Le parlementaire (9)

Une appréhension commençait à la saisir. Comment était-ce possible ? La croyance au surnaturel qui l’habitait déjà par le biais de sa culture ancestrale et troglodyte, resurgit. Elle se souvint en cet instant de ce qu’on lui racontait quand elle était petite et qu’elle gardait en mémoire. D’ailleurs même à cet âge elle entendait ses congénères raconter que les fantômes n’avaient pas d’images. Elles ne parlaient que de ça, là où elles se trouvaient. La sorcellerie, les jins, les fantômes, les amulettes, la magie, l’impuissance sexuelle de leurs étalons… c’étaient là leurs thèmes de prédilection. Son mari, était-il donc devenu un fantôme ? Elle se frotta les yeux pour mieux s’en assurer. Effectivement, son homme n’avait plus d’image. Mais comment cela pouvait-il arriver ? Comment se faisait-il que ce qu’elle avait dit à son mari, à sa sortie de la salle de bain, fût effectivement concrétisé dans la réalité ? Avait-elle un pouvoir magique ? Elle se souvint qu’effectivement que lorsqu’elle racontait à ses congénères au bain maure qu’elle rêvait de quelques saints de la région, on lui dit que cela pouvait être le signe de dons et que les saints l’éprouvaient pour lui en léguer quelques uns des leurs. On lui recommandait même de ne pas le raconter, de taire ces secrets, car tels étaient la volonté et le désir de ceux choisis par Dieu. Enfin sauf pour elles, ses amies, elles avaient le droit de savoir et les saints devaient sûrement acquiescer de là où ils étaient, en signe de compréhension et ne se fâchaient certainement pas pour cela. Etait-ce là un don ? Mais ce n’était pas ce qu’elle voulait dire par cette phrase qu’elle avait prononcée. Elle voulait insinuer que les parlementaires n’avaient pas une bonne réputation aux yeux des gens, vu leur inutilité peut être, leur avidité pour l’argent, leurs mensonges et leurs arnaques. Elle l’avait dit dans un moment de colère et n’y croyait guère. Son homme restait toujours son homme. Elle s’en fichait pas mal, de ce que disaient les gens autour d’elle. D’ailleurs elle ne fréquentait plus les lieux où elle pouvait entendre ce genre de critiques. Même le bain maure qu’elle avait pris l’habitude de fréquenter avec ses amies, leur était réservé, lorsque l’envie leur en disait. C’était vraiment bizarre, ce qu’elle venait de découvrir… Et si c’était là un don, elle n’aurait certainement pas voulu qu’il fût réalisé sur son homme, son cher parlhumanoïde. Une certaine peur s’empara d’elle. Son homme était-il vraiment devenu un fantôme ? Et si l’homme se trouvant devant elle était véritablement un fantôme, son homme, le vrai, où se trouvait-il ? Elle était perturbée et n’arrivait pas à expliquer cette énigme. Son homme comprit son inquiétude et sa peur et essaya de la rassurer… (A suivre)