : « Ame de mon âme, de ma fidélité,
et de mon attachement, pourrais-tu jamais en douter ? ».

Après que tu m’as délaissé,
j’ai tâché d’oublier le présent dans le passé,
Voire d’effacer ton souvenir de ma mémoire.
Hélas ! Tu étais toujours si proche que parfois je croyais te voir.

C’est alors que dans l’océan du désespoir, mon cœur a fait naufrage.
Ecoute comme les souvenirs et les regrets le font gémir, ou sont-ce de mauvais présages ?
Viens ! Et n’attends point à demain !
Car tout s’efface et le temps perdu ne revient point.

Viens ! Et joignons nos mains dans une étreinte commune.
Viens ! Enlaçons-nous et que toute notre haine et notre rancune
et que le passé, l’avenir, se confondent dans la douceur de cette extase jamais apaisée
et fondent comme une neige sous la chaleur de cet ardent baiser.