Candide se marie (Fin
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Candide fut émerveillé par ce conte et se rendit compte qu’il était loin de Propontide et qu’il était à Constantinople. Le vieil homme invita Candide à enfourcher la bête et prirent le chemin ensemble. Les deux hommes arrivèrent enfin devant une maison en pisé. Une demeure modeste. C’était le gîte du vieil homme. Il invita Candide à prendre du lait avec des dattes. C’était la coutume. Candide s’en alla d’abord se laver les mains et se brosser les vêtements. Quand il était en train de se nettoyer, deux jeunes filles étaient venues prendre de l’eau du puits. Candide fut attiré par leur beauté qui dépassait de loin celle de Cunégonde. Mais son regard se posa surtout sur celle qui paraissait plus âgée et plus mûre, plus réfléchie par sa démarche naturelle et sans zèle, par son air sérieux. Le vieil homme intervint et arracha Candide à sa contemplation :
« Ce sont mes deux filles; la plus âgée, celle qui porte un voile, a été répudiée. Elle a
mené une vie d’enfer avec son mari. Il la battait souvent pour la moindre cause …
– Comment ?! On répudie les femmes chez vous ?!.. »
Le vieux n’entendit pas l’exclamation de Candide. Il était à moitié sourd et en même temps il était interpellé par l’une de ses filles. Candide se reprit :
« Je ne dois pas m’étonner tout le temps ! Je dois accepter les choses telles qu’elles sont !… »
Une fois à l’intérieur, devant deux bols de lait et quelques dattes comme le voulait la tradition, Candide questionna le vieux sur sa vie, sur ce qu’il pensait de l’idée de l’Horloger, ce qu’il pensait de l’harmonie préétablie, du meilleur des mondes possible …Le vieux lui répondit qu’il croyait en un seul Dieu, bon et clément et qu’au delà de cette croyance, il ne se posait pas de questions, car cela le dépassait.
« Je ne m’intéresse qu’à mes arbres fruitiers, à mes moutons, à mes oliviers et au bien être, autant que faire se peut, de ma famille !.. »
Candide trouva cela raisonnable. Et ils parlèrent de la terre, de ses richesses, du travail, de l’argent etc.…Enfin Candide sentit le besoin de partir, mais se souvint de sa dernière mésaventure et eut un certain dégoût à retourner là d’où il était venu, à revoir les mêmes visages : Cunégonde ( il ne savait pas qu’elle était morte), Pangloss, ceux qui étaient à l’origine de tout son malheur. Il demanda conseil au vieux. Ce dernier, fidèle à la tradition de l’hospitalité de son pays, ne put que l’inviter à passer la nuit chez lui, et lui fit savoir que la nuit pouvait lui porter conseil. Le lendemain, Candide se réveilla en même temps que le vieux qui s’en alla faire ses ablutions pour faire sa première prière de la journée. Candide alla à son tour se laver devant le puits, et ses yeux rencontrèrent encore les yeux de l’aînée. Elle s’appelait Amal ( qui veut dire Espoir). Ils échangèrent le bonjour et le sourire. Candide se sentit pris par le charme de la jeune femme. Il fut séduit par sa grâce naturelle. Il décida alors de demander sa main. Il ne pouvait pas trouver mieux.
En effet, sa demande fut acceptée, mais après s’être converti à la religion de la femme. C’était la condition sine qua none pour l’épouser. Le mariage fut célébré selon la tradition de la famille, et il vécut avec cette famille en travaillant aux champs et en s’occupant des moutons. L’or et les pierres précieuses qui lui étaient restés, furent bien investis et lui rapportèrent de quoi s’approprier d’autres domaines, d’autres troupeaux. Tous les voisins déshérités y trouvèrent du travail et vécurent heureux. Candide passa pour le bienfaiteur de la région. Il construisit des mosquées dans les coins les plus reculés du pays. Il aida certains à faire leur pèlerinage. Pour certains il fut la providence même. Mais Candide n’atteignit point son bonheur : il ne put avoir d’enfants, et il en souffrit atrocement …
FIN
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