Le parlementaire (7)

A ce moment, notre pauvre parlhumanoïde se sentit abattu. Il savait qu’il était cuit ! Comment pouvait-il lui prouver que c’était son image qui lui avait joué ce mauvais tour ?.. Il ne dit rien. Il resta debout, la regardant comme pour la supplier de revenir sur sa décision, veillant toujours à l’empêcher de regarder le miroir. A chaque fois qu’elle essayait de jeter un regard vers la glace, il se mettait en travers de son champ visuel. Il paraissait bouleversé et inquiet. Sa manière de se tenir entre elle et la glace, éveilla en elle un doute saugrenu. En effet, il lui semblait que celle qui l’avait embrassé, se tenait bien collée à son dos et que ses mouvements n’étaient qu’un manège pour mieux la dissimuler. Son imagination semblait être fertilisée par la jalousie. Devant cette situation elle sentit une rage de grande colère l’envahir, néanmoins elle se retint. Elle se contenta de le dévisager et surtout, de fixer cette empreinte rouge ocre des deux lèvres qui lui faisaient la moue. Elle avait vraiment l’impression qu’elles la narguaient. Elles lui souriaient. Elles s’étiraient vers l’arrière, puis s’allongeaient vers l’avant, comme pour l’inviter à un échange de baisers. C’est du moins l’impression qu’elle avait. Elle pouvait même distinguer une langue rosâtre sortir et entrer de cette bouche fictive, puis titiller le vide. Une manière d’allumer davantage sa jalousie.

Cela l’exacerbait de plus en plus et l’irritait énormément. Elle bouillonnait au fond d’elle. Le couvercle de la patience allait sauter. Elle n’en pouvait plus. Elle ne pouvait supporter d’être ridiculisée, elle, la dame de fer, femme d’un parlhumanoïde, chez elle, par deux maudites lèvres bien apparentes sur la joue de son homo-parlementeuricus-montecus ! A cette pensée, de ses deux mains aux doigts anguleux et aigres, elle agrippa bien fort son homme et le fit retourner, comme aidée par une force herculéenne, à la fois dans l’intention de surprendre celle qui avait occupé son esprit et qui avait aiguisé sa jalousie, et pour l’obliger à refaire l’expérience devant elle, s’il avait bien l’intention de prouver ses dires et s’acquitter devant l’instance juridique de son envie, ô combien sévère et exigeante. Elle se rassura d’abord que personne ne se trouvait blottie derrière ses larges épaules qu’elle tapotait par les paumes de ses mains toujours à l’affût, prêtes à mener le combat contre quiconque oserait se rapprocher de son parlhumanoïde. Le voilà en ce moment bien remis face à la glace. Il ne pouvait plus éviter cette épreuve. L’épreuve du miroir qui devait l’innocenter ou au contraire le culpabiliser et semer le désordre dans sa vie personnelle. L’heure de la vérité avait sonné… (A suivre)