La note ministérielle 98 relative à l’organisation des consultations des familles au sujet du passage à la deuxième année du Baccalauréat est une reconnaissance explicite de l’échec de la politique du régime actuel du bac à deux vitesses. Il faut être dupe pour ne pas constater, et avec beaucoup d’amertume, hélas !que depuis l’instauration de ce régime, la qualité de l’enseignement a périclité au profit d’une course effrénée qu’engagent les enseignants, avec plus ou moins de bonheur, pour venir à bout d’un programme lourd par son contenu plus large que profond, plus quantitatif que qualitatif ; que les élèves subissent les aléas d’un régime scolaire qui ne leur convient pas car non taillé à leur mesure. Afin de garder la tête hors de l’eau, beaucoup d’entre eux recourent aux ‘’heures supplémentaires ‘’qui font le bonheur de certains .La note 98 veut, à bon entendeur salut, associer les parents à l’échec scolaire de leurs enfants. Voilà donc que nos responsables pensent à l’implication des parents et à travers eux du citoyen à l’action pédagogique … de l’échec .On ne peut voir chose pareille que chez-nous où on ne sait faire les choses que de travers : un élève travaille toute l’année au contrôle continu pour passer en classe supérieure et quand il atteint son objectif, on demande à sa famille, si elle le souhaite bien entendu, de faire appel. La note ministérielle donne donc aux parents le droit de faire redoubler leurs enfants. Voilà donc une mesure qui ne peut germer que dans des esprits étroits ou mal voyants. Au lieu d’œuvrer pour une pédagogie de la réussite aménagée et réaménagée en fonction des résultats obtenus,sachant que les choses s’évaluent par leur fin et que la qualité de l’enseignement se mesure par le taux de réussite des élèves ; au lieu de revoir la politique suivie en matière d’enseignement et de corriger le tir en cas d’échec ou d’aller de l’avant en cas de succès ; au lieu de dresser un bilan en fin de chaque fin d’année scolaire,qui prenne en considération les résultats des examens présents et passés ,et ce, depuis la dite réforme de l’enseignement, les responsables qui ont entre les mains l’intérêt de la nation,l’avenir des jeunes appelés à prendre la relève, la qualité de l’enseignement, persistent à se cantonner sur leur position et à ne voir les choses que par le mauvais oeil. Par cette note, ils cherchent à engager les parents dans le but de leur faire partager l’échec de leurs enfants en leur proposant un pseudo partenariat. Les consultations dont parle la note 98 se résument de la manière suivante.
-Il faut que l’élève passe en classe de terminale
-Il faut qu’il obtienne une note inférieure à 8/20 à l’examen régional
-Il faut que ses parents ou tuteurs remplissent l’imprimé établi à cet effet
-Il ne faut pas que l’élève ait déjà redoublé en première année du baccalauréat ni qu’il ait épuisé le nombre d’années autorisé au redoublement au cycle qualifiant.
Quels sont les risques d’une telle entreprise ? Que se passera-t-il dans le cas d’un second échec ? A n’en pas douter l’élève se retrouvera à la rue.
Qu’adviendra-t-il de l’élève qui échoue au contrôle continu mais qui obtient une bonne ou assez bonne moyenne à l’examen régional ? La note ministérielle n’en parle pas. Il doit refaire sa classe et perdre la note de l’examen régional. Il est donc doublement sanctionné.
-Les demandes de recours sont traitées par une commission et les verdicts rendus en fonction de la carte scolaire et de la structure pédagogique de l’établissement.
Qui profitera des ’’avantages ‘’de cette note ?
Côté élèves :quels élèves seront repêchés ?ceux qui sont proches de 8/20 ou ceux qui en sont loin ?Cela prête à rire parce que dans une situation normale,sont récupérés les candidats proches de la moyenne pour leur faire éviter l’échec :c’est donc une gratification,une récompense que l’on accorde à un élève qui était proche du succès ;mais dans une situation comme celle-ci,où les candidats ,de leur propre gré,demandent à refaire leur classe de première année du baccalauréat,en principe,on doit ‘’repêcher’’ ceux dont la moyenne est loin de 8/20,c’est-à-dire que la dite commission doit traiter les dossiers à commencer par le bas du tableau . Dans le premier cas, en profitent ceux qui sont proches de 10/20, dans le second, ceux qui sont proches de 00/20.Cela nous paraît plus logique et plus équitable de procéder ainsi quoique la première solution soit la plus proche du bon sens.
Côté parents : quels catégories de parents sont conscients de l’utilité de faire redoubler leurs enfants au lieu de les laisser aller en terminale avec une note inférieure à 8/20 ? A mon sens, seuls les parents qui ont un certain statut social, un certain degré de culture sont conscients de la gravité de la chose, et ils sont peu nombreux. Et les autres ? La note ministérielle a-t-elle pensé aux parents qui ignorent tout des subtilités du régime du baccalauréat à deux vitesses ? Pour eux leurs enfants passent en classe supérieure et ils n’en sont que très satisfaits. Ils ont d’ailleurs raison. Allez leur dire qu’une certaine note venue d’en haut leur donne la ‘’chance’’ de faire redoubler leurs enfants et vous allez entendre ce qu’ils vous répondront. Je pense que dans un univers où les choses sont gouvernées par le bon sens, la première catégorie des parents est dans le tort et la seconde dans la raison.
Pour finir, il convient toutefois de signaler que le titre de la note 98 est trompeur ; il ne s’agit nullement de consulter les familles au sujet du PASSAGE à la deuxième année, comme on peut le comprendre, mais du REDOUBLEMENT en première année. Elle ne demande pas aux parents, s’ils le désirent, de faire passer en classe de terminale leurs enfants qui redoublent leur première année .Elle leur demande de faire redoubler leurs enfants qui passent en classe de terminale. C’est pourquoi l’on n’aurait pas à rougir de honte de parler d’une pédagogie de l’échec.
En conclusion, le constat est négatif : que faut-il faire alors? Repenser l’enseignement ? Alléger les programmes en les adaptant au niveau et aux besoins des élèves et en tenant compte des spécificités de chaque filière ? Revoir le mode d’évaluation, de passation et d’attribution du baccalauréat ? Revenir au régime du baccalauréat à deux sessions ? Il n’est jamais trop tard pour prendre des mesures qui vont dans le sens d’une politique du succès et de la réussite à l’école.