Le parlementaire ( 12 )

Le parlementaire (12)
A la maison, la mère expliqua avec moins de frayeur la situation à ses enfants. Tous, se lamentaient pour leur papa et regrettaient un peu de ne pas avoir essayé de le retenir et de l’avoir laissé partir dans cet état. Ce fut d’abord l’aînée de ses filles qui le regrettait le plus, car elle comptait lui demander d’alimenter son compte bancaire. Elle était débitaire et sa voiture était chez le mécanicien. Elle ne supportait plus prendre le bus avec la multitude, pour aller à l’institut des hautes études bancaires où elle poursuivait ses études. Le garçon à son tour avait fortement besoin de lui. La veille, il avait renversé un cycliste sur la route longeant la mer. Il ne s’était pas arrêté. Il avait pris une cuite avec ses copains et ses copines dans une boîte de nuit se trouvant sur la corniche et, avant que les premières lueurs n’eussent apparues, il avait décidé de rentrer chez lui. Mais sur la route, et puisqu’il était en état d’ébriété, sa voiture hoquetait et chancelait et c’est ainsi qu’elle était sortie de la chaussée et avait renversé ce cycliste qui allait peut être rejoindre son lieu de travail. Sa famille n’était pas encore au courant. Le deuxième garçon, assis au bord du fauteuil, le baladeur collé aux oreilles, était absorbé par ses jeux électroniques. Il ne prêtait aucune attention à ce qui se passait autour de lui. Du moins, ainsi paraissait-il. La petite fille, la benjamine de la famille qui avait emboîté le pas à son père dans la salle de bain, revint vers le groupe traînant une valise diplomatique.
– C’est la valise de mon père !…
– Il l’a oubliée !…
– Donne-la moi cria la femme !…
La petite fille la lui tendit. La maman se releva et s’engouffra dans sa chambre. Elle referma la porte puis s’en alla s’asseoir sur son lit et ouvrit la valise avec une hâte démesurée. Heureusement qu’il ne l’avait pas bloquée par son code. Elle farfouillait dans ses dossiers, espérant trouver quelque chose qui confirmait son doute. Une lettre, un numéro de téléphone ou n’importe quoi qui pût assouvir sa curiosité, même si au fond d’elle-même, comme toute femme, souhaitait ne rien trouver qui mît la confiance de son homme en doute. Elle tomba sur un petit livre. Elle lut son titre écrit en rouge : consigne aux parlementaires. Au bas de la couverture, elle pouvait lire en plus petits caractères : Edition de la chambre des représentants. Elle l’ouvrit à la première page. Elle lut d’abord ce qui était écrit en rouge et en gros caractère : AVERTISSEMENT. Puis, elle lut une longue phrase écrite cette fois-ci en petits caractères et en italique, mais toujours en rouge, au bas de la page. La femme relut cette phrase à plusieurs reprises ne croyant pas ses yeux. Elle fut cependant soulagée comme toute femme jalouse et possessive. Elle serra bien le petit livre contre son cœur, comme pour lui témoigner sa reconnaissance, puis elle posa ses lèvres sur sa couverture et le porta à son front. Elle répéta ce geste à plusieurs reprises. Un sourire s’afficha enfin sur son visage. Mais elle se renfrogna vite en se rappelant que son homme n’avait plus d’image et que peut être il l’avait perdue pour toujours. Enfin elle se reprit. Elle ne pouvait pas tout avoir. L’essentiel pour elle en ce moment, c’était que son homme ne la trompait pas. Elle avait surtout peur qu’il eût une relation avec sa bonne. Elle sortit enfin en courant rejoindre ses enfants encore sous le choc et toujours réunis dans le salon.
– J’ai trouvé !… J’ai trouvé !…




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