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Le téléphone dont les vibrations empruntèrent le support pour envahir le tableau de bord, l’arracha à cette réalité qui le torturait. Sa main droite sauta sur le téléphone, ses yeux parcoururent le petit écran phosphorescent. Le nom de « Tarnoun » vint semer en lui un brin d’espoir, puis sa main droite, toujours de manière machinale porta le petit objet parlant à l’oreille droite. Le pouce appuya sur la touche « OK ». Les lèvres du parlhumanoïde se détachèrent pour laisser passer un « Allo ! » mêlé d’inquiétude, d’impatience et d’espoir. De l’autre côté la voix de Tarnoun parut apaisante, ou plutôt lénifiante.

– C’est moi, Tarnoun !.. Non ! pas encore… Ne t’en fais pas ! Compte sur moi !.. N’aie aucune crainte !.. Mais non !.. Justement c’est pourquoi j’… Oui ! C’est pourquoi je t’appelle…Pour avoir ce rendez-vous, il doit savoir…

A l’autre bout, le parlhumanoïde était inquiet. Il n’avait pas beaucoup de temps devant lui. L’heure de son rendez-vous avec le premier ministre approchait.

– Ecoute, Tarnoun ! Ne me dis rien d’autre ! Ce que je veux savoir c’est quand je dois rencontrer cet énergumène !.. Il veut savoir quoi ?.. Mais je le lui dirai, quand je serai avec lui… ça devrait être le secret du métier bon sang !… Il doit faire comme les médecins !.. Je ne peux pas raconter ce dont je souffre à tout le monde !.. Oh ! la !la !.. D’accord !.. Mais dis-moi ! Cet intermédiaire, est-ce qu’il me connaît ?.. Tu en es sûr !.. Je ne veux pas qu’il aille le raconter à d’autres personnes !.. Tu dois lui faire prêter serment !.. C’est sûr !.. Tu me le jures !.. Il est à côté de toi ?.. Tu lui dis s’il a besoin de quoi que ce soit, il me trouvera…Mais à condition qu’il se taise !.. Sinon !…

Tarnoun qui avait déjà réglé le problème et qui lui avait fixé un rendez-vous, juste après la prière du crépuscule comme il était convenu, avait fait cette mise en scène seulement pour qu’il fût, lui, au courant de ce qui n’allait pas bien chez ce parlhumanoïde. Cette information, il en avait besoin. Comme les cornes ou même la tête d’un cerf pour un chasseur, cette information représentait un véritable trophée pour lui, qu’il pouvait exhiber à ses loisirs pour mieux faire valoir son prestige et pour nourrir ses récits qui lui procuraient cigarettes et boisson à profusion.

– Oui, il doit savoir… Mais ne t’en fais pas !.. Ce sont des saints qui ne médisent jamais des gens… Moi ?! Mais tu me connais !.. Non ! Je ne ferai jamais cela !.. Ecoute ! si tu n’as pas confiance, et tu as raison peut être, tu vas le voir directement et sans passer par un intermédiaire !.. Comme ça je serai moi aussi à l’abri des doutes… Comme tu veux !…

Le parlhumanoïde fut obligé d’avouer la vérité à Tarnoun qui se délectait de cette information qui pouvait lui être vraiment très utile. Il se voyait déjà en train d’exciter ses multiples assistances qui restaient bouches bées devant cet exploit des plus merveilleux… Cette histoire ne lui procurerait pas seulement des verres de thé ou des tasses de café, mais plusieurs litres de bière et de vin de toutes les qualités. Il avait de quoi entretenir plusieurs assistances et de quoi s’assurer une longévité à la gratuité des consommations variées. Son prestige gagné grâce à ses contacts avec les hautes personnalités, connaîtrait une hausse importante suite à ce scoop d’information qu’il venait de réaliser. Une fois de plus, Tarnoun avait de quoi émerveiller ses nombreuses assistances parmi ceux que le temps tuait dans les cafés, et que Chronos appelait dans ses registres temporels : « les suppliciés du chômage ! ».(A suivre)