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Qui, d’Akhannouch ou du prix du carburant tombera ?

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Zaid Tayeb


N’est-ce pas le premier ministre en exercice qui a promis de rééduquer les Marocains qui manquent d’éducation ? Ce sont là des propos d’un homme de bonne naissance et de bonne famille à l’attention du petit peuple mal élevé ! N’est ce pas lui-même qui a conduit le blocage contre un autre premier ministre qui s’apprêtait à former son deuxième gouvernement pour un second mandat? C’est, à ma connaissance, une première dans notre pays que de faire avorter la formation d’un gouvernement. N’est-ce pas lui aussi qui a juré, et en grande cérémonie, de ne pas changer d’avis même si toutes les brigades et toutes les légions électroniques du monde entier se liguaient contre lui, parce qu’il se considère comme un Homme, au sens viril du terme ou d’un despotisme absolu ? Et le malheur, c’est qu’il a été chaleureusement applaudi par la foule qui l’écoutait ! Mais l’affaire de ce parti sorti des urnes comme le Djinn de la lampe d’Aladin, ne s’arrête pas à l’arrogance et l’effronterie du premier ministre. Voilà le président de la chambre des représentants, un autre homme du même parti, qui lui emprunte le pas en qualifiant les Marocains de malades pour la simple raison qu’ils demandent le départ du premier ministre ou la baisse des prix excessifs des carburants dont il est responsable. Il y a, effectivement, une relation de cause à effet entre le premier ministre qui incarne le pouvoir et le premier ministre qui incarne le fisc. Le premier prépare la voie au second à qui il garantit la protection, la sécurité et l’immunité. Le second, lui, il laisse brouter généreusement ses vaches qui lui rapportent gros en diésel et en essence. Il agit sans crainte car il est à l’abri de toute impunité.

La loi du marché, nous la connaissons en partie, et sans avoir à lire et comprendre Keynes : l’achat et la vente d’un produit, de quelque nature qu’il soit, peuvent générer des bénéfices ou conduire à des pertes en fonction de conjonctures favorables ou défavorables. Or le premier ministre qui possède des sociétés d’importation de carburants, ne vend jamais à perte son diésel et son essence, pour ne parler que de ces deux produits qui mettent le feu dans les bourses des citoyens. Quand le prix du carburant monte à l’échelle mondiale, il monte presque de manière simultanée chez nous. Cependant, quand il baisse, il ne baisse que plusieurs jours plus tard, sous prétexte qu’il a été acheté plus cher et qu’il faut attendre la rupture du stock qui est de 60 jours. Ainsi donc, le premier ministre crée des conjonctures qui lui permettent de vendre toujours à profit, jamais à perte.

De plus, selon un usage aboli ou tombé dans la désuétude : le taux du profit baisse ou monte en fonction de conjonctures économiques, politiques, sociales, météorologiques.. Or le premier ministre, en sa qualité de responsable politique et de propriétaire de grandes sociétés d’importation de carburants, gagne aussi bien et de la même manière pendant les années maigres et les années grasses. Ce qui est éthiquement abject. La sagesse dit que seuls les chiens s’engraissent pendant les années où il y a le plus de charognes.

Revenons à présent au premier ministre qui incarne le pouvoir. Il y longtemps que les voix s’élèvent pour lui demander d’intervenir auprès du premier ministre qui incarne le fisc de faire baisser les prix des carburants ou de démissionner. Il ne fait ni l’un ni l’autre. Il se terre. Cela se comprend. Et pour deux raisons. La première est qu’il a solennellement juré de ne pas changer d’avis même si toutes les légions électroniques du monde entier se liguaient contre lui. La seconde est qu’il n’a pas l’éloquence, l’élocution et les mots pour prendre la parole et justifier la hausse des prix des carburants. Il donne alors droit de parole à son filleul pour insulter les citoyens et les traiter de malades. Malades, il est vrai, nous le sommes parce que, simples d’esprit que nous sommes, nous avons cru en leurs paroles mielleuses et nous continuons sans doute à y croire ou à lui jeter des pierres.

A présent, nous comprenons mieux quelle est la vraie nature de ceux à qui nous avons donné nos voix pendant les dernières échéances électorales. Ils portent, certes, costumes et cravates. Ils n’ont pas de barbes comme leurs prédécesseurs que nous avons accusés, à tort ou à raison, de marchands de religion. Ceux-là nous vendent les carburants à des prix imbattables, jurent de ne pas changer d’avis même si toutes les légions du monde se liguaient contre eux, nous traitent de malades.

Qui a dit : ‘’parle que je te voie ?’’

Le premier ministre a parlé. Le président de la chambre des représentants a parlé. Nous avons vu qui ils sont bien qu’ils portent costumes et cravates.

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