Le parlementaire

Le parlementaire (10)
– Je ne sais pas ce qui se passe, mais comme tu le vois, je n’ai plus d’image, comme si j’étais un fantôme dirait-on…Je ne voulais pas que tu le saches… je voulais t’éviter cette épreuve, crois-moi ma chérie…
Sa femme le regardait toute éberluée, et commençait à prendre ses distances en faisant quelques pas en arrière, comme quelqu’un qui s’apprêtait à prendre la fuite devant un danger imminent. Elle voulait crier pour que ses enfants et la servante vinssent à son secours. Mais elle avait comme une boule à la gorge qui l’empêchait de lancer ce cri. Son homme avançait lentement vers elle pour la tenir, la toucher, la rassurer, et lui assurer qu’il était vraiment son mari, en chair et en os, même sans image, et qu’il avait toujours son âme et que rien n’avait changé en lui.
– N’aie pas peur, je suis ton mari, ton cher parlementaire… je ne suis pas un fantôme, je te l’assure… Moi aussi j’ai peur, je ne sais pas ce qui m’arrive…
– Ne t’approche pas de moi ! Que Dieu me préserve de Satan !, se répéta-t-elle, tout en relevant l’échancrure de son corsage et en crachouillant sur sa poitrine, geste millénaire pour chasser les démons et la peur et, ce qu’auraient certainement fait nos aïeux les troglodytes de la grotte des chameaux quand ils devaient affronter l’inconnu.
– Tu n’es pas mon mari ! Tu n’es pas mon mari !..
A ces mots, elle avait déjà empoigné la porte et sortit en courant, comme si elle avait vu le démon en personne. Elle ne savait quoi faire, elle courait dans la maison sans but, tout en jetant de temps en temps un regard derrière elle, vers l’homme ou le fantôme qui la poursuivait. Le parlhumanoïde, lui emboîtait les pas et essayait de gagner sa confiance en lui répétant à tue-tête qu’il était bel et bien son homme.
– Maudis Satan et reviens à ta raison ! Je suis ton mari… Aide-moi à éclaircir ce mystère !..
– Ne me poursuis pas ! Ne me poursuis pas !..
Ce charivari alerta tout le monde. Les enfants et la servante accoururent dans le grand salon. Leur mère était blottie dans un coin et essayait de chasser la main de leur père qui l’avait déjà rejoint et qui essayait de l’attraper pour la soulever. La fille aînée se précipita auprès de sa mère qui la retint de toutes ses forces comme si elle représentait pour elle le salut… (A suivre)




Aucun commentaire