CANDIDE SE MARIE (1
Réécriture de la fin du conte : Candide, de Voltaire.
Pour les élèves de la deuxième année du baccalauréat.
-1-
…Emporté par la colère et excité par les paroles du baron, Candide tira son épée et sans laisser le temps ni à Pangloss ni à Martin ni à Cacambo d’intervenir, il lui perça le ventre. Il retira son épée et la lui enfonça de nouveau dans la bedaine tout en criant :
«Mort aux barons ! Mort aux ingrats ! Mort aux jésuites ! »
Jamais on ne vit Candide dans cet état de furie. Il paraissait vraiment révolté contre
tout ce qui l’entourait. Il était au paroxysme de la colère. Il se livra alors à un soliloque de délire :
« Moi qui n’attendais que ce moment ! J’ai été chassé du château, j’ai été pris et engagé de force dans l’armée bulgare, j’ai fait une guerre qui ne me concernait nullement, j’ai failli être brûlé vif, j’ai failli être rôti et mangé, j’ai quitté le meilleur des mondes qui puisse exister, j’ai été roulé, volé … Toutes ces mésaventures causées par le meilleur coup de pied possible, ce coup de pied du Baron ton père, que j’ai reçu à cause de Cunégonde, et toujours à cause de Cunégonde, toi aussi, tu veux m’empêcher de me marier avec elle ! Et quelle Cunégonde !! vieillie, enlaidie par le temps et l’Espérance, par les viols et les jouissances ! Après tout ce que j’ai fait pour toi, pour elle, pour tout le monde !… ».
Ses paroles s’éteignirent, ses sanglots éclatèrent et ses larmes coulèrent. C’était l’être le plus malheureux de la terre, le plus malheureux du pire des mondes possible.
Martin, pendant tout ce temps-là, regardait sans aucune expression. Il était sans aucun doute en train de compter les coups que Candide assénait au baron. Cacambo était au chevet de celle dont la beauté s’était fanée. En effet, en voyant Candide dans cet état et surtout lorsqu’elle vit jaillir le sang de son frère qu’elle venait juste de revoir après une longue séparation, Cunégonde tomba évanouie. La vieille s’en alla chercher de l’eau. Elle criait et se frappait les cuisses, bien qu’au fond d’elle, elle approuvât le geste de Candide.
Pangloss, quant à lui, fut indigné du geste de Candide et regardait d’un air effaré la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il avait peur d’être embroché à son tour, c’est pourquoi il n’osa pas s’approcher de lui. Cependant il ne cessa pas de répéter :
« Ce n’est pas le Candide que j’avais éduqué selon la philosophie de notre grand maître … Ce n’est pas lui … Lui qui était tout innocence et candeur, ce n’est pas possible !… Est-ce là le meilleur des mondes possible ?!.. Mais oui , je ne dois pas contredire ce que j’ai appris de mon grand maître philosophe !…C’est vrai, ce mal particulier, engendrera sûrement le bien , c’est certain …Ce sera le mariage de Candide et de Cunégonde … Leur amour triomphera …Il a déjà triomphé !…Mais il reste à savoir si Cunégonde veut toujours de Candide, et si Candide y tient toujours !…Je dois passer à la vérification … De toute façon, vérification ou non, c’est toujours le meilleur des mondes !… N’est-ce pas là la meilleure preuve !… ».
Aucun commentaire