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TUILE ‘ROYALE’ SUR LE CRÂNE DE M. BENKIRANE

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COLONEL MOHAMED MELLOUKI

JOURNAL-LA 2ème LECTURE

 

TUILE ‘ROYALE’ SUR LE CRÂNE DE M. BENKIRANE

J’avoue que lorsque j’ai rédigé la lettre ouverte ‘ Dégagez’, destinée à M. Benkirane, j’ai agi quelque peu sous l’effet de la précipitation. J’avais quelques problèmes techniques avec ma parabole et je n’ai pu capter en totalité son interview avec Ahmed Mansour. Néanmoins, pour le peu que j’ai pu en suivre en direct, je fus éberlué qu’il puisse se permettre, de la manière la plus légère et la plus insensée, de rassurer des voleurs et criminels, comme si les deniers publics étaient sa propriété privée, et que sa qualité de chef de gouvernement lui conférait une posture de législateur suprême dont la parole prime la loi, et l’autorisait à  interpréter et subordonner celle-ci à sa convenance, l’appliquant à qui voudrait-il et pas à d’autres, et aux moments et situations dont il est seul juge. Mais en revoyant, par la suite, à tête reposée, l’enregistrement intégral de l’interview en question, je me suis demandé s’il n’était pas, en fait, tombé sur la tête. Son laïus est une véritable insulte à l’intelligence marocaine. Il nous renseigne, presque il nous enseigne, que si le ‘ printemps arabe’ – allusion au M20- était survenu avant 1975, il aurait focalisé sa revendication sur l’abolition du régime. Aussi vrai que si Obama avait été élu président des USA avant 1860 c’est, probablement, lui qui aurait, maintenant, sa statue à l’entrée du Capitole au lieu d’Abraham Lincoln. M. Benkirane n’a pas dû entendre parler de l’adage qui dit qu’avec les ‘ si’ on mettrait Paris en bouteille. Mais pourquoi l’année 1975 ? Insinuerait-il qu’à cette date, la Monarchie était menacée et que Hassan II avait organisé la Marche Verte pour sauver, plutôt, son trône que par souci national ? Ou est-ce un avertissement que cette fois-ci le régime n’a pas d’autre parapet  contre un éventuel soulèvement que lui, Benkirane ? Il soutient, par ailleurs, sans effronterie que tout va pour le mieux dans le meilleur pays du monde, qu’il a hérité d’une gouvernance somme toute positive ( de ma part, M’barak massaoud, si Benkirane ) et que la plupart des incriminations relatives à la dépravation sont infondées et relèvent de la simple rumeur. Pour preuve de sa bonne foi, il nous défie, en cas où nous ne serions pas convaincus, d’apporter la preuve de notre contradiction et nos accusations. Pour que les crédules se retrouvent devant la Justice, poursuivis pour dénonciation calomnieuse et diffamation. M. Benkirane cherche, une fois de plus, à rouler les Marocains dans la farine en leur offrant un panorama étatique quasi idyllique, après l’avoir dénigré des années durant. Du coup, les gens du M20 n’ont qu’à aller se rhabiller ; ils avaient tort de manifester pour le changement d’une gouvernance positive. Mais le personnage ne se limite pas à ces divagations ; il traverse carrément le miroir en affirmant, et avec morve en plus, que ce serait un crime que de conduire un panel de hauts cadres en prison, et qu’une telle pratique n’entrait pas dans la logique et la philosophie de l’Etat. Ainsi, nous avons désormais affaire à un chef de gouvernement fraîchement, et miraculeusement, débarqué dans l’Etat après avoir longtemps comploté contre lui, qui criminalise les honnêtes gens qui cherchent à neutraliser les voleurs et criminels, accorde, en contrepartie, à ceux-ci ‘ Son pardon’ et, cerise sur le gâteau, leur trouve des circonstances atténuantes, et les plaint qu’il ne leur en reste plus grand-chose des pactoles ramassés qu’ils auraient gaspillés dans des actions inconsidérées. Alors qu’il est universellement admis que la majorité des fortunes marocaines sont d’origine illicite, provenant de trafics divers, de corruption, de détournements de budgets, de combines et magouilles bancaires, administratives, passe-droits et autres. Si quelqu’un se demande encore comment le monde pourrait tourner à l’envers, il en a là un exemple typique. La prétention de M. Benkirane de parvenir à convaincre par ses louvoiements et tergiversations les véreux, toutes tendances confondues, et en premier lieux ses ‘crocodiles et aâfarit’ à plus de modération dans leur entreprise criminelle découle, tout simplement, d’un esprit enfantin. Il devra reprendre ses sens et se mettre bien dans la tête que, nécessairement, bon gré, malgré lui, aucun programme politique ou réformes structurelles qu’il envisagerait d’entreprendre, s’il en avait encore réellement l’intention et la capacité, ne saurait aboutir à un changement un tant soi peu appréciable si d’abord, et puis d’abord, et ensuite d’abord, le gouvernement ne s’attaquait sincèrement, profondément, globalement, à éradiquer la dépravation sous toutes ses formes : corruption, gabegie, fuite de capitaux, économie de rente, clientélisme, népotisme, surfacturations, emplois fantômes, exonérations indues d’impôts, privilèges illégaux etc… Il est vrai que la tâche est pénible, titanesque parce que le fléau est fortement enraciné et extrêmement répandu à toutes les sphères de l’État et à tous ses niveaux. S’il se refuse d’engager une véritable politique d’assainissement qu’il considère comme étant une ‘chasse aux sorcières’, c’est son point de vue qui ne le disculpe absolument pas de la responsabilité qu’il endosse à l’égard de ‘ Haq El Bilad’ qui veut qu’en matière de gestion de la chose publique il n’y a ni ‘ chasse aux sorcières’ ni ‘ chasse aux moineaux’, il n’y a que la loi qui doit être appliquée et la justice qui doit passer, même s’il faut poursuive les ‘sorcières’ jusqu’en enfer. En tout état de cause, les propos de M. Benkirane relèvent, en réalité,  du pur verbiage, < des benkiraniates > parce que ‘ notre’ cher chef de gouvernement ne jouit, en fait, d’aucune légitimité ni en Chariâ, ni constitutionnellement  pour gratifier de son absolution qui que soit. Il semble déjà que son bavardage ne soit pas apprécié en haut lieu. Si l’indépendance de la Cour des comptes et son rôle dans le contrôle de la gestion financière publique se passent de commentaire, la nomination à la tête de cette institution de M. Driss Jettou, technocrate et homme d’affaires qui sait ce que veulent dire le sou et la comptabilité, constitue, indéniablement, une tuile ‘royale’, dans tous les sens du terme, projetée sur le crâne de M. Benkirane. Outre le fait que si l’intéressé est l’un de ses ( et ces) prédécesseurs qu’il a assimilés, naguère, à de simples Secrétaires généraux, c’est-à-dire à des exécutants à qui on ne demandait pas de réfléchir, il est aussi celui qui a remplacé M.Youssoufi, c’est-à-dire l’homme qui a incarné la fin de l’Alternance et le retour à la case zéro. À la place de M. Benkirane, je méditerais plus et papoterais moins.

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1 Comment

  1. Mekki Kacemi
    13/08/2012 at 03:17

    « La tuile royale » est la bienvenue. C’est celle des anti-réformistes qui est et sera toujours repoussée

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