Oujda: Les femmes encore violentées
· Un centre de soutien en a reçu 278 en 2005
· Elles ont dans leur quasi-totalité moins de 50 ans
· Principaux coupables: Les maris
Nonobstant les efforts déployés par le gouvernement à travers ses services extérieurs, l’apport du tissu associatif, les dispositions du nouveau code de la famille et du nouveau code pénal, notamment l’article 101, la violence contre les femmes sévit encore sous toutes ses formes dans la région de l’Oriental.
Depuis sa création à Oujda en février 2002 et jusqu’au 31 décembre 2005, le Centre d’orientation, de soutien et d’écoute spécialisée de Aïn Gazal 2000 d’Oujda, a accueilli 619 femmes victimes de violences. Le nombre de femmes violentées est passé de 47 cas en 2002 à 103 en 2003, puis à 191 en 2004 et à 278 l’année écoulée. Parmi ces femmes battues, 60 sont accompagnées de leurs enfants, des nouveaux-nés. De son côté, l’assistante sociale au service des urgences à l’hôpital Al-Farabi d’Oujda, Latifa Khiat, a affirmé à L’Economiste avoir reçu, de juillet à fin décembre 2005, 139 femmes dont 105 victimes de violences conjugales. Mais cela ne s’est pas arrêté là puisque, depuis le début de l’année en cours et jusqu’au 28 février, on a enregistré 90 cas de femmes victimes de violences dont 70 conjugales.
Par ailleurs, le bilan du parquet d’Oujda, au terme des exercices 2004 et 2005, fait respectivement état de 198 et 180 cas de violence sur des femmes. La quasi-totalité des femmes battues sont âgées de moins de 50 ans et le coupable est souvent le mari, estimant tout naturel son acte.
H. Didi, avocate au barreau d’Oujda, attribue la violence à l’égard des femmes à une mentalité obsolète et à une éducation traditionnelle confinant la femme dans un statut d’infériorité. Et surtout, souligne l’avocate, à une mauvaise appréhension du nouveau code de la famille, qui serait, aux yeux de certains, «la cause principale de l’augmentation de cette violence et des divorces».
Citant le manque de conscience du rôle de la femme dans le développement, A. Zerrouki, substitut du procureur du Roi près le tribunal de Première instance d’Oujda, fait remarquer que plusieurs formes de violences sont perpétrées contre les femmes sous l’effet de la drogue et de l’alcool. Le magistrat montre également du doigt l’ignorance et la pauvreté arguant en cela que la majorité des cas sont issus de milieux illettrés ou pauvres.
Par contre, Z. Zaoui, avocate et présidente de l’association Aïn Gazal Oujda 2000, dénonce même certains intellectuels aisés. Quant à l’affluence croissante au centre, Zaoui l’attribue à la prise de conscience par les femmes de la gravité des violences qu’elles subissent et de la nécessité de dénoncer cette violence et de revendiquer leurs droits. «Notre tâche est d’encourager les femmes à dénoncer la violence quels que soient sa forme ou son auteur, à les aider à ne plus supporter l’insupportable», souligne-t-elle. Car, poursuit Zaoui, la violence dont elles sont victimes dans la sphère familiale reste tabou si bien que la femme a du mal à exprimer ses douleurs si ce n’est son corps, portant de graves traces, qui parle pour elle. C’est pourquoi le centre, baptisé «OSES» se fixe comme action principale l’accompagnement de la femme violentée dans toute démarche, juridique ou sociale, et offre plusieurs prestations aux victimes, tels l’accueil, l’écoute spécialisée et les orientations juridique, morale ou psychologique.
Amina Moumni, responsable au centre, déclare qu’il prend en charge la femme pour une période de 2 mois renouvelable à la demande de la bénéficiaire 2 fois. «Nous nous occupons des femmes victimes de violences physique, morale, sexuelle ou économique mais aussi de mères célibataires maltraitées ou abandonnées pour et après accouchement. Nous aspirons aussi à un renforcement de nos moyens financiers pour élargir notre action à une formation à métier permettant à la femme définitivement abandonnée de s’insérer dans la société active».
A signaler que les cas soulevés ne constituent que la partie visible de l’iceberg. Que de femmes violemment battues continuent à souffrir dans le silence, à taire la violence subie parce qu’elles ont peur, ou sous l’effet de la pudeur. Dans notre société, encore à prédominance patriarcale, l’éducation traditionnelle tolère encore, malheureusement, certains comportements inégalitaires et discriminatoires entre les deux sexes.
De notre correspondant,
Mohammed Zerhoudi
d’aprés L’ECONOMISTE
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