Les impuretés de la langue française
La langue française souffre de beaucoup d’imperfections qui rebutent les jeunes apprenants. Son écriture contient beaucoup de parasites En effet, pour ne prendre que son aspect orthographique, nous devons signaler les nombreuses discordances entre le caractère graphique et son caractère phonique. C’est-à-dire que le lecteur lit ou entend le plus souvent autre chose que ce qui est écrit. Nous prenons l’exemple du phonème[k] et ses différentes transcriptions graphiques.
I– Cas du graphème C.
1– Cas où le graphème C se prononce [k]
–C+ voyelle a, o, u : clé ; cuve ; carré ; colonne
–C + consonne : classe ; écrire
–C en finale absolue : lac ; cric ; roc ; donc…
2– Cas où le graphème C se prononce [s].
–C +voyelles i ; e ; é ; è ou la semi consonne y : ici ; ce ; lycée ; procès ; cycliste.
3– Cas où le graphème C n’a pas de phonème correspondant, c’est-à-dire qu’il ne se prononce pas. En effet quand ce graphème est en finale absolue, parfois il ne se prononce pas : escroc ; porc ;
II– Cas du graphème CH
1– Le graphème CH se prononce[k] : technique
2 -Le graphème CH se prononce également : chercher ; marcher
III– cas du graphème QU
–QU + voyelles a ; i ; e ; o : se prononce[k] : quatre ; quitter ; chaque ; quiproquo.
IV– cas du graphème Q
-Placé en finale absolue Q se prononce [k] : coq ; cinq ; Iraq
–Toutefois et curieusement, suivi d’une consonne, le graphème Q de cinq ne se prononce pas dans : cinq cents.
V– Cas du graphème K
-En règle générale, le graphème K se prononce[k] : un kyste, un klaxon ; un kilogramme.
VI -Cas du graphème KH
Pour certains mots étrangers entrés dans la langue française, le graphème KH se prononce[k] : kolkhoze ; Khmer ; khalifat…
VII– Cas du graphème CK
-Le graphème CK se prononce[k] : pack ; snack ; package …
VIII- Cas du graphème CQ
-Le graphème CQ se prononce[k] : pacquer ; pacquage…
IX– Cas du graphème X
A-Le graphème X est formé de deux phonèmes :
1 – Dans certains mots, il se prononce [ks] : klaxon ; vexer…
2 –Dans d’autres, il se prononce [gz] : exercice ; examen…
B-Le graphème X est formé d’un seul phonème :
-Il se prononce dans ces cas[s] : six ; dix.
-Ou [z] : deuxième ; sixième ; dixième.
-Il lui arrive également de ne pas se prononcer : six passants
X– Cas du graphème C cédille : (ç)
-Le graphème ç se prononce toujours[s]. Il se place devant la voyelle a ; o ; u comme dans : ça ; suçoter ; aperçu…ou devant les voyelles nasales on comme dans maçon, ou an comme dans suçant.
XI –Cas du graphème C comme lettre de l’alphabet.
–C est la troisième lettre de l’alphabet du français : elle s’appelle sé [se] et s’écrit pourtant [k]
Récapitulation : Le jeune apprenant est désemparé devant toutes ces figures qui changent de graphie et de phonie :
-Le même graphème C tantôt se prononce [k] tantôt [s], tantôt il ne se prononce pas du tout.
-Suivi d’une H, le graphème C se prononce tantôt , tantôt [k]. Pour le phonème , la langue française doit disposer d’un graphème propre. Quant au graphème CH qui se prononce [k], cela relève du barbarisme. Si l’on ajoute au graphème C, qui est un [k] en principe, une petite queue sur laquelle on le fait reposer, il se prononce [s], pourtant la langue dispose du graphème S, pourquoi ne pas l’utiliser dans ce cas ?
-Le graphème Q est tantôt seul tantôt suivi d’un U ; parfois il se prononce[k] parfois il est muet. Pourquoi toutes ces difficultés ?
-Comme si le graphème Q ne suffit pas de lui-même à réaliser le son [k], il est appuyé par un C qu’on place devant lui. C’est à peine croyable.
-Comme si tout cela n’était pas assez pour les apprenants de la langue française, il a fallu l’agrémenter d’un autre graphème à forme bizarroïde aussi bien dans ses états minuscule que majuscule. Ce graphème est le K qui se prononce [k] qu’il soit en position seule ou suivi d’une H.
Une dernière barbarie vient s’ajouter aux autres : il s’agit du graphème X qui porte en lui-même, notez bien, l’association de quater phonèmes couplés deux à deux : [ks] et [gz]. Dans le premier cas il y a le son[k] pas dans le second .Le phonème X est parfois frappé de stérilité puisqu’il ne produit aucun son malgré sa présence ; et d’autres fois, seul son deuxième [s] ou [z] est prononcé ; le premiers phonèmes [k] ou [g] disparaît. Pourquoi ? En principe, dans la lettre X (ixe), il doit y avoir le son [ks] ; d’où viennent les sons [gz] et [z] e[s] sans le son [k]et parfois même l’absence de son ?
D’autres difficultés liées à l’orthographe d’usage méritent elles aussi d’être signalées comme les différents graphèmes du phonème[s] ou à l’orthographe grammaticale comme l’accord du participe passé des verbes pronominaux pour ne citer que ces cas car il y en a bien d’autres.
Toutes ces graphies et les différentes façons de les dire sont de nature à dérouter l’apprenant.
On peut comprendre son désarroi et les difficultés qu’il rencontre aussi bien lors de la transcription
que pendant la prononciation.
Je crois que la langue française doit être épurée de ces parasites qui nuisent beaucoup à son évolution. Il est temps que l’Académie Française se penche sur l’orthographe française pour l’alléger et l’assouplir, car une langue, si elle est destinée à l’usage, elle doit être entretenue et non livrée à l’abandon comme c’est le cas pour le français.
4 Comments
je suis désolé pour la voyelle orale CH et les voyelles nasales ON et AN transcrites en API et qui n’ont pas été reproduites dans le tex te pour des raisons que j’ignore. Je demandes aux lecteurs de combler le vide laissé par ce manque et de bien vouloir m’excuser
Un grand merci, professeur Zaid, pour votre article très enrichissant, c’est bien vrai, lorsque j’étais étudiant en France, un ami français me disait toujours que dans la langue française « il y a autant de règles que d’exceptions à cette règle »…je profite au passage pour préciser que « je demandes » ne porte pas de « s », puisque étant un verbe du premier groupe, erreur sans doute de frappe…très heureux de vous avoir lu, très cordialement
Dr. M’chichi
Universiatiare Sidi-Bel-Abbès, Algérie
Ah Docteur! ne me faites pas de reproches pour un malheureux S tombé des mains d’un malheureux écrivaillon comme un malheureux verre serait tombé des mains d’une malheureuse serveuse. Vous ne nous avez pas dit en quoi vous êtes Docteur pour qu’on puisse creuser à fond sinon à deux les problèmes de la langue française. Sans vouloir être indiscret. Merci bien pour la remarque et pour le compliment
Je suis très loin d’être parfait dans la langue française, même si je lui reconnais son utilité dans la communication de la science, des idées et des expériences. J’aurai bien aimé partager avec vous cet intérêt à la langue française, mais hélas ce n’est point ma spécialité. Mon domaine à moi c’est la physique des matériaux, et je travaille déjà en collaboration avec des scientifiques de la faculté de Rabat, avec lesquels j’éprouve toujours un immense plaisir de travailler. Bon courage à vous et bonne continuation
Dr. M’chichi.