Le parlementaire (15

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…Il eut l’impression de voir des mains s’agiter comme pour demander du secours. Les mains devinrent de plus en plus nombreuses. Elles ressemblaient à des « v » écrits sur l’horizon par on ne sait quel stratagème de cette mer voulant l’engloutir pour le noyer dans ses souvenirs. C’étaient les mains de ceux arnaqués dans l’affaire « Annajat ». Même le hasard avait participé à cette arnaque : comment se fait-il que cette nomination qui veut dire : salut, délivrance, renvoie par contre à un malheur, à une certaine noyade de ces jeunes meurtris par le chômage et arnaqués par les plus illustres politiciens ? Il avait une part de responsabilité dans cette affaire. Plusieurs jeunes de son douar en étaient victimes. Il leur avait promis du travail, quand la campagne électorale battait son plein. Ils avaient cru à ce mirage. Ils avaient tout vendu pour s’approprier la grande somme exigée… Ils avaient beaucoup attendu, après la visite médicale les jugeant aptes à s’aventurer sur les mers. Leur attente avait duré une éternité. Ils ne virent rien arriver. Leur déception fut grande. Certains parmi eux, n’ayant pas pu la supporter, avaient préféré mettre fin à leur vie… C’étaient les mains de ces suicidés qui s’agitaient devant ses yeux. L’envie de gagner aux élections, d’avoir plus de voix que ses concurrents, l’avait aveuglé. Tout était bon, pourvu qu’il tînt la tête de la liste, même l’arnaque, même s’il devait passer sur les corps des petites gens crédules, malmenés par le chômage. Avait-il un sentiment de regret ? Certes, mais un regret vite placé au deuxième plan par rapport au sentiment de fierté de toujours gagner. Ces quelques minutes de méditation et de réflexion allait le rendre fou. Ces mains s’agitant là-bas, vers l’horizon allaient l’étrangler. Il dénoua sa cravate, prit profondément une bouffée d’air humide qu’il expira en fermant les yeux. Il ne pouvait plus supporter cela. Il prit la décision de quitter les lieux pour aller consulter El Mekki. Il avait le don de guérir de toutes les maladies, d’autant plus qu’il n’était pas loin de son aire d’habitat. Ce guérisseur était retranché dans un petit village où il recevait sa clientèle contre seulement l’offrande de quelques pains de sucre. Les journaux rapportaient que par une seule touche de sa main, le malade se trouvait libéré de ses angoisses et totalement guéri. A cette pensée, il se releva, prit sa veste qu’il jeta sur son épaule droite et rejoignit sa voiture. Avant de démarrer, il se rappela que la veille, il avait fermé son téléphone. C’était son habitude pour éviter les appels de nuit qui le dérangeait. Il l’ouvrit et l’enchâssa dans son support. A peine l’eut-il posé, qu’il se mit à sonner. Il hésita un petit moment, puis il introduisit l’écouteur dans son oreille. Il jeta un regard sur l’écran lumineux pour s’enquérir de son interlocuteur. Seul le mot « appel » clignotait devant ses yeux. Néanmoins, il répondit. – Allô !… Oui c’est moi !… Qui est avec moi ?… Qui ?.. Ah ! monsieur le ministre… D’accord… A quelle heure ?… O.K…. Seul ou accompagné ?…D’accord…Non…non…je suis juste un peu déprimé, c’est pas grave… J’en ai vraiment besoin…avec ces casses têtes…Qui ne cessent de se lamenter…Que voulez-vous ? On fait de notre mieux… Mais personne ne le reconnaît… Une bande d’ingrats !.. D’accord ! Salut ! j’y serai !… Il enleva l’écouteur de son oreille, démarra sa voiture et s’engagea dans le sentier le guidant vers la route nationale. Il devait consulter El Mekki. Mais personne ne devait le savoir. Comment allait-il s’y prendre, alors ? Seul Tarnoun en était capable. Il fallait passer le prendre avec lui et le charger de cette mission. Il devait lui fixer un rendez-vous avec El Mekki. De préférence, vers le crépuscule, ainsi il éviterait les regards curieux… (A suivre)




2 Comments
انت بعيد كل البعد عن مشاكلنا وتكتب في مواضيع بلغة اجنبية ليست لنا ولا تعنينا في شيء وغير قادرة على نقل الهموم الى كل رواد هذا المنبر . فهلا غيرت الاتجاه …
أنت غير مجبر على قراءتها… وما دمت جاهلا هذه اللغة كيف عرفت أن ما أكتبه « بعيدا كل البعد عن مشاكلكم؟ » … ومن أنتم يا ترى؟ ومن أعطاك الحق لتتكلم باسم رواد هذا المنبر؟ فاكتب أنت ما يحلو لك، فبأي حق تطلب مني أن أكتب لك ما تحب؟ قل لي ماذا تحب وسألبي لك الطلب… إن كنت عاجزا عن التعبير… يا ضميرا مستترا…